Autour de la Lune (illustré)

Science Fiction & Fantasy, Space Opera, Science Fiction, Adventure, Fiction & Literature, Classics
Cover of the book Autour de la Lune (illustré) by Jules Verne, Consumer Oriented Ebooks Publisher
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Author: Jules Verne ISBN: 1230000744058
Publisher: Consumer Oriented Ebooks Publisher Publication: October 28, 2015
Imprint: Language: French
Author: Jules Verne
ISBN: 1230000744058
Publisher: Consumer Oriented Ebooks Publisher
Publication: October 28, 2015
Imprint:
Language: French

Pendant le cours de l'année 186., le monde entier fut singulièrement
ému par une tentative scientifique sans précédents dans les annales
de la science. Les membres du Gun-Club, cercle d'artilleurs fondé à
Baltimore après la guerre d'Amérique, avaient eu l'idée de se mettre
en communication avec la Lune,—oui, avec la Lune,—en lui envoyant un
boulet. Leur président Barbicane, le promoteur de l'entreprise, ayant
consulté à ce sujet les astronomes de l'Observatoire de Cambridge,
prit toutes les mesures nécessaires au succès de cette extraordinaire
entreprise, déclarée réalisable par la majorité des gens compétents.
Après avoir provoqué une souscription publique qui produisit près de
trente millions de francs, il commença ses gigantesques travaux.

Suivant la note rédigée par les membres de l'Observatoire, le canon
destiné à lancer le projectile devait être établi dans un pays situé
entre 0 et 28 degrés de latitude nord ou sud, afin de viser la Lune au
zénith. Le boulet devait être animé d'une vitesse initiale de douze
mille yards à la seconde. Lancé le 1er décembre, à onze heures moins
treize minutes et vingt secondes du soir, il devait rencontrer la
Lune quatre jours après son départ, le 5 décembre, à minuit précis, à
l'instant même où elle se trouverait dans son périgée, c'est-à-dire
à sa distance la plus rapprochée de la Terre, soit exactement
quatre-vingt-six mille quatre cent dix lieues.

Les principaux membres du Gun-Club, le président Barbicane, le major
Elphiston, le secrétaire J.-T. Maston et autres savants tinrent
plusieurs séances dans lesquelles furent discutées la forme et la
composition du boulet, la disposition et la nature du canon, la
qualité et la quantité de la poudre à employer. Il fut décidé: 1° que
le projectile serait un obus en aluminium d'un diamètre de cent huit
pouces et d'une épaisseur de douze pouces à ses parois, qui pèserait
dix-neuf mille deux cent cinquante livres; 2° que le canon serait une
Columbiad en fonte de fer longue de neuf cents pieds, qui serait coulée
directement dans le sol; 3° que la charge emploierait quatre cent mille
livres de fulmi-coton qui, développant six milliards de litres de gaz
sous le projectile, l'emporteraient facilement vers l'astre des nuits.

Ces questions résolues, le président Barbicane, aidé de l'ingénieur
Murchison, fit choix d'un emplacement situé dans la Floride par 27° 7'
de latitude nord et 5° 7' de longitude ouest. Ce fut en cet endroit,
qu'après des travaux merveilleux, la Columbiad fut coulée avec un plein
succès.

Les choses en étaient là, quand survint un incident qui centupla
l'intérêt attaché à cette grande entreprise.

Un Français, un Parisien fantaisiste, un artiste aussi spirituel
qu'audacieux, demanda à s'enfermer dans un boulet afin d'atteindre
la Lune et d'opérer une reconnaissance du satellite terrestre. Cet
intrépide aventurier se nommait Michel Ardan. Il arriva en Amérique,
fut reçu avec enthousiasme, tint des meetings, se vit porter en
triomphe, réconcilia le président Barbicane avec son mortel ennemi le
capitaine Nicholl et, comme gage de réconciliation, il les décida à
s'embarquer avec lui dans le projectile.

