Brancas ; Les amours de Quaterquem

Fiction & Literature, Classics
Cover of the book Brancas ; Les amours de Quaterquem by Alfred Assollant, Largau
View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart
Author: Alfred Assollant ISBN: 1230000256320
Publisher: Largau Publication: July 30, 2014
Imprint: Language: French
Author: Alfred Assollant
ISBN: 1230000256320
Publisher: Largau
Publication: July 30, 2014
Imprint:
Language: French

Extrait du livre :

Un matin, M. Charles Brancas, avocat à Paris (rue de Tournon, 43, au premier, la porte à gauche), reçut d'un ami de province la lettre suivante :
 Vieilleville, 6 mai 1845.
 «Mon cher ami,
 «Si tu ne me prêtes pas ton éloquence pour huit jours, je suis ruiné.
 Voici l'affaire :
 «Jean-Pierre-Hippolyte Ripainsel (en 1793 Caïus-Gracchus Ripainsel), mon oncle, ancien garçon meunier, vient de mourir laissant deux millions.
 Je passe sur la douleur que ce funeste événement a causée à ses nombreux amis. Entre nous, le défunt était un ladre vert qui n'a jamais donné un centime à qui que ce soit, mais qui obligeait volontiers le premier venu à vingt, trente ou quarante pour cent. Il s'est acquis par là, dans le pays, la plus grande considération. L'histoire dit que le vieux reître, qui fut, je ne sais comment, d'abord commis aux vivres, puis fournisseur général, a fait jeûner plus d'une fois les soldats de la République et de l'Empire, qu'il les a vêtus de draps à demi-brûlés, chaussés de souliers de carton, et abreuvés de piquettes horribles où les eaux poétiques du Rhin, du Tage et du Garigliano entraient pour une bonne moitié ; mais ce sont des commérages qui ne méritent pas qu'on les relève.
 «Tout cancre qu'il était, Caïus-Gracchus Ripainsel (alias Jean-Pierre-Hippolyte) a trouvé bon de restituer, après décès, bien entendu, car le brave homme de son vivant, n'aurait pas lâché la plus petite obole.

Restituer, c'est une idée assez naturelle, pourvu qu'on restitue à ceux qu'on a dépouillés, ou aux pauvres ; mais Caïus-Gracchus ne l'entend pas ainsi. Il lègue ses deux millions à la célèbre communauté de P..., afin, dit-il, de donner aux saintes femmes qui habitent ce couvent la richesse dont elles sont si dignes. Cet acte de sa dernière volonté me plonge dans la misère.
 «Quand je dis que le testament me ruine, tu entends bien que c'est une figure de rhétorique, car j'ai du foin dans mes bottes, et n'étais pas si sot que d'attendre pour vivre l'héritage de Caïus-Gracchus ; mais c'est une brèche. Deux millions ! d'un seul coup ! La captation est notoire. De sa vie, le défunt ne mit le pied dans une église.
 

View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart

Extrait du livre :

Un matin, M. Charles Brancas, avocat à Paris (rue de Tournon, 43, au premier, la porte à gauche), reçut d'un ami de province la lettre suivante :
 Vieilleville, 6 mai 1845.
 «Mon cher ami,
 «Si tu ne me prêtes pas ton éloquence pour huit jours, je suis ruiné.
 Voici l'affaire :
 «Jean-Pierre-Hippolyte Ripainsel (en 1793 Caïus-Gracchus Ripainsel), mon oncle, ancien garçon meunier, vient de mourir laissant deux millions.
 Je passe sur la douleur que ce funeste événement a causée à ses nombreux amis. Entre nous, le défunt était un ladre vert qui n'a jamais donné un centime à qui que ce soit, mais qui obligeait volontiers le premier venu à vingt, trente ou quarante pour cent. Il s'est acquis par là, dans le pays, la plus grande considération. L'histoire dit que le vieux reître, qui fut, je ne sais comment, d'abord commis aux vivres, puis fournisseur général, a fait jeûner plus d'une fois les soldats de la République et de l'Empire, qu'il les a vêtus de draps à demi-brûlés, chaussés de souliers de carton, et abreuvés de piquettes horribles où les eaux poétiques du Rhin, du Tage et du Garigliano entraient pour une bonne moitié ; mais ce sont des commérages qui ne méritent pas qu'on les relève.
 «Tout cancre qu'il était, Caïus-Gracchus Ripainsel (alias Jean-Pierre-Hippolyte) a trouvé bon de restituer, après décès, bien entendu, car le brave homme de son vivant, n'aurait pas lâché la plus petite obole.

Restituer, c'est une idée assez naturelle, pourvu qu'on restitue à ceux qu'on a dépouillés, ou aux pauvres ; mais Caïus-Gracchus ne l'entend pas ainsi. Il lègue ses deux millions à la célèbre communauté de P..., afin, dit-il, de donner aux saintes femmes qui habitent ce couvent la richesse dont elles sont si dignes. Cet acte de sa dernière volonté me plonge dans la misère.
 «Quand je dis que le testament me ruine, tu entends bien que c'est une figure de rhétorique, car j'ai du foin dans mes bottes, et n'étais pas si sot que d'attendre pour vivre l'héritage de Caïus-Gracchus ; mais c'est une brèche. Deux millions ! d'un seul coup ! La captation est notoire. De sa vie, le défunt ne mit le pied dans une église.
 

More books from Largau

Cover of the book Le Livre de Mon Ami by Alfred Assollant
Cover of the book L'inondation et autres nouvelles by Alfred Assollant
Cover of the book Vingt ans après - Édition illustrée by Alfred Assollant
Cover of the book Le Pilote by Alfred Assollant
Cover of the book Idylles by Alfred Assollant
Cover of the book Les Errants de nuit by Alfred Assollant
Cover of the book Justine ou Les Malheurs de la vertu by Alfred Assollant
Cover of the book Numa Roumestan by Alfred Assollant
Cover of the book Ernestine by Alfred Assollant
Cover of the book Le Rire. Essai sur la signification du comique by Alfred Assollant
Cover of the book Le Capitaine Fracasse by Alfred Assollant
Cover of the book Les Confidences d'Arsène Lupin by Alfred Assollant
Cover of the book Eugénie Grandet by Alfred Assollant
Cover of the book L'Illustre Maurin by Alfred Assollant
Cover of the book Le Rêve by Alfred Assollant
We use our own "cookies" and third party cookies to improve services and to see statistical information. By using this website, you agree to our Privacy Policy