Author: | Henri Conscience | ISBN: | 1230000739603 |
Publisher: | pb | Publication: | October 25, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Henri Conscience |
ISBN: | 1230000739603 |
Publisher: | pb |
Publication: | October 25, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
Tandis que le fer et le feu y remplissent tout de leur vie et de leur voix,
l’homme erre comme un muet fantôme parmi les gigantesques machines
que son génie a créées. Il y a là des hommes, des femmes, des enfants en
masse ; ils surveillent la marche des rouages, ils ra?achent les fils rompus,
ils placent du coton sur les bobines et fournissent sans cesse des aliments
au monstre à cent bras qui semble dévorer la matière avec une avidité
insatiable.
Voyez comme tous, hommes et femmes, vont et viennent entre les
rouages presque sans précaution ! comme les enfants passent en rampant
sous les moulins à filer ! Et cependant qu’une courroie, une dent, une de
toutes ces choses qui pivotent touche leur blouse… et le fer impitoyable
arrachera leurs membres ou broiera leur corps, et ne le lâchera que pour
le rejeter plus loin comme une masse informe. Ah ! combien d’imprudents
ouvriers ont été dévorés par ce?e force brutale et aveugle, qui ne fait pas
de différence entre le coton et la chair humaine !
Mais un coup de cloche a retenti ! Le chauffeur arrête la machine, il
ôte aux mécaniques la respiration et la vie… et au bruit formidable, au
grondement assourdissant, succède le silence de la solitude et du repos…
C’était par une soirée de l’été de 1832 ; les ouvriers de la fabrique de
M. Raemdonck, avertis par le son de la cloche, cessèrent leur travail et
se réunirent dans une cour intérieure, pour y a?endre, devant le guichet
pratiqué dans l’une des fenêtres du bureau, le paiement des salaires de la
semaine qui venait de finir.
Bien qu’entremêlés, ils formaient toutefois quelques groupes. On pouvait
voir que les femmes, les enfants et les hommes étaient portés à former
des groupes séparés ; même les tisserands et les fileurs se trouvaient à des
côtés différents de la cour.
Tandis que le fer et le feu y remplissent tout de leur vie et de leur voix,
l’homme erre comme un muet fantôme parmi les gigantesques machines
que son génie a créées. Il y a là des hommes, des femmes, des enfants en
masse ; ils surveillent la marche des rouages, ils ra?achent les fils rompus,
ils placent du coton sur les bobines et fournissent sans cesse des aliments
au monstre à cent bras qui semble dévorer la matière avec une avidité
insatiable.
Voyez comme tous, hommes et femmes, vont et viennent entre les
rouages presque sans précaution ! comme les enfants passent en rampant
sous les moulins à filer ! Et cependant qu’une courroie, une dent, une de
toutes ces choses qui pivotent touche leur blouse… et le fer impitoyable
arrachera leurs membres ou broiera leur corps, et ne le lâchera que pour
le rejeter plus loin comme une masse informe. Ah ! combien d’imprudents
ouvriers ont été dévorés par ce?e force brutale et aveugle, qui ne fait pas
de différence entre le coton et la chair humaine !
Mais un coup de cloche a retenti ! Le chauffeur arrête la machine, il
ôte aux mécaniques la respiration et la vie… et au bruit formidable, au
grondement assourdissant, succède le silence de la solitude et du repos…
C’était par une soirée de l’été de 1832 ; les ouvriers de la fabrique de
M. Raemdonck, avertis par le son de la cloche, cessèrent leur travail et
se réunirent dans une cour intérieure, pour y a?endre, devant le guichet
pratiqué dans l’une des fenêtres du bureau, le paiement des salaires de la
semaine qui venait de finir.
Bien qu’entremêlés, ils formaient toutefois quelques groupes. On pouvait
voir que les femmes, les enfants et les hommes étaient portés à former
des groupes séparés ; même les tisserands et les fileurs se trouvaient à des
côtés différents de la cour.