Author: | Albert Londres | ISBN: | 1230000277943 |
Publisher: | PRB | Publication: | November 2, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Albert Londres |
ISBN: | 1230000277943 |
Publisher: | PRB |
Publication: | November 2, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
Au bagne - Albert Londres
Ce livre comporte une table des matières dynamique.
Il est parfaitement mis en page pour une lecture sur liseuse électronique.
Albert Londres (1884 - 1932) est un journaliste et écrivain français.
En 1923, il se rend en Guyane où il visite le bagne aux Îles du Salut, à Cayenne et à Saint-Laurent-du-Maroni. Décrivant les horreurs de ce qu'il voit, son reportage suscite de vives réactions dans l'opinion mais aussi au sein des autorités.
Extrait :
Quand ce matin, le Biskra maintenant promu au rang de paquebot annexe dans la mer des Antilles et qui, naguère, transportait des moutons d’Alger à Marseille, eut jeté l’ancre devant Port-d’Espagne, les passagers de tous crins et de toutes couleurs, chinois, créoles, blancs, indiens, entendirent ou auraient pu entendre le commandant Maguero crier de sa passerelle : « Non ! Non ! je n’ai ni barre, ni menottes, ni armes, je n’en veux pas ! »
En bas, sur la mer, onze hommes blancs et deux policiers noirs attendaient, dans une barque. C’était onze Français, onze forçats évadés, repris, et qu’on voulait rembarquer pour la Guyane.
Le soleil et la fatalité pesaient sur leurs épaules. Ils regardaient le Biskra avec des yeux emplis de tragique impuissance. Puis, se désintéressant de leur sort, de la discussion et du monde entier, ils courbèrent la tête sur leurs genoux, se laissant ballotter par le flot.
Les autorités anglaises de Trinidad insistant pour se débarrasser de cette cargaison, on vit arriver peu après un canot qui portait le consul de France.
— La prison de Port-d’Espagne n’en veut plus, et moi je ne puis pourtant pas les adopter, gardez-les, commandant, fit le consul.
Il fut entendu que les Anglais prêteraient onze menottes et que trois surveillants militaires rentrant de congé et qui regagnaient le bagne dans les profondeurs du Biskra seraient réquisitionnés et reprendraient sur-le-champ leur métier de garde-chiourme.
Alors, le commandant cria aux deux policiers noirs :
— Faites monter !
Les onze bagnards ramassèrent de misérables besaces et, un par un, jambes grêles, gravirent la coupée. Trois gardes-chiourmes ayant revêtu la casquette à bande bleue, revolver sur l’arrière-train, étaient déjà sur le pont.
— Mettez-vous là, dit l’un d’eux.
Les bagnards s’alignèrent et s’assirent sur leurs talons.
Quatre étaient sans savates. Chiques et araignées de mer avaient abîmé leurs pieds. Autour de ces plaies, la chair ressemblait à de la viande qui a tourné, l’été, après l’orage. Sur les joues de dix, la barbe avait repoussé en râpe serrée, le onzième n’en était qu’au duvet, il avait vingt ans. Vêtus comme des chemineaux dont l’unique habit eût été mis en loques par les crocs de tous les chiens de garde de la grand’route, ils étaient pâles comme de la bougie...
Table des Matières :
Au bagne
Note de l’Éditeur
Vers la Guyane
C’était Cayenne
À terre
Chez Bel-Ami
Hespel-le-Chacal
L’expiation d’Ullmo
Monsieur Duez… et Madame
La route coloniale numéro zéro
L’arrivée aux Îles
Dans les cachots
Roussenq l’« inco »
Les Fous
« Au Diable »
Marcheras, l’aventurier
La capitale du crime
La cour des miracles
Chez les forçats qui sont nus
Les Pieds-de-Biche
Une histoire
Mon « Garçon de famille » et quelques autres
Chez les lépreux
Sœur Florence
Au Cinéma
Au Tribunal maritime
J…
Six évadés dans la brousse
Et cette après-midi un convoi arriva
2.448 blancs
Lettre ouverte à M. le Ministre des Colonies
À propos
Au bagne - Albert Londres
Ce livre comporte une table des matières dynamique.