La proposition fut acceptée. On modifia la forme du boulet. Il
devint cylindro-conique. On garnit cette espèce de wagon aérien de
ressorts puissants et de cloisons brisantes qui devaient amortir le
contre-coup du départ. On le pourvut de vivres pour un an, d'eau pour
quelques mois, de gaz pour quelques jours. Un appareil automatique
fabriquait et fournissait l'air nécessaire à la respiration des trois
voyageurs. En même temps, le Gun-Club faisait construire sur l'un des
plus hauts sommets des Montagnes-Rocheuses un gigantesque télescope
qui permettrait de suivre le projectile pendant son trajet à travers
l'espace. Tout était prêt.

Le 30 novembre, à l'heure fixée, au milieu d'un concours extraordinaire
de spectateurs, le départ eut lieu et pour la première fois, trois
êtres humains, quittant le globe terrestre, s'élancèrent vers les
espaces interplanétaires avec la presque certitude d'arriver à leur
but. Ces audacieux voyageurs, Michel Ardan, le président Barbicane et
le capitaine Nicholl, devaient effectuer leur trajet en _quatre-vingt
dix-sept heures treize minutes et vingt secondes_. Conséquemment, leur
arrivée à la surface du disque lunaire ne pouvait avoir lieu que le 5
décembre, à minuit, au moment précis où la Lune serait pleine, et non
le 4, ainsi que l'avaient annoncé quelques journaux mal informés.

Mais, circonstance inattendue, la détonation produite par la Columbiad
eut pour effet immédiat de troubler l'atmosphère terrestre en y
accumulant une énorme quantité de vapeurs. Phénomène qui excita
l'indignation générale, car la Lune fut voilée pendant plusieurs nuits
aux yeux de ses contemplateurs.

Le digne J.-T. Maston, le plus vaillant ami des trois voyageurs, partit
pour les Montagnes-Rocheuses, en compagnie de l'honorable J. Belfast,
directeur de l'Observatoire de Cambridge, et il gagna la station de
Long's-Peak, où se dressait le télescope qui rapprochait la Lune à deux
lieues. L'honorable secrétaire du Gun-Club voulait observer lui-même le
véhicule de ses audacieux amis.

L'accumulation des nuages dans l'atmosphère empêcha toute observation
pendant les 5, 6, 7, 8, 9 et 10 décembre. On crut même que
l'observation devrait être remise au 3 janvier de l'année suivante,
car la Lune, entrant dans son dernier quartier le 11, ne présenterait
plus alors qu'une portion décroissante de son disque, insuffisante pour
permettre d'y suivre la trace du projectile.

Mais enfin, à la satisfaction générale, une forte tempête nettoya
l'atmosphère dans la nuit du 11 au 12 décembre, et la Lune, à demi
éclairée, se découpa nettement sur le fond noir du ciel.

Cette nuit même, un télégramme était envoyé de la station de
Long's-Peak par J.-T. Maston et Belfast à MM. les Membres du bureau de
l'Observatoire de Cambridge.

Or, qu'annonçait ce télégramme?

Il annonçait: que le 11 décembre, à huit heures quarante-sept du soir,
le projectile lancé par la Columbiad de Stone's-Hill avait été aperçu
par MM. Belfast et J.-T. Maston,—que le boulet, dévié pour une cause
ignorée, n'avait point atteint son but, mais qu'il en était passé assez
près pour être retenu par l'attraction lunaire;—que son mouvement
rectiligne s'était changé en un mouvement circulaire, et qu'alors,
entraîné suivant un orbe elliptique autour de l'astre des nuits, il en
était devenu le satellite.

Le télégramme ajoutait que les éléments de ce nouvel astre n'avaient pu
être encore calculés;—et en effet, trois observations prenant l'astre
dans trois positions différentes, sont nécessaires pour déterminer ces
éléments. Puis, il indiquait que la distance séparant le projectile
de la surface lunaire «pouvait» être évaluée à deux mille huit cent
trente-trois milles environ, soit quatre mille cinq cents lieues.

Il terminait enfin en émettant cette double hypothèse: Ou l'attraction
de la Lune finirait par l'emporter, et les voyageurs atteindraient leur
but; ou le projectile, maintenu dans une orbe immutable, graviterait
autour du disque lunaire jusqu'à la fin des siècles.

