Galerie de personnages et de rencontres marquantes d'une journaliste dans les zones de conflit
Des barrages, des autorisations, des vexations et des heures d’attente ; les abords de la guerre n’ont rien de romantique. Ici, les fripouilles de toutes sortes s’emplissent les poches. Là, les humanitaires ont des airs de Tartuffe. Et les journalistes jouent les seigneurs en mettant en scène la misère des autres. Afrique, Balkans et Moyen-Orient, la route est décidément plus tortueuse qu’on ne la dépeint dans les journaux.
Laure Lugon Zugravu nous raconte ce que les reporters préfèrent taire, les petits désespoirs et les gros doutes. Elle nous offre une belle galerie de portraits, entre poésie et vitriol, fureur et compassion.
Au crayon dans la marge, c’est l’envers du décor, les coulisses du travail de journaliste, ce qu’on ne dit pas mais qu’il est parfois trop lourd de taire, les grandes colères, les petites frustrations et les rêves qui s’évaporent...
EXTRAIT
Je ne peux m’empêcher d’avoir de sérieux doutes sur l’authenticité de l’opération. Comment se fait-il que le marchand soit, au jour et à l’heure où nous le voulons, en mesure de nous fournir les esclaves sur un plateau, alors qu’il les a libérés des semaines plus tôt et qu’il chemine avec eux depuis le Nord ? Pour le moment, ce que je crains le plus, c’est que nous ne rencontrions ni marchand ni esclaves. Que l’opération se solde par un flop. Que je revienne bredouille de mon premier grand reportage.
Pourtant, mon métier est très vite passé au second plan. Parce que le Soudan m’a prise à bras-le-corps, comme ça, toute moite, transie de peur, prête à recevoir le monde dans sa nudité crue, dans son obscénité, dans sa laideur, et j’étais si dépourvue de défenses que celui-ci m’a pénétrée sans que je lui résiste, sans la moindre révolte ou affliction. Plutôt de la stupeur.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Laure Lugon Zugravu est née en 1968. Elle est journaliste en Suisse romande. Elle a effectué de nombreux reportages dans les zones de guerre entre 1997 et 2002 pour le magazine l’Illustré.
Galerie de personnages et de rencontres marquantes d'une journaliste dans les zones de conflit
Des barrages, des autorisations, des vexations et des heures d’attente ; les abords de la guerre n’ont rien de romantique. Ici, les fripouilles de toutes sortes s’emplissent les poches. Là, les humanitaires ont des airs de Tartuffe. Et les journalistes jouent les seigneurs en mettant en scène la misère des autres. Afrique, Balkans et Moyen-Orient, la route est décidément plus tortueuse qu’on ne la dépeint dans les journaux.
Laure Lugon Zugravu nous raconte ce que les reporters préfèrent taire, les petits désespoirs et les gros doutes. Elle nous offre une belle galerie de portraits, entre poésie et vitriol, fureur et compassion.
Au crayon dans la marge, c’est l’envers du décor, les coulisses du travail de journaliste, ce qu’on ne dit pas mais qu’il est parfois trop lourd de taire, les grandes colères, les petites frustrations et les rêves qui s’évaporent...
EXTRAIT
Je ne peux m’empêcher d’avoir de sérieux doutes sur l’authenticité de l’opération. Comment se fait-il que le marchand soit, au jour et à l’heure où nous le voulons, en mesure de nous fournir les esclaves sur un plateau, alors qu’il les a libérés des semaines plus tôt et qu’il chemine avec eux depuis le Nord ? Pour le moment, ce que je crains le plus, c’est que nous ne rencontrions ni marchand ni esclaves. Que l’opération se solde par un flop. Que je revienne bredouille de mon premier grand reportage.
Pourtant, mon métier est très vite passé au second plan. Parce que le Soudan m’a prise à bras-le-corps, comme ça, toute moite, transie de peur, prête à recevoir le monde dans sa nudité crue, dans son obscénité, dans sa laideur, et j’étais si dépourvue de défenses que celui-ci m’a pénétrée sans que je lui résiste, sans la moindre révolte ou affliction. Plutôt de la stupeur.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Laure Lugon Zugravu est née en 1968. Elle est journaliste en Suisse romande. Elle a effectué de nombreux reportages dans les zones de guerre entre 1997 et 2002 pour le magazine l’Illustré.