Œuvres complètes de François Villon

( Edition intégrale ) annoté

Fiction & Literature, Anthologies, Classics, Literary
Cover of the book Œuvres complètes de François Villon by François Villon, A. Lemerre éd., Paris, 1876
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Author: François Villon ISBN: 1230002985749
Publisher: A. Lemerre éd., Paris, 1876 Publication: December 10, 2018
Imprint: Language: French
Author: François Villon
ISBN: 1230002985749
Publisher: A. Lemerre éd., Paris, 1876
Publication: December 10, 2018
Imprint:
Language: French

On ne sait guère de la vie de François Villon que ce qu’il en dit lui-même, et l’on en sait trop. J’aurais voulu me dispenser de décrire, après tant d’autres[1], cette existence peu édifiante, mais je n’ai pas cru pouvoir le faire. Le sujet des poésies de Villon, c’est Villon lui-même, et sa biographie est la clef de ses œuvres.

François Villon naquit à Paris en 1431. Sur la foi d’une pièce que Fauchet, dans son traité de l’Origine des chevaliers, imprimé en 1599, dit avoir trouvée dans un manuscrit de sa bibliothèque[2], on a mis en doute le lieu de la naissance et jusqu’au nom du poëte. On s’est livré à des conjectures ingénieuses pour concilier les renseignements fournis par lui-même avec les indications de Fauchet, pour expliquer comment il pouvait s’appeler à la fois Corbueil et Villon, être à la fois natif d’Auvers et de Paris. Pour moi, je crois, avec le P. Du Cerceau, Daunou et beaucoup d’autres, qu’on ne doit tenir aucun compte de ce huitain, amplification maladroite de l’épitaphe en quatre vers[3]. Ce n’est pas sur une pareille autorité qu’on peut substituer le nom de Corbueil à celui de Villon, que notre poëte se donne lui-même en vingt endroits de ses œuvres[4].

Les parents de Villon étaient pauvres[5]. Sa mère était illettrée[6] ; son père était vraisemblablement un homme de métier, et peut-être, ainsi que l’a conjecturé M. Campeaux, un ouvrier en cuir, un cordouennier[7].

Poussé par le désir de s’élever au-dessus de la triste condition de ses parents, ou plutôt par ce besoin de savoir qui tourmente les natures comme la sienne, Villon étudia. Il connut les misères de l’état d’écolier pauvre. On n’a pas de renseignements certains sur le genre d’études auquel il se livra ni sur les progrès qu’il y fit. M. Nagel suppose qu’il obtint le grade de maître ès arts, et se fonde surtout sur le legs qu’il fait plus tard, de sa « nomination qu’il a de l’Université » (p. 15). Mais ce legs pourrait bien n’être qu’une plaisanterie, comme tant d’autres. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’il n’obtint pas le grade de maître en théologie, but suprême des études du temps[8].

En ce temps-là, comme plus tard, les étudiants étaient exposés à bien des tentations. Villon n’y sut pas résister. En contact avec des jeunes gens sans préjugés d’aucune sorte et dépourvus d’argent comme lui, il adopta leurs mœurs et façons de vivre. Bientôt il devint leur chef et leur providence[9]. Les Repues franches, singulier monument élevé à sa gloire par quelqu’un de ses disciples, nous font connaître par quelles combinaisons ingénieuses lui et ses compagnons se procuraient les moyens de mener joyeuse vie. Leurs friponneries étaient tout à fait dans les mœurs du temps, et ne dépassaient sans doute pas les proportions de ce qu’on serait volontiers tenté d’appeler des bons tours ; mais ils étaient sur une pente glissante, et la justice n’entendait pas raillerie.

Rien ne prouve cependant que Villon ait eu maille à partir avec elle à cause de ses entreprises sur le bien d’autrui. On a parlé de ses deux procès : il en eut au moins trois, bien constatés par ses œuvres, et le premier, qu’on n’avait pas fait ressortir jusqu’à présent, est le seul dont le sujet soit indiqué d’une manière certaine. C’est la suite d’une affaire d’amour.

Avant de tomber dans ces relations honteuses avec des femmes perdues dont la Ballade de la Grosse Margot[10] nous donne l’ignoble tableau, Villon fut amoureux. Il connut l’amour vrai, l’amour naïf et timide[11]. Quel fut l’objet de cette passion, c’est ce qu’il n’est pas facile de dire. Il l’appelle de divers noms, Denise, Roze, Katherine de Vauzelles. Que ce fût une femme de mœurs faciles, une gentille bourgeoise ou une noble damoiselle, il paraît certain que c’était une coquette. Elle l’écouta d’abord, l’encouragea[12] et finit par le rebuter. Il s’en plaignit sans doute à ses compagnons, que les femmes qu’ils fréquentaient n’avaient pas habitués à de pareilles rigueurs, et qui se moquèrent de lui[13]. Villon s’emporta contre sa belle, lui fit des avanies, lui dit des injures, composa peut-être contre elle quelque ballade piquante, quelque rondeau bien méchant. Or, bien que religieux au fond, il frondait volontiers les choses sacrées[14]. La belle dame se plaignit ; la juridiction ecclésiastique s’en mêla[15], et Villon fut bel et bien condamné au fouet[16].

