Author: | Édouard Lefebvre de Laboulaye | ISBN: | 1230000254353 |
Publisher: | PRB | Publication: | July 22, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Édouard Lefebvre de Laboulaye |
ISBN: | 1230000254353 |
Publisher: | PRB |
Publication: | July 22, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
Histoire politique des États-Unis - Édouard Lefebvre de Laboulaye
Depuis les premiers essais de colonisation jusqu’à l'adoption de la constitution fédérale, de 1620 à 1789.
Ce livre comprend l'édition complète (les 3 Volumes) :
Volume I - Histoire des Colonies
Volume II - Histoire de la Révolution
Volume III - Histoire de la Constitution
Il comporte une table des matières dynamique. Il est parfaitement mis en page pour une lecture sur liseuse électronique.
Édouard Lefebvre de Laboulaye (1811 - 1883) est un juriste et un homme politique français. Il fut député, puis sénateur inamovible de la Troisième République. C'est lui qui insuffla l'idée d'offrir une statue représentant la « Liberté » aux États-Unis.
Observateur attentif de la vie politique des États-Unis, et admirateur de la constitution de ce pays, il contribua à faire connaître et aimer ces institutions, soit par ses cours extrêmement suivis, soit par ses ouvrages, soit, enfin, en faisant partie de comités d'organisation démocratique.
Extrait de l'Histoire des Colonies (Volume 1) :
De la constitution américaine, et de l’utilité de son étude
Messieurs,
Le sujet de nos études sera pour cette année l’histoire de la constitution des États-Unis. Mais sous ce nom de constitution, ce que nous apprendrons à connaître, ce n’est pas seulement la grande charte de 1789, qui a fondé la puissance de la confédération, et qui, aujourd’hui encore, en est la base la plus ferme, c’est aussi l’organisation intérieure des États particuliers de l’Union ; car cette organisation, dans ses formes et dans son esprit, se rapproche chaque jour davantage de l’établissement fédéral, le complète, l’explique, et, de son côté, pour être bien jugée, demande à n’être point séparée de son modèle. Ainsi, ce que nous étudierons, c’est ce grand ensemble d’institutions politiques, sous l’empire desquelles s’est développé, au delà de l’Océan, un
État qui, du temps de nos pères, ne pesait point dans la balance politique, et qui, s’il reste fidèle à la pensée de ses fondateurs, si les passions humaines ne le perdent en le divisant, s’élèvera, avant la fin du siècle, à un tel degré de force et de grandeur, qu’il n’est aucune monarchie d’Europe qui puisse alors tenir tête à la toute-puissante république.
Extrait de l'Histoire de la Révolution (Volume 2) :
Des causes de la révolution.
C’est de l’année 1776, du 4 juillet, jour de la déclaration d’Indépendance, qu’on date la Révolution américaine. C’est ce jour-là, en effet, que les Colonies rompirent l’allégeance, et se mirent en guerre avec la métropole.
Mais un peuple ne se jette pas tout à coup dans de pareilles extrémités ; toute révolution a une origine que l’histoire étudie, quand elle veut comprendre la catastrophe. La Révolution anglaise de 1688 était une énigme monstrueuse pour Bossuet, qui ne voyait dans le protestantisme qu’une aberration de l’esprit humain ; la Révolution française est un mystère inexplicable pour qui ne connaît pas le mouvement de l’opinion sous le règne de Louis XV ; la guerre civile qui déchire les États-Unis ne date pas de la
présidence de M. Lincoln. Il y a trente ans que le nuage grossit, et que tout homme de sens le signale à l’horizon. Channing, Parker et bien d’autres ont annoncé à l’Amérique que l’esclavage était un cancer qui la rongerait ; on ne les a pas écoutés. Les hommes d’État, les politiques, sont la plupart du temps des gens à courte vue, qui ne songent qu’à l’heure présente ; ils cherchent de petits moyens, de vains palliatifs pour guérir des plaies profondes ; ils flattent les passions, transigent avec les intérêts les moins respectables, s’acquièrent ainsi un grand renom de sagesse, quand ils ont le bonheur de mourir avant l’explosion, et laissent à leurs successeurs tous les dangers et toutes les misères d’une révolution.
Extrait de l'Histoire de la Constitution (Volume 3) :
Messieurs,
Nos études de cette année seront la continuation de celles de l’année précédente ; c’est de la constitution des États-Unis d’Amérique que nous nous occuperons.
Aujourd’hui j’ai choisi une question générale, qui vous fera comprendre l’objet et l’esprit de mon cours, l’idée qui est au fond de mon enseignement.
Cette question est celle-ci : Qu’est-ce qu’une constitution ? ou, pour préciser davantage : Qu’a-t-on entendu jusqu’à ce jour en France par une constitution ? C’est là une question singulière. Il semble, au premier abord, que tout le monde soit d’accord à ce sujet, que chacun sache parfaitement ce que c’est qu’une constitution. Deux savants du dernier siècle causaient ensemble. « Il n’y a, disait l’un deux, qu’un seul grand tragique en France. — Je suis de votre avis, disait l’autre. — Un seul qui soit le rival du grand Eschyle, qui puisse être mis en parallèle avec Sophocle et Euripide. — Assurément. — C’est le vieux Corneille, reprit le premier. — Point du tout, fit le second, vous n’y êtes pas : c’est Voltaire. »
Il en est de même en fait de constitution. Tant qu’on ne parle que du mot, tout le monde est d’accord ; mais, quand on en arrive à la chose, on ne s’entend plus. Ce qui, en France, a toujours fait échouer la liberté, c’est qu’on a toujours demandé aux nombreuses constitutions dont nous avons essayé ce qu’elles ne pouvaient pas nous donner.
