Author: | jean jacques ampere | ISBN: | 1230002247199 |
Publisher: | pp | Publication: | April 1, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | jean jacques ampere |
ISBN: | 1230002247199 |
Publisher: | pp |
Publication: | April 1, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Ce moment est grave pour l’Italie, les paroles prononcées à Turin, à Londres et à Paris ne sont pas tombées à terre sans retentir dans le grand vide de l’existence politique des Italiens, et le vide est sonore. La diplomatie, qui a jeté le brandon, paraît vouloir l’éteindre ; mais on ne peut ressaisir le trait qu’on a lancé. Un proverbe arabe dit : « Le mot que je n’ai pas articulé est mon esclave, celui que j’ai prononcé est mon maître. » En de telles circonstances, il n’est pas inutile d’entretenir les Italiens de leur histoire. Le passé n’est point le présent sans doute, mais il y a toujours du passé dans le présent, et l’Italie est encore, à beaucoup d’égards, plus qu’elle ne le croit peut-être elle-même, ce qu’elle a été ; il est important qu’elle le sache, pour éviter dans l’avenir les malheurs qui remplissent ses annales. L’Italie a eu deux grands malheurs, elle a été divisée et envahie. Un double danger la menacera toujours, le morcellement à l’intérieur, et au dehors l’influence de l’étranger, qui amène sa domination. C’est contre ce double péril qu’elle doit être mise en garde par son histoire. Elle peut y lire aussi à chaque page un autre avertissement, et celui-ci est donné par les annales de tous les peuples qui ont cessé d’êtres libres : c’est que la démocratie, si elle ne sait se contenir et se gouverner, prépare le chemin à la tyrannie. De là résulte pour l’Italie la nécessité de se contempler dans son passé. Les publications historiques ont donc pour elle aujourd’hui un autre intérêt que celui de la curiosité, une autre importance que celle de l’érudition. De là peut-être aussi une certaine opportunité à rendre compte d’une entreprise laborieusement poursuivie, d’un recueil qui contient, sous la forme de chroniques et de documens, plus d’un conseil salutaire et plus d’une utile leçon. Parmi les publications historiques que l’Italie a vu naître depuis quelques années[1], il n’y en a point de plus importantes que les Archives historiques italiennes, publiées à Florence par M. Vieusseux. M. Vieusseux a deux fois été le centre d’une entreprise littéraire qu’animait le patriotisme. La première fut l’Antologia italiana, qui, adoptée par l’opinion, a inquiété le pouvoir, et dont le succès a amené la suppression. Se réfugiant dans le passé, qu’il n’est donné à personne de supprimer, M. Vieusseux et les hommes distingués dont son activité était le lien entreprirent les Archives historiques italiennes, qu’ils ont conduites jusqu’au-delà du quarantième volume. Ce zèle soutenu et désintéressé ne surprendra personne, car on connaît les sentimens généreux et l’énergie persévérante de M. Vieusseux, l’un des meilleurs citoyens que l’Italie renferme aujourd’hui dans son sein.
Ce moment est grave pour l’Italie, les paroles prononcées à Turin, à Londres et à Paris ne sont pas tombées à terre sans retentir dans le grand vide de l’existence politique des Italiens, et le vide est sonore. La diplomatie, qui a jeté le brandon, paraît vouloir l’éteindre ; mais on ne peut ressaisir le trait qu’on a lancé. Un proverbe arabe dit : « Le mot que je n’ai pas articulé est mon esclave, celui que j’ai prononcé est mon maître. » En de telles circonstances, il n’est pas inutile d’entretenir les Italiens de leur histoire. Le passé n’est point le présent sans doute, mais il y a toujours du passé dans le présent, et l’Italie est encore, à beaucoup d’égards, plus qu’elle ne le croit peut-être elle-même, ce qu’elle a été ; il est important qu’elle le sache, pour éviter dans l’avenir les malheurs qui remplissent ses annales. L’Italie a eu deux grands malheurs, elle a été divisée et envahie. Un double danger la menacera toujours, le morcellement à l’intérieur, et au dehors l’influence de l’étranger, qui amène sa domination. C’est contre ce double péril qu’elle doit être mise en garde par son histoire. Elle peut y lire aussi à chaque page un autre avertissement, et celui-ci est donné par les annales de tous les peuples qui ont cessé d’êtres libres : c’est que la démocratie, si elle ne sait se contenir et se gouverner, prépare le chemin à la tyrannie. De là résulte pour l’Italie la nécessité de se contempler dans son passé. Les publications historiques ont donc pour elle aujourd’hui un autre intérêt que celui de la curiosité, une autre importance que celle de l’érudition. De là peut-être aussi une certaine opportunité à rendre compte d’une entreprise laborieusement poursuivie, d’un recueil qui contient, sous la forme de chroniques et de documens, plus d’un conseil salutaire et plus d’une utile leçon. Parmi les publications historiques que l’Italie a vu naître depuis quelques années[1], il n’y en a point de plus importantes que les Archives historiques italiennes, publiées à Florence par M. Vieusseux. M. Vieusseux a deux fois été le centre d’une entreprise littéraire qu’animait le patriotisme. La première fut l’Antologia italiana, qui, adoptée par l’opinion, a inquiété le pouvoir, et dont le succès a amené la suppression. Se réfugiant dans le passé, qu’il n’est donné à personne de supprimer, M. Vieusseux et les hommes distingués dont son activité était le lien entreprirent les Archives historiques italiennes, qu’ils ont conduites jusqu’au-delà du quarantième volume. Ce zèle soutenu et désintéressé ne surprendra personne, car on connaît les sentimens généreux et l’énergie persévérante de M. Vieusseux, l’un des meilleurs citoyens que l’Italie renferme aujourd’hui dans son sein.