Il est parfaitement mis en page pour une lecture sur liseuse électronique.
Albert Londres (1884 - 1932) est un journaliste et écrivain français.
En 1923, il se rend en Guyane où il visite le bagne aux Îles du Salut, à Cayenne et à Saint-Laurent-du-Maroni. Décrivant les horreurs de ce qu'il voit, son reportage suscite de vives réactions dans l'opinion mais aussi au sein des autorités.
Extrait :
Quand ce matin, le Biskra maintenant promu au rang de paquebot annexe dans la mer des Antilles et qui, naguère, transportait des moutons d’Alger à Marseille, eut jeté l’ancre devant Port-d’Espagne, les passagers de tous crins et de toutes couleurs, chinois, créoles, blancs, indiens, entendirent ou auraient pu entendre le commandant Maguero crier de sa passerelle : « Non ! Non ! je n’ai ni barre, ni menottes, ni armes, je n’en veux pas ! »
En bas, sur la mer, onze hommes blancs et deux policiers noirs attendaient, dans une barque. C’était onze Français, onze forçats évadés, repris, et qu’on voulait rembarquer pour la Guyane.
Le soleil et la fatalité pesaient sur leurs épaules. Ils regardaient le Biskra avec des yeux emplis de tragique impuissance. Puis, se désintéressant de leur sort, de la discussion et du monde entier, ils courbèrent la tête sur leurs genoux, se laissant ballotter par le flot.
Les autorités anglaises de Trinidad insistant pour se débarrasser de cette cargaison, on vit arriver peu après un canot qui portait le consul de France.
— La prison de Port-d’Espagne n’en veut plus, et moi je ne puis pourtant pas les adopter, gardez-les, commandant, fit le consul.
Il fut entendu que les Anglais prêteraient onze menottes et que trois surveillants militaires rentrant de congé et qui regagnaient le bagne dans les profondeurs du Biskra seraient réquisitionnés et reprendraient sur-le-champ leur métier de garde-chiourme.
Alors, le commandant cria aux deux policiers noirs :
— Faites monter !
Les onze bagnards ramassèrent de misérables besaces et, un par un, jambes grêles, gravirent la coupée. Trois gardes-chiourmes ayant revêtu la casquette à bande bleue, revolver sur l’arrière-train, étaient déjà sur le pont.
— Mettez-vous là, dit l’un d’eux.
Les bagnards s’alignèrent et s’assirent sur leurs talons.
Quatre étaient sans savates. Chiques et araignées de mer avaient abîmé leurs pieds. Autour de ces plaies, la chair ressemblait à de la viande qui a tourné, l’été, après l’orage. Sur les joues de dix, la barbe avait repoussé en râpe serrée, le onzième n’en était qu’au duvet, il avait vingt ans. Vêtus comme des chemineaux dont l’unique habit eût été mis en loques par les crocs de tous les chiens de garde de la grand’route, ils étaient pâles comme de la bougie...
Table des Matières :
Au bagne
Note de l’Éditeur
Vers la Guyane
C’était Cayenne
À terre
Chez Bel-Ami
Hespel-le-Chacal
L’expiation d’Ullmo
Monsieur Duez… et Madame
La route coloniale numéro zéro
L’arrivée aux Îles
Dans les cachots
Roussenq l’« inco »
Les Fous
« Au Diable »
Marcheras, l’aventurier
La capitale du crime
La cour des miracles
Chez les forçats qui sont nus
Les Pieds-de-Biche
Une histoire
Mon « Garçon de famille » et quelques autres
Chez les lépreux
Sœur Florence
Au Cinéma
Au Tribunal maritime
J…
Six évadés dans la brousse
Et cette après-midi un convoi arriva
2.448 blancs
Lettre ouverte à M. le Ministre des Colonies
À propos