Qu’est-ce donc qu’une constitution ? Prenons-en une qui nous serve de modèle ; comparons l’idée qu’on se fait en France à cet égard avec celle qu’on en a en d’autres pays...
Histoire politique des États-Unis - Édouard Lefebvre de Laboulaye
Depuis les premiers essais de colonisation jusqu’à l'adoption de la constitution fédérale, de 1620 à 1789.
Ce livre comprend l'édition complète (les 3 Volumes) :
Volume I - Histoire des Colonies
Volume II - Histoire de la Révolution
Volume III - Histoire de la Constitution
Il comporte une table des matières dynamique. Il est parfaitement mis en page pour une lecture sur liseuse électronique.
Édouard Lefebvre de Laboulaye (1811 - 1883) est un juriste et un homme politique français. Il fut député, puis sénateur inamovible de la Troisième République. C'est lui qui insuffla l'idée d'offrir une statue représentant la « Liberté » aux États-Unis.
Observateur attentif de la vie politique des États-Unis, et admirateur de la constitution de ce pays, il contribua à faire connaître et aimer ces institutions, soit par ses cours extrêmement suivis, soit par ses ouvrages, soit, enfin, en faisant partie de comités d'organisation démocratique.
Extrait de l'Histoire des Colonies (Volume 1) :
De la constitution américaine, et de l’utilité de son étude
Messieurs,
Le sujet de nos études sera pour cette année l’histoire de la constitution des États-Unis. Mais sous ce nom de constitution, ce que nous apprendrons à connaître, ce n’est pas seulement la grande charte de 1789, qui a fondé la puissance de la confédération, et qui, aujourd’hui encore, en est la base la plus ferme, c’est aussi l’organisation intérieure des États particuliers de l’Union ; car cette organisation, dans ses formes et dans son esprit, se rapproche chaque jour davantage de l’établissement fédéral, le complète, l’explique, et, de son côté, pour être bien jugée, demande à n’être point séparée de son modèle. Ainsi, ce que nous étudierons, c’est ce grand ensemble d’institutions politiques, sous l’empire desquelles s’est développé, au delà de l’Océan, un
État qui, du temps de nos pères, ne pesait point dans la balance politique, et qui, s’il reste fidèle à la pensée de ses fondateurs, si les passions humaines ne le perdent en le divisant, s’élèvera, avant la fin du siècle, à un tel degré de force et de grandeur, qu’il n’est aucune monarchie d’Europe qui puisse alors tenir tête à la toute-puissante république.
Extrait de l'Histoire de la Révolution (Volume 2) :
Des causes de la révolution.
C’est de l’année 1776, du 4 juillet, jour de la déclaration d’Indépendance, qu’on date la Révolution américaine. C’est ce jour-là, en effet, que les Colonies rompirent l’allégeance, et se mirent en guerre avec la métropole.
Mais un peuple ne se jette pas tout à coup dans de pareilles extrémités ; toute révolution a une origine que l’histoire étudie, quand elle veut comprendre la catastrophe. La Révolution anglaise de 1688 était une énigme monstrueuse pour Bossuet, qui ne voyait dans le protestantisme qu’une aberration de l’esprit humain ; la Révolution française est un mystère inexplicable pour qui ne connaît pas le mouvement de l’opinion sous le règne de Louis XV ; la guerre civile qui déchire les États-Unis ne date pas de la
présidence de M. Lincoln. Il y a trente ans que le nuage grossit, et que tout homme de sens le signale à l’horizon. Channing, Parker et bien d’autres ont annoncé à l’Amérique que l’esclavage était un cancer qui la rongerait ; on ne les a pas écoutés. Les hommes d’État, les politiques, sont la plupart du temps des gens à courte vue, qui ne songent qu’à l’heure présente ; ils cherchent de petits moyens, de vains palliatifs pour guérir des plaies profondes ; ils flattent les passions, transigent avec les intérêts les moins respectables, s’acquièrent ainsi un grand renom de sagesse, quand ils ont le bonheur de mourir avant l’explosion, et laissent à leurs successeurs tous les dangers et toutes les misères d’une révolution.
Extrait de l'Histoire de la Constitution (Volume 3) :
Messieurs,
Nos études de cette année seront la continuation de celles de l’année précédente ; c’est de la constitution des États-Unis d’Amérique que nous nous occuperons.
Aujourd’hui j’ai choisi une question générale, qui vous fera comprendre l’objet et l’esprit de mon cours, l’idée qui est au fond de mon enseignement.
Cette question est celle-ci : Qu’est-ce qu’une constitution ? ou, pour préciser davantage : Qu’a-t-on entendu jusqu’à ce jour en France par une constitution ? C’est là une question singulière. Il semble, au premier abord, que tout le monde soit d’accord à ce sujet, que chacun sache parfaitement ce que c’est qu’une constitution. Deux savants du dernier siècle causaient ensemble. « Il n’y a, disait l’un deux, qu’un seul grand tragique en France. — Je suis de votre avis, disait l’autre. — Un seul qui soit le rival du grand Eschyle, qui puisse être mis en parallèle avec Sophocle et Euripide. — Assurément. — C’est le vieux Corneille, reprit le premier. — Point du tout, fit le second, vous n’y êtes pas : c’est Voltaire. »
Il en est de même en fait de constitution. Tant qu’on ne parle que du mot, tout le monde est d’accord ; mais, quand on en arrive à la chose, on ne s’entend plus. Ce qui, en France, a toujours fait échouer la liberté, c’est qu’on a toujours demandé aux nombreuses constitutions dont nous avons essayé ce qu’elles ne pouvaient pas nous donner.
Qu’est-ce donc qu’une constitution ? Prenons-en une qui nous serve de modèle ; comparons l’idée qu’on se fait en France à cet égard avec celle qu’on en a en d’autres pays...