L'ECOLE DES ROBINSONS ANNOTE

Science Fiction & Fantasy, Fantasy
Cover of the book L'ECOLE DES ROBINSONS ANNOTE by JULES VERNE, GILBERT TEROL, GILBERT TEROL
View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart
Author: JULES VERNE, GILBERT TEROL ISBN: 1230000212378
Publisher: GILBERT TEROL Publication: January 23, 2014
Imprint: Language: French
Author: JULES VERNE, GILBERT TEROL
ISBN: 1230000212378
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: January 23, 2014
Imprint:
Language: French

OÙ LE LECTEUR TROUVERA, S’IL LE VEUT, L’OCCASION D’ACHETER UNE ILE DE L’OCÉAN PACIFIQUE.

 

«  Ile à vendre, au comptant, frais en sus, au plus offrant et dernier enchérisseur  !  » redisait coup sur coup, sans reprendre haleine, Dean Felporg, commissaire-priseur de l’ «  auction  », où se débattaient les conditions de cette vente singulière. «  Ile à vendre  ! île à vendre  !  » répétait d’une voix plus éclatante encore le crieur Gingrass, qui allait et venait au milieu d’une foule véritablement très excitée.

Foule, en effet, qui se pressait dans la vaste salle de l’hôtel des ventes, au numéro 10 de la rue Sacramento. Il y avait là, non seulement un certain nombre d’Américains des États de Californie, de l’Orégon, de l’Utah, mais aussi quelques-uns de ces Français qui forment un bon sixième de la population, des Mexicains enveloppés de leur sarape, des Chinois avec leur tunique à larges manches, leurs souliers pointus, leur bonnet en cône, des Canaques de l’Océanie, même quelques Pieds-Noirs, Gros-Ventres ou Têtes-Plates, accourus des bords de la rivière Trinité.

Hâtons-nous d’ajouter que la scène se passait dans la capitale de l’État californien, à San-Francisco, mais non à cette époque où l’exploitation des nouveaux placers attirait les chercheurs d’or des deux mondes, — de 1819 à 1832. San-Francisco n’était plus ce qu’elle avait été au début, un caravansérail, un débarcadère, une auberge, où couchaient pour une nuit les affairés qui se hâtaient vers les terrains aurifères du versant occidental de la Sierra-Nevada. Non, depuis quelque vingt ans, l’ancienne et inconnue Yerba-Buena avait fait place à une ville unique en son genre, riche de cent mille habitants, bâtie au revers de deux collines, la place lui ayant manqué sur la plage du littoral, mais toute disposée à s’étendre jusqu’aux dernières hauteurs de l’arrière-plan, — une cité, enfin, qui a détrôné Lima, Santiago, Valparaiso, toutes ses autres rivales de l’ouest, dont les Américains ont fait la reine du Pacifique, la «  gloire de la côte occidentale  !  »

Ce jour-là, — 15 mai, — il faisait encore froid. En ce pays, soumis directement à l’action des courants polaires, les premières semaines de ce mois rappellent plutôt les dernières semaines de mars dans l’Europe moyenne. Pourtant on ne s’en serait pas aperçu, au fond de cette salle d’encans publics. La cloche, avec son branle incessant, y avait appelé un grand concours de populaire, et une température estivale faisait perler au front de chacun des gouttes de sueur que le froid du dehors eût vite solidifiées.

Ne pensez pas que tous ces empressés fussent venus à la salle des «  auctions  » dans l’intention d’acquérir. Je dirai même qu’il n’y avait là que des curieux. Qui aurait été assez fou, s’il eût été assez riche, pour acheter une île du Pacifique, que le gouvernement avait la bizarre idée de mettre en vente  ? On se disait donc que la mise à prix ne serait pas couverte, qu’aucun amateur ne se laisserait entraîner au feu des enchères. Cependant ce n’était pas la faute au crieur public, qui tentait d’allumer les chalands par ses exclamations, ses gestes et le débit de ses boniments enguirlandés des plus séduisantes métaphores.