Dans ces diverses alternatives, quel serait le sort des voyageurs? Ils
avaient des vivres pour quelque temps, c'est vrai. Mais en supposant
même le succès de leur téméraire entreprise, comment reviendraient-ils?
Pourraient-ils jamais revenir? Aurait-on de leurs nouvelles? Ces
questions, débattues par les plumes les plus savantes du temps,
passionnèrent le public.

Il convient de faire ici une remarque qui doit être méditée par les
observateurs trop pressés. Lorsqu'un savant annonce au public une
découverte purement spéculative, il ne saurait agir avec assez de
prudence. Personne n'est forcé de découvrir ni une planète, ni une
comète, ni un satellite, et qui se trompe en pareil cas, s'expose
justement aux quolibets de la foule. Donc, mieux vaut attendre, et
c'est ce qu'aurait dû faire l'impatient J.-T. Maston, avant de lancer à
travers le monde ce télégramme qui, suivant lui, disait le dernier mot
de cette entreprise.

En effet, ce télégramme contenait des erreurs de deux sortes, ainsi
que cela fut vérifié plus tard: 1° Erreurs d'observation, en ce qui
concernait la distance du projectile à la surface de la Lune, car,
à la date du 11 décembre, il était impossible de l'apercevoir, et
ce que J.-T. Maston avait vu ou cru voir, ne pouvait être le boulet
de la Columbiad. 2° Erreurs de théorie sur le sort réservé audit
projectile, car en faire un satellite de la Lune, c'était se mettre en
contradiction absolue avec les lois de la mécanique rationnelle.

Une seule hypothèse des observateurs de Long's-Peak pouvait se
réaliser, celle qui prévoyait le cas où les voyageurs,—s'ils
existaient encore,—combineraient leurs efforts avec l'attraction
lunaire de manière à atteindre la surface du disque.

Or, ces hommes, aussi intelligents que hardis, avaient survécu
au terrible contre-coup du départ, et c'est leur voyage dans le
boulet-wagon qui va être raconté jusque dans ses plus dramatiques
comme dans ses plus singuliers détails. Ce récit détruira beaucoup
d'illusions et de prévisions; mais il donnera une juste idée des
péripéties réservées à une pareille entreprise, et il mettra en
relief les instincts scientifiques de Barbicane, les ressources de
l'industrieux Nicholl et l'humoristique audace de Michel Ardan.

En outre, il prouvera que leur digne ami, J.-T. Maston, perdait son
temps, lorsque, penché sur le gigantesque télescope, il observait la
marche de la Lune à travers les espaces stellaires.

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Pendant le cours de l'année 186., le monde entier fut singulièrement
ému par une tentative scientifique sans précédents dans les annales
de la science. Les membres du Gun-Club, cercle d'artilleurs fondé à
Baltimore après la guerre d'Amérique, avaient eu l'idée de se mettre
en communication avec la Lune,—oui, avec la Lune,—en lui envoyant un
boulet. Leur président Barbicane, le promoteur de l'entreprise, ayant
consulté à ce sujet les astronomes de l'Observatoire de Cambridge,
prit toutes les mesures nécessaires au succès de cette extraordinaire
entreprise, déclarée réalisable par la majorité des gens compétents.
Après avoir provoqué une souscription publique qui produisit près de
trente millions de francs, il commença ses gigantesques travaux.

Suivant la note rédigée par les membres de l'Observatoire, le canon
destiné à lancer le projectile devait être établi dans un pays situé
entre 0 et 28 degrés de latitude nord ou sud, afin de viser la Lune au
zénith. Le boulet devait être animé d'une vitesse initiale de douze
mille yards à la seconde. Lancé le 1er décembre, à onze heures moins
treize minutes et vingt secondes du soir, il devait rencontrer la
Lune quatre jours après son départ, le 5 décembre, à minuit précis, à
l'instant même où elle se trouverait dans son périgée, c'est-à-dire
à sa distance la plus rapprochée de la Terre, soit exactement
quatre-vingt-six mille quatre cent dix lieues.