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On ne sait guère de la vie de François Villon que ce qu’il en dit lui-même, et l’on en sait trop. J’aurais voulu me dispenser de décrire, après tant d’autres[1], cette existence peu édifiante, mais je n’ai pas cru pouvoir le faire. Le sujet des poésies de Villon, c’est Villon lui-même, et sa biographie est la clef de ses œuvres.

François Villon naquit à Paris en 1431. Sur la foi d’une pièce que Fauchet, dans son traité de l’Origine des chevaliers, imprimé en 1599, dit avoir trouvée dans un manuscrit de sa bibliothèque[2], on a mis en doute le lieu de la naissance et jusqu’au nom du poëte. On s’est livré à des conjectures ingénieuses pour concilier les renseignements fournis par lui-même avec les indications de Fauchet, pour expliquer comment il pouvait s’appeler à la fois Corbueil et Villon, être à la fois natif d’Auvers et de Paris. Pour moi, je crois, avec le P. Du Cerceau, Daunou et beaucoup d’autres, qu’on ne doit tenir aucun compte de ce huitain, amplification maladroite de l’épitaphe en quatre vers[3]. Ce n’est pas sur une pareille autorité qu’on peut substituer le nom de Corbueil à celui de Villon, que notre poëte se donne lui-même en vingt endroits de ses œuvres[4].

Les parents de Villon étaient pauvres[5]. Sa mère était illettrée[6] ; son père était vraisemblablement un homme de métier, et peut-être, ainsi que l’a conjecturé M. Campeaux, un ouvrier en cuir, un cordouennier[7].

Poussé par le désir de s’élever au-dessus de la triste condition de ses parents, ou plutôt par ce besoin de savoir qui tourmente les natures comme la sienne, Villon étudia. Il connut les misères de l’état d’écolier pauvre. On n’a pas de renseignements certains sur le genre d’études auquel il se livra ni sur les progrès qu’il y fit. M. Nagel suppose qu’il obtint le grade de maître ès arts, et se fonde surtout sur le legs qu’il fait plus tard, de sa « nomination qu’il a de l’Université » (p. 15). Mais ce legs pourrait bien n’être qu’une plaisanterie, comme tant d’autres. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’il n’obtint pas le grade de maître en théologie, but suprême des études du temps[8].

En ce temps-là, comme plus tard, les étudiants étaient exposés à bien des tentations. Villon n’y sut pas résister. En contact avec des jeunes gens sans préjugés d’aucune sorte et dépourvus d’argent comme lui, il adopta leurs mœurs et façons de vivre. Bientôt il devint leur chef et leur providence[9]. Les Repues franches, singulier monument élevé à sa gloire par quelqu’un de ses disciples, nous font connaître par quelles combinaisons ingénieuses lui et ses compagnons se procuraient les moyens de mener joyeuse vie. Leurs friponneries étaient tout à fait dans les mœurs du temps, et ne dépassaient sans doute pas les proportions de ce qu’on serait volontiers tenté d’appeler des bons tours ; mais ils étaient sur une pente glissante, et la justice n’entendait pas raillerie.

Rien ne prouve cependant que Villon ait eu maille à partir avec elle à cause de ses entreprises sur le bien d’autrui. On a parlé de ses deux procès : il en eut au moins trois, bien constatés par ses œuvres, et le premier, qu’on n’avait pas fait ressortir jusqu’à présent, est le seul dont le sujet soit indiqué d’une manière certaine. C’est la suite d’une affaire d’amour.

Avant de tomber dans ces relations honteuses avec des femmes perdues dont la Ballade de la Grosse Margot[10] nous donne l’ignoble tableau, Villon fut amoureux. Il connut l’amour vrai, l’amour naïf et timide[11]. Quel fut l’objet de cette passion, c’est ce qu’il n’est pas facile de dire. Il l’appelle de divers noms, Denise, Roze, Katherine de Vauzelles. Que ce fût une femme de mœurs faciles, une gentille bourgeoise ou une noble damoiselle, il paraît certain que c’était une coquette. Elle l’écouta d’abord, l’encouragea[12] et finit par le rebuter. Il s’en plaignit sans doute à ses compagnons, que les femmes qu’ils fréquentaient n’avaient pas habitués à de pareilles rigueurs, et qui se moquèrent de lui[13]. Villon s’emporta contre sa belle, lui fit des avanies, lui dit des injures, composa peut-être contre elle quelque ballade piquante, quelque rondeau bien méchant. Or, bien que religieux au fond, il frondait volontiers les choses sacrées[14]. La belle dame se plaignit ; la juridiction ecclésiastique s’en mêla[15], et Villon fut bel et bien condamné au fouet[16].

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