On riait, mais on ne poussait pas.

«  Une île  ! une île à vendre  ! répéta Gingrass.

— Mais pas à acheter, répondit un Irlandais, dont la poche n’eût pas fourni de quoi en payer un seul galet.

— Une île qui, sur la mise à prix, ne reviendrait pas à six dollars l’acre  ! cria le commissaire Dean Felporg.

— Et qui ne rapporterait pas un demi-quart pour cent  ! riposta un gros fermier, très connaisseur en fait d’exploitations agricoles.

— Une île qui ne mesure pas moins de soixante-quatre milles [1] de tour et deux cent vingt-cinq mille acres [2] de surface  !

— Est-elle au moins solide sur son fond  ? demanda un Mexicain, vieil habitué des bars, et dont la solidité personnelle semblait être fort contestable en ce moment.

— Une île avec forêts encore vierges, répéta le crieur, avec prairies, collines, cours d’eau…

— Garantis  ? s’écria un Français, qui paraissait peu disposé à se laisser prendre à l’amorce.

— Oui  ! garantis  ! répondait le commissaire Felporg, trop vieux dans le métier pour s’émouvoir des plaisanteries du public.

— Deux ans  ?

— Jusqu’à la fin du monde.

— Et même au delà  !

— Une île en toute propriété  ! reprit le crieur. Une île sans un seul animal malfaisant, ni fauves, ni reptiles  !…

View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart

OÙ LE LECTEUR TROUVERA, S’IL LE VEUT, L’OCCASION D’ACHETER UNE ILE DE L’OCÉAN PACIFIQUE.

 

«  Ile à vendre, au comptant, frais en sus, au plus offrant et dernier enchérisseur  !  » redisait coup sur coup, sans reprendre haleine, Dean Felporg, commissaire-priseur de l’ «  auction  », où se débattaient les conditions de cette vente singulière. «  Ile à vendre  ! île à vendre  !  » répétait d’une voix plus éclatante encore le crieur Gingrass, qui allait et venait au milieu d’une foule véritablement très excitée.

Foule, en effet, qui se pressait dans la vaste salle de l’hôtel des ventes, au numéro 10 de la rue Sacramento. Il y avait là, non seulement un certain nombre d’Américains des États de Californie, de l’Orégon, de l’Utah, mais aussi quelques-uns de ces Français qui forment un bon sixième de la population, des Mexicains enveloppés de leur sarape, des Chinois avec leur tunique à larges manches, leurs souliers pointus, leur bonnet en cône, des Canaques de l’Océanie, même quelques Pieds-Noirs, Gros-Ventres ou Têtes-Plates, accourus des bords de la rivière Trinité.

Hâtons-nous d’ajouter que la scène se passait dans la capitale de l’État californien, à San-Francisco, mais non à cette époque où l’exploitation des nouveaux placers attirait les chercheurs d’or des deux mondes, — de 1819 à 1832. San-Francisco n’était plus ce qu’elle avait été au début, un caravansérail, un débarcadère, une auberge, où couchaient pour une nuit les affairés qui se hâtaient vers les terrains aurifères du versant occidental de la Sierra-Nevada. Non, depuis quelque vingt ans, l’ancienne et inconnue Yerba-Buena avait fait place à une ville unique en son genre, riche de cent mille habitants, bâtie au revers de deux collines, la place lui ayant manqué sur la plage du littoral, mais toute disposée à s’étendre jusqu’aux dernières hauteurs de l’arrière-plan, — une cité, enfin, qui a détrôné Lima, Santiago, Valparaiso, toutes ses autres rivales de l’ouest, dont les Américains ont fait la reine du Pacifique, la «  gloire de la côte occidentale  !  »

Ce jour-là, — 15 mai, — il faisait encore froid. En ce pays, soumis directement à l’action des courants polaires, les premières semaines de ce mois rappellent plutôt les dernières semaines de mars dans l’Europe moyenne. Pourtant on ne s’en serait pas aperçu, au fond de cette salle d’encans publics. La cloche, avec son branle incessant, y avait appelé un grand concours de populaire, et une température estivale faisait perler au front de chacun des gouttes de sueur que le froid du dehors eût vite solidifiées.

