Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain (1776) - Tome 6

Nonfiction, History, Italy
Cover of the book Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain (1776) - Tome 6 by Edward Gibbon, François Guizot, E H
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Author: Edward Gibbon, François Guizot ISBN: 1230001221701
Publisher: E H Publication: March 12, 2016
Imprint: Language: French
Author: Edward Gibbon, François Guizot
ISBN: 1230001221701
Publisher: E H
Publication: March 12, 2016
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Language: French

LES dissensions et l’incapacité d’un gouvernement faible produisent souvent l’apparence et les effets d’une intelligence coupable avec l’ennemi public. Les ministres d’Honorius[1] firent à peu près tout ce que le roi des Goths aurait pu leur dicter pour son propre avantage, s’il eût été admis dans leurs conseils ; peut-être même le généreux Alaric n’aurait-il conspiré qu’avec répugnance la perte du formidable adversaire dont les armes l’avaient chassé deux fois de la Grèce et de l’Italie ; mais les efforts de la haine active et intéressée des favoris de l’empereur avaient enfin accompli la disgrâce et la ruine du grand Stilichon. La valeur de Sarus, sa réputation militaire et son influence héréditaire ou personnelle sur les Barbares confédérés, ne le recommandaient qu’aux amis de la patrie qui méprisaient le vil caractère de Turpilion, de Varannes et de Vigilantius : mais quoique ces généraux se fussent montrés indignes du nom de soldat[2], les pressantes sollicitations des nouveaux favoris d’Honorius leur obtinrent le commandement de la cavalerie, de l’infanterie et des troupes du palais. Le roi des Goths aurait souscrit avec plaisir l’édit que le fanatisme d’Olympius dicta au simple et dévot empereur. Par cet édit, Honorius écartait de tous les emplois de l’état tous ceux dont la croyance était en opposition avec la foi de l’Église catholique, rejetait absolument les services de tous ceux dont les sentimens religieux ne s’accordaient pas avec les siens, et se privait ainsi d’un grand nombre de ses meilleurs et de ses plus braves officiers, attachés au culte des païens ou aux erreurs de l’arianisme[3]. Alaric aurait approuvé et conseillé peut-être des dispositions si favorables aux ennemis de l’empire, mais on peut douter que le prince barbare eût consenti, pour servir ses projets, à l’absurde et inhumaine mesure qui fut exécutée par l’ordre ou du moins avec la connivence des ministres impériaux. Les auxiliaires étrangers déploraient la mort de Stilichon leur protecteur ; mais de justes craintes pour la sûreté de leurs femmes et de leurs enfans, retenus comme otages dans les villes fortes de l’Italie, où ils avaient aussi déposé leurs effets précieux, contenaient leurs désirs de vengeance. À la même heure et comme au même signal, les villes d’Italie, souillées par une même scène d’horreur, virent un massacre et un pillage général anéantir à la fois les familles et les fortunes des Barbares. Furieux et désespérés d’un outrage capable de pousser à bout les esprits les plus doux et les plus serviles, ils jetèrent vers le camp d’Alaric un regard d’indignation et d’espoir, et jurèrent une guerre aussi juste qu’implacable à la nation perfide qui violait si bassement les lois de l’hospitalité. Par cette conduite inconcevable, les ministres d’Honorius perdirent non-seulement trente mille des plus braves soldats de leur armée, mais en firent leurs ennemis ; et le poids que devait mettre dans la balance ce corps formidable, capable à lui seul de déterminer l’événement de la guerre, passa du parti des Romains dans celui des Goths...

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LES dissensions et l’incapacité d’un gouvernement faible produisent souvent l’apparence et les effets d’une intelligence coupable avec l’ennemi public. Les ministres d’Honorius[1] firent à peu près tout ce que le roi des Goths aurait pu leur dicter pour son propre avantage, s’il eût été admis dans leurs conseils ; peut-être même le généreux Alaric n’aurait-il conspiré qu’avec répugnance la perte du formidable adversaire dont les armes l’avaient chassé deux fois de la Grèce et de l’Italie ; mais les efforts de la haine active et intéressée des favoris de l’empereur avaient enfin accompli la disgrâce et la ruine du grand Stilichon. La valeur de Sarus, sa réputation militaire et son influence héréditaire ou personnelle sur les Barbares confédérés, ne le recommandaient qu’aux amis de la patrie qui méprisaient le vil caractère de Turpilion, de Varannes et de Vigilantius : mais quoique ces généraux se fussent montrés indignes du nom de soldat[2], les pressantes sollicitations des nouveaux favoris d’Honorius leur obtinrent le commandement de la cavalerie, de l’infanterie et des troupes du palais. Le roi des Goths aurait souscrit avec plaisir l’édit que le fanatisme d’Olympius dicta au simple et dévot empereur. Par cet édit, Honorius écartait de tous les emplois de l’état tous ceux dont la croyance était en opposition avec la foi de l’Église catholique, rejetait absolument les services de tous ceux dont les sentimens religieux ne s’accordaient pas avec les siens, et se privait ainsi d’un grand nombre de ses meilleurs et de ses plus braves officiers, attachés au culte des païens ou aux erreurs de l’arianisme[3]. Alaric aurait approuvé et conseillé peut-être des dispositions si favorables aux ennemis de l’empire, mais on peut douter que le prince barbare eût consenti, pour servir ses projets, à l’absurde et inhumaine mesure qui fut exécutée par l’ordre ou du moins avec la connivence des ministres impériaux. Les auxiliaires étrangers déploraient la mort de Stilichon leur protecteur ; mais de justes craintes pour la sûreté de leurs femmes et de leurs enfans, retenus comme otages dans les villes fortes de l’Italie, où ils avaient aussi déposé leurs effets précieux, contenaient leurs désirs de vengeance. À la même heure et comme au même signal, les villes d’Italie, souillées par une même scène d’horreur, virent un massacre et un pillage général anéantir à la fois les familles et les fortunes des Barbares. Furieux et désespérés d’un outrage capable de pousser à bout les esprits les plus doux et les plus serviles, ils jetèrent vers le camp d’Alaric un regard d’indignation et d’espoir, et jurèrent une guerre aussi juste qu’implacable à la nation perfide qui violait si bassement les lois de l’hospitalité. Par cette conduite inconcevable, les ministres d’Honorius perdirent non-seulement trente mille des plus braves soldats de leur armée, mais en firent leurs ennemis ; et le poids que devait mettre dans la balance ce corps formidable, capable à lui seul de déterminer l’événement de la guerre, passa du parti des Romains dans celui des Goths...

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