Éros et Psychè

Romance, Erotica
Cover of the book Éros et Psychè by Renée Dunan, GILBERT TEROL
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Author: Renée Dunan ISBN: 1230003350454
Publisher: GILBERT TEROL Publication: August 6, 2019
Imprint: Language: French
Author: Renée Dunan
ISBN: 1230003350454
Publisher: GILBERT TEROL
Publication: August 6, 2019
Imprint:
Language: French

Je ne puis m’empêcher de convenir, ma chère Gourdan, que les filles que vous m’avez envoyées hier ne soient charmantes. Mais elles ont fait les bégueules. Je vous prie une autre fois de ne pas m’envoyer de ces prudes. Jeudi, il me faudra du joli et du roué de la dernière espèce…

Du Marquis de N… à Mme Gourdan
(28 déc. 1773).

Ils restèrent émus tous deux, la face empourprée et tendue, se regardant comme deux étrangers ennemis…

Elle eut le mot unique, appel, reproche et ironie :

— Jean…

Il dit :

— Lucienne…

Leur sang paraissait remuer des flammes singulières.

— Vous me sauvez, Jean, et je vous embrasserais encore si j’osais…

— Osez, Lucienne !

Elle vint à lui, orgueilleuse et portant ses seins apparents comme une victoire. Ses joues écarlates fleurissaient autour d’une bouche pareille à quelque plaie vive et fascinante. Jean sentit la chair tiède des bras minces et ardents qui l’étreignirent avec violence. Il vit, au ras de sa face, deux yeux dilatés et luisants de désir. Il n’avait pas cru que l’amour lui viendrait sous cette forme redoutable et voluptueuse. Un quart de seconde il aperçut la face qui l’affrontait et le double promontoire des seins. Était-ce là la petite Lucienne Dué ? Non, c’était l’amour même. Toutes les déesses de la Grèce amoureuse saisirent ensemble les lèvres de Jean pour y apposer un ineffaçable sceau.

— Lucienne, ce jeu de baiser est terrible. Je deviendrais…

Elle eut un air doux et innocent. Il était impossible de lire sur son visage si elle avait participé à l’émoi de son cousin.

— Que voulez-vous dire, Jean ?

— Lucienne, rien moins que ceci : votre contact, vos lèvres, feraient de moi… ce que tenta de vous être le forgeron.

Elle eut un léger sourire, qui pouvait être un défi :

— Vous ne lui ressemblez pas, pourtant.

— Vous me feriez-vous désirer comme il fit…

— Mais vous n’oseriez pas, vous qui…

Le regard coulait entre deux paupières étrécies. On voyait un mince segment de la cornée, et la bouche, comme une rose prête à s’ouvrir, plissait aux commissures.

Il ne comprit pas,

— Non, Lucienne, je n’oserais pas. Peut-être parce que je vous aime.

Les beaux yeux s’ouvrirent grands, avec une expression d’étonnement. Enfin la jeune fille murmura d’un air languide :

— C’est que je me défendrais…

Un doute naquit dans l’esprit de l’adolescent. La comédie était trop fine, les attitudes se liaient avec une sorte de volonté cachée qui l’étonna.

— Vous n’avez pourtant pas l’air de le croire, dit-il.

Elle eut un sourire ambigu.

— Jean, on peut avoir des faiblesses, mais je crois que je n’en aurais pas. Vraiment…

— Si je tentais…

Elle prit un air théâtral.

— N’y venez pas, je suis plus forte que vous.

Il se leva pour sauter sur elle. Et puis, un commandement intérieur le retint. Il eut honte de se sentir si proche de l’instinct, et pour expliquer son geste, il embrassa sa cousine derrière l’oreille.

Elle eut un grand frisson.

Il fit le tour de la pièce.

— Vous ne voulez plus de gâteaux, Lucienne ?

Elle eut un rire narquois.

— Il n’y a plus de porto ?

— Mais je vais en chercher, cousine. Il y a du porto chez Jean Dué.

Il sortit. Lorsqu’il reparut, Lucienne, en contre-jour, tirait son bas droit, le pied sur la chaise de Jean. Il vit d’un clin d’œil la jambe longue et fine, l’attache délicate de la cheville, et l’articulation du genou. Une lueur rose jouait plus haut sur la chair entrevue de la cuisse. Le jeune homme fut saisi comme si on l’avait pendu.

Il voulut être galant, car l’idée ne lui vint pas que ce pût être une mise en scène destinée à lui inspirer le courage d’un amant. Il dit :

— Dieu, ma cousine, que vous avez la jambe bien faite.