Ne pensez pas que tous ces empressés fussent venus à la salle des «  auctions  » dans l’intention d’acquérir. Je dirai même qu’il n’y avait là que des curieux. Qui aurait été assez fou, s’il eût été assez riche, pour acheter une île du Pacifique, que le gouvernement avait la bizarre idée de mettre en vente  ? On se disait donc que la mise à prix ne serait pas couverte, qu’aucun amateur ne se laisserait entraîner au feu des enchères. Cependant ce n’était pas la faute au crieur public, qui tentait d’allumer les chalands par ses exclamations, ses gestes et le débit de ses boniments enguirlandés des plus séduisantes métaphores.

On riait, mais on ne poussait pas.

«  Une île  ! une île à vendre  ! répéta Gingrass.

— Mais pas à acheter, répondit un Irlandais, dont la poche n’eût pas fourni de quoi en payer un seul galet.

— Une île qui, sur la mise à prix, ne reviendrait pas à six dollars l’acre  ! cria le commissaire Dean Felporg.

— Et qui ne rapporterait pas un demi-quart pour cent  ! riposta un gros fermier, très connaisseur en fait d’exploitations agricoles.

— Une île qui ne mesure pas moins de soixante-quatre milles [1] de tour et deux cent vingt-cinq mille acres [2] de surface  !

— Est-elle au moins solide sur son fond  ? demanda un Mexicain, vieil habitué des bars, et dont la solidité personnelle semblait être fort contestable en ce moment.

— Une île avec forêts encore vierges, répéta le crieur, avec prairies, collines, cours d’eau…

— Garantis  ? s’écria un Français, qui paraissait peu disposé à se laisser prendre à l’amorce.

— Oui  ! garantis  ! répondait le commissaire Felporg, trop vieux dans le métier pour s’émouvoir des plaisanteries du public.

— Deux ans  ?

— Jusqu’à la fin du monde.

— Et même au delà  !

— Une île en toute propriété  ! reprit le crieur. Une île sans un seul animal malfaisant, ni fauves, ni reptiles  !…

More books from GILBERT TEROL

Cover of the book Frankenstein by JULES VERNE, GILBERT TEROL
Cover of the book Mes Souvenirs sur Napoléon by JULES VERNE, GILBERT TEROL
Cover of the book L'Abolition du travail Travailler ? Moi jamais ! Annoter by JULES VERNE, GILBERT TEROL
Cover of the book La Chambre bleue 1871 by JULES VERNE, GILBERT TEROL
Cover of the book La Cousine Bette by JULES VERNE, GILBERT TEROL
Cover of the book Le Superbe Orénoque by JULES VERNE, GILBERT TEROL
Cover of the book CONTRE VERRES by JULES VERNE, GILBERT TEROL
Cover of the book À l’œuvre et à l’épreuve by JULES VERNE, GILBERT TEROL
Cover of the book Heur et Malheur des Français by JULES VERNE, GILBERT TEROL
Cover of the book JOCASTE by JULES VERNE, GILBERT TEROL
Cover of the book Jésus-Christ en Flandre by JULES VERNE, GILBERT TEROL
Cover of the book Adieu by JULES VERNE, GILBERT TEROL
Cover of the book Paula Monti by JULES VERNE, GILBERT TEROL
Cover of the book La Marquise de Gange by JULES VERNE, GILBERT TEROL
Cover of the book Le Capitaine Fracasse by JULES VERNE, GILBERT TEROL
We use our own "cookies" and third party cookies to improve services and to see statistical information. By using this website, you agree to our Privacy Policy