Author: | Daniel Defoe, François-Aimé-Louis Dumoulin | ISBN: | 1230002749235 |
Publisher: | Vevey : Loertscher et fils, [ca. 1805] | Publication: | October 27, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Daniel Defoe, François-Aimé-Louis Dumoulin |
ISBN: | 1230002749235 |
Publisher: | Vevey : Loertscher et fils, [ca. 1805] |
Publication: | October 27, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Tout le monde connait les aventures de Robinson Crusoé, malgré les charmantes imitations qu’on a fait de ce roman on revient toujours avec plaisir à l’original; l’ouvrage que je publie se compose de 150 gravures à l’eau forte et retouchées au burin, toutes tirées de cet ouvrage et formant une suite de tableaux qui me paraissent d’un grand intérêt, surtout pour les jeunes gens, et dont l’ensemble met sous les yeux des scènes de tout genre.
Dès mon enfance, ce livre et les figures qui y étaient attachées, fixèrent singulièrement mon attention; je leur dois le goût de la lecture, du dessin et de l’étude de la nature, et Robinson Crusoé développa chez moi le désir de voyager. Avec ces goûts et ces désirs j’allai d’abord en Angleterre, dans le but de me vouer au commerce dont j’avais fait un apprentissage; Arrivant à une époque marquée par de nombreuses faillites, mes amis ne purent me trouver de place convenable à Londres: mais ils m’en procurèrent une dans une maison de l’isle de la Grenade. Je partis des dunes le 15 Février 1773, le temps était très mauvais, une tempète affreuse, qui fit périr plus de 60 bâtiments, et qui dura quatre jours, nous fit courir les plus grands dangers, et il ne s’en fallut que de 5 à 6 pieds que nous ne fussions brisés par un gros vaisseau qui chassait sur ses ancres; ce fut seulement le 13 Avril que nous arrivames à la Grenade. Pendant mon séjour aux Antilles de 1773 à 1782 j’ai été témoin de la prise de cette isle, par les Français et du combat naval qui se donna près de la ville de St. Georges, sa capitale, entre le comte d’Estaing et l’amiral Byron; de l’épouvantable ouragan d’Octobre 1780, qui désola les Antilles et couvrit les mers de naufrages; de la grande affaire du 12e Avril 1782, entre le comte de Grasse et l’amiral Rodney; de l’incendie de plusieurs navires et de divers phénomènes qui appartiennent à ces plages lointaines.
Ma passion pour le dessin me fit esquisser ces différents scènes, un grand