Elle avait rabaissé sa jupe avec promptitude.

— Ah ! vous m’avez fait peur. Je ne vous croyais pas si vite de retour. Excusez-moi, dites !

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Je ne puis m’empêcher de convenir, ma chère Gourdan, que les filles que vous m’avez envoyées hier ne soient charmantes. Mais elles ont fait les bégueules. Je vous prie une autre fois de ne pas m’envoyer de ces prudes. Jeudi, il me faudra du joli et du roué de la dernière espèce…

Du Marquis de N… à Mme Gourdan
(28 déc. 1773).

Ils restèrent émus tous deux, la face empourprée et tendue, se regardant comme deux étrangers ennemis…

Elle eut le mot unique, appel, reproche et ironie :

— Jean…

Il dit :

— Lucienne…

Leur sang paraissait remuer des flammes singulières.

— Vous me sauvez, Jean, et je vous embrasserais encore si j’osais…

— Osez, Lucienne !

Elle vint à lui, orgueilleuse et portant ses seins apparents comme une victoire. Ses joues écarlates fleurissaient autour d’une bouche pareille à quelque plaie vive et fascinante. Jean sentit la chair tiède des bras minces et ardents qui l’étreignirent avec violence. Il vit, au ras de sa face, deux yeux dilatés et luisants de désir. Il n’avait pas cru que l’amour lui viendrait sous cette forme redoutable et voluptueuse. Un quart de seconde il aperçut la face qui l’affrontait et le double promontoire des seins. Était-ce là la petite Lucienne Dué ? Non, c’était l’amour même. Toutes les déesses de la Grèce amoureuse saisirent ensemble les lèvres de Jean pour y apposer un ineffaçable sceau.

— Lucienne, ce jeu de baiser est terrible. Je deviendrais…

Elle eut un air doux et innocent. Il était impossible de lire sur son visage si elle avait participé à l’émoi de son cousin.

— Que voulez-vous dire, Jean ?

— Lucienne, rien moins que ceci : votre contact, vos lèvres, feraient de moi… ce que tenta de vous être le forgeron.

Elle eut un léger sourire, qui pouvait être un défi :

— Vous ne lui ressemblez pas, pourtant.

— Vous me feriez-vous désirer comme il fit…

— Mais vous n’oseriez pas, vous qui…

Le regard coulait entre deux paupières étrécies. On voyait un mince segment de la cornée, et la bouche, comme une rose prête à s’ouvrir, plissait aux commissures.

Il ne comprit pas,

— Non, Lucienne, je n’oserais pas. Peut-être parce que je vous aime.

Les beaux yeux s’ouvrirent grands, avec une expression d’étonnement. Enfin la jeune fille murmura d’un air languide :

— C’est que je me défendrais…

Un doute naquit dans l’esprit de l’adolescent. La comédie était trop fine, les attitudes se liaient avec une sorte de volonté cachée qui l’étonna.

— Vous n’avez pourtant pas l’air de le croire, dit-il.

Elle eut un sourire ambigu.

— Jean, on peut avoir des faiblesses, mais je crois que je n’en aurais pas. Vraiment…

— Si je tentais…

Elle prit un air théâtral.

— N’y venez pas, je suis plus forte que vous.

Il se leva pour sauter sur elle. Et puis, un commandement intérieur le retint. Il eut honte de se sentir si proche de l’instinct, et pour expliquer son geste, il embrassa sa cousine derrière l’oreille.

Elle eut un grand frisson.

Il fit le tour de la pièce.

— Vous ne voulez plus de gâteaux, Lucienne ?

Elle eut un rire narquois.

— Il n’y a plus de porto ?

— Mais je vais en chercher, cousine. Il y a du porto chez Jean Dué.

Il sortit. Lorsqu’il reparut, Lucienne, en contre-jour, tirait son bas droit, le pied sur la chaise de Jean. Il vit d’un clin d’œil la jambe longue et fine, l’attache délicate de la cheville, et l’articulation du genou. Une lueur rose jouait plus haut sur la chair entrevue de la cuisse. Le jeune homme fut saisi comme si on l’avait pendu.

Il voulut être galant, car l’idée ne lui vint pas que ce pût être une mise en scène destinée à lui inspirer le courage d’un amant. Il dit :

— Dieu, ma cousine, que vous avez la jambe bien faite.

Elle avait rabaissé sa jupe avec promptitude.

— Ah ! vous m’avez fait peur. Je ne vous croyais pas si vite de retour. Excusez-moi, dites !

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