Les principaux membres du Gun-Club, le président Barbicane, le major
Elphiston, le secrétaire J.-T. Maston et autres savants tinrent
plusieurs séances dans lesquelles furent discutées la forme et la
composition du boulet, la disposition et la nature du canon, la
qualité et la quantité de la poudre à employer. Il fut décidé: 1° que
le projectile serait un obus en aluminium d'un diamètre de cent huit
pouces et d'une épaisseur de douze pouces à ses parois, qui pèserait
dix-neuf mille deux cent cinquante livres; 2° que le canon serait une
Columbiad en fonte de fer longue de neuf cents pieds, qui serait coulée
directement dans le sol; 3° que la charge emploierait quatre cent mille
livres de fulmi-coton qui, développant six milliards de litres de gaz
sous le projectile, l'emporteraient facilement vers l'astre des nuits.

Ces questions résolues, le président Barbicane, aidé de l'ingénieur
Murchison, fit choix d'un emplacement situé dans la Floride par 27° 7'
de latitude nord et 5° 7' de longitude ouest. Ce fut en cet endroit,
qu'après des travaux merveilleux, la Columbiad fut coulée avec un plein
succès.

Les choses en étaient là, quand survint un incident qui centupla
l'intérêt attaché à cette grande entreprise.

Un Français, un Parisien fantaisiste, un artiste aussi spirituel
qu'audacieux, demanda à s'enfermer dans un boulet afin d'atteindre
la Lune et d'opérer une reconnaissance du satellite terrestre. Cet
intrépide aventurier se nommait Michel Ardan. Il arriva en Amérique,
fut reçu avec enthousiasme, tint des meetings, se vit porter en
triomphe, réconcilia le président Barbicane avec son mortel ennemi le
capitaine Nicholl et, comme gage de réconciliation, il les décida à
s'embarquer avec lui dans le projectile.

La proposition fut acceptée. On modifia la forme du boulet. Il
devint cylindro-conique. On garnit cette espèce de wagon aérien de
ressorts puissants et de cloisons brisantes qui devaient amortir le
contre-coup du départ. On le pourvut de vivres pour un an, d'eau pour
quelques mois, de gaz pour quelques jours. Un appareil automatique
fabriquait et fournissait l'air nécessaire à la respiration des trois
voyageurs. En même temps, le Gun-Club faisait construire sur l'un des
plus hauts sommets des Montagnes-Rocheuses un gigantesque télescope
qui permettrait de suivre le projectile pendant son trajet à travers
l'espace. Tout était prêt.

Le 30 novembre, à l'heure fixée, au milieu d'un concours extraordinaire
de spectateurs, le départ eut lieu et pour la première fois, trois
êtres humains, quittant le globe terrestre, s'élancèrent vers les
espaces interplanétaires avec la presque certitude d'arriver à leur
but. Ces audacieux voyageurs, Michel Ardan, le président Barbicane et
le capitaine Nicholl, devaient effectuer leur trajet en _quatre-vingt
dix-sept heures treize minutes et vingt secondes_. Conséquemment, leur
arrivée à la surface du disque lunaire ne pouvait avoir lieu que le 5
décembre, à minuit, au moment précis où la Lune serait pleine, et non
le 4, ainsi que l'avaient annoncé quelques journaux mal informés.

Mais, circonstance inattendue, la détonation produite par la Columbiad
eut pour effet immédiat de troubler l'atmosphère terrestre en y
accumulant une énorme quantité de vapeurs. Phénomène qui excita
l'indignation générale, car la Lune fut voilée pendant plusieurs nuits
aux yeux de ses contemplateurs.

Le digne J.-T. Maston, le plus vaillant ami des trois voyageurs, partit
pour les Montagnes-Rocheuses, en compagnie de l'honorable J. Belfast,
directeur de l'Observatoire de Cambridge, et il gagna la station de
Long's-Peak, où se dressait le télescope qui rapprochait la Lune à deux
lieues. L'honorable secrétaire du Gun-Club voulait observer lui-même le
véhicule de ses audacieux amis.

L'accumulation des nuages dans l'atmosphère empêcha toute observation
pendant les 5, 6, 7, 8, 9 et 10 décembre. On crut même que
l'observation devrait être remise au 3 janvier de l'année suivante,
car la Lune, entrant dans son dernier quartier le 11, ne présenterait
plus alors qu'une portion décroissante de son disque, insuffisante pour
permettre d'y suivre la trace du projectile.

Mais enfin, à la satisfaction générale, une forte tempête nettoya
l'atmosphère dans la nuit du 11 au 12 décembre, et la Lune, à demi
éclairée, se découpa nettement sur le fond noir du ciel.

Cette nuit même, un télégramme était envoyé de la station de
Long's-Peak par J.-T. Maston et Belfast à MM. les Membres du bureau de
l'Observatoire de Cambridge.

Or, qu'annonçait ce télégramme?

Il annonçait: que le 11 décembre, à huit heures quarante-sept du soir,
le projectile lancé par la Columbiad de Stone's-Hill avait été aperçu
par MM. Belfast et J.-T. Maston,—que le boulet, dévié pour une cause
ignorée, n'avait point atteint son but, mais qu'il en était passé assez
près pour être retenu par l'attraction lunaire;—que son mouvement
rectiligne s'était changé en un mouvement circulaire, et qu'alors,
entraîné suivant un orbe elliptique autour de l'astre des nuits, il en
était devenu le satellite.

Le télégramme ajoutait que les éléments de ce nouvel astre n'avaient pu
être encore calculés;—et en effet, trois observations prenant l'astre
dans trois positions différentes, sont nécessaires pour déterminer ces
éléments. Puis, il indiquait que la distance séparant le projectile
de la surface lunaire «pouvait» être évaluée à deux mille huit cent
trente-trois milles environ, soit quatre mille cinq cents lieues.

Il terminait enfin en émettant cette double hypothèse: Ou l'attraction
de la Lune finirait par l'emporter, et les voyageurs atteindraient leur
but; ou le projectile, maintenu dans une orbe immutable, graviterait
autour du disque lunaire jusqu'à la fin des siècles.

Dans ces diverses alternatives, quel serait le sort des voyageurs? Ils
avaient des vivres pour quelque temps, c'est vrai. Mais en supposant
même le succès de leur téméraire entreprise, comment reviendraient-ils?
Pourraient-ils jamais revenir? Aurait-on de leurs nouvelles? Ces
questions, débattues par les plumes les plus savantes du temps,
passionnèrent le public.

Il convient de faire ici une remarque qui doit être méditée par les
observateurs trop pressés. Lorsqu'un savant annonce au public une
découverte purement spéculative, il ne saurait agir avec assez de
prudence. Personne n'est forcé de découvrir ni une planète, ni une
comète, ni un satellite, et qui se trompe en pareil cas, s'expose
justement aux quolibets de la foule. Donc, mieux vaut attendre, et
c'est ce qu'aurait dû faire l'impatient J.-T. Maston, avant de lancer à
travers le monde ce télégramme qui, suivant lui, disait le dernier mot
de cette entreprise.

En effet, ce télégramme contenait des erreurs de deux sortes, ainsi
que cela fut vérifié plus tard: 1° Erreurs d'observation, en ce qui
concernait la distance du projectile à la surface de la Lune, car,
à la date du 11 décembre, il était impossible de l'apercevoir, et
ce que J.-T. Maston avait vu ou cru voir, ne pouvait être le boulet
de la Columbiad. 2° Erreurs de théorie sur le sort réservé audit
projectile, car en faire un satellite de la Lune, c'était se mettre en
contradiction absolue avec les lois de la mécanique rationnelle.

Une seule hypothèse des observateurs de Long's-Peak pouvait se
réaliser, celle qui prévoyait le cas où les voyageurs,—s'ils
existaient encore,—combineraient leurs efforts avec l'attraction
lunaire de manière à atteindre la surface du disque.

Or, ces hommes, aussi intelligents que hardis, avaient survécu
au terrible contre-coup du départ, et c'est leur voyage dans le
boulet-wagon qui va être raconté jusque dans ses plus dramatiques
comme dans ses plus singuliers détails. Ce récit détruira beaucoup
d'illusions et de prévisions; mais il donnera une juste idée des
péripéties réservées à une pareille entreprise, et il mettra en
relief les instincts scientifiques de Barbicane, les ressources de
l'industrieux Nicholl et l'humoristique audace de Michel Ardan.

En outre, il prouvera que leur digne ami, J.-T. Maston, perdait son
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