Author: | Alfred De Musset | ISBN: | 1230000229401 |
Publisher: | Alfred De Musset | Publication: | March 30, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Alfred De Musset |
ISBN: | 1230000229401 |
Publisher: | Alfred De Musset |
Publication: | March 30, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
EXTRAIT:
La scène est à Paris.
Un petit salon.
LE COMTE, LA MARQUISE.
La marquise, assise sur un canapé, près de la cheminée, fait de la
tapisserie. Le comte entre et salue.
LE COMTE.
Je ne sais pas quand je me guérirai de ma maladresse, mais je suis
d'une cruelle étourderie. Il m'est impossible de prendre sur moi de me
rappeler votre jour, et toutes les fois que j'ai envie de vous voir,
cela ne manque jamais d'être un mardi.
LA MARQUISE.
Est-ce que vous avez quelque chose à me dire?
LE COMTE.
Non; mais, en le supposant, je ne le pourrais pas, car c'est un hasard
que vous soyez seule, et vous allez avoir, d'ici à un quart d'heure,
une cohue d'amis intimes qui me fera sauver, je vous en avertis.
LA MARQUISE.
Il est vrai que c'est aujourd'hui mon jour, et je ne sais trop
pourquoi j'en ai un. C'est une mode qui a pourtant sa raison. Nos
mères laissaient leur porte ouverte; la bonne compagnie n'était pas
nombreuse, et se bornait, pour chaque cercle, à une fournée d'ennuyeux
qu'on avalait à la rigueur. Maintenant, dès qu'on reçoit, on reçoit
tout Paris; et tout Paris, au temps où nous sommes, c'est bien
réellement Paris tout entier, ville et faubourgs. Quand on est chez
soi, on est dans la rue. Il fallait bien trouver un remède; de là
vient que chacun a son jour. C'est le seul moyen de se voir le moins
possible, et quand on dit: Je suis chez moi le mardi, il est clair que
c'est comme si on disait: Le reste du temps, laissez-moi tranquille.
LE COMTE.
Je n'en ai que plus de tort de venir aujourd'hui, puisque vous me
permettez de vous voir dans la semaine.
EXTRAIT:
La scène est à Paris.
Un petit salon.
LE COMTE, LA MARQUISE.
La marquise, assise sur un canapé, près de la cheminée, fait de la
tapisserie. Le comte entre et salue.
LE COMTE.
Je ne sais pas quand je me guérirai de ma maladresse, mais je suis
d'une cruelle étourderie. Il m'est impossible de prendre sur moi de me
rappeler votre jour, et toutes les fois que j'ai envie de vous voir,
cela ne manque jamais d'être un mardi.
LA MARQUISE.
Est-ce que vous avez quelque chose à me dire?
LE COMTE.
Non; mais, en le supposant, je ne le pourrais pas, car c'est un hasard
que vous soyez seule, et vous allez avoir, d'ici à un quart d'heure,
une cohue d'amis intimes qui me fera sauver, je vous en avertis.
LA MARQUISE.
Il est vrai que c'est aujourd'hui mon jour, et je ne sais trop
pourquoi j'en ai un. C'est une mode qui a pourtant sa raison. Nos
mères laissaient leur porte ouverte; la bonne compagnie n'était pas
nombreuse, et se bornait, pour chaque cercle, à une fournée d'ennuyeux
qu'on avalait à la rigueur. Maintenant, dès qu'on reçoit, on reçoit
tout Paris; et tout Paris, au temps où nous sommes, c'est bien
réellement Paris tout entier, ville et faubourgs. Quand on est chez
soi, on est dans la rue. Il fallait bien trouver un remède; de là
vient que chacun a son jour. C'est le seul moyen de se voir le moins
possible, et quand on dit: Je suis chez moi le mardi, il est clair que
c'est comme si on disait: Le reste du temps, laissez-moi tranquille.
LE COMTE.
Je n'en ai que plus de tort de venir aujourd'hui, puisque vous me
permettez de vous voir dans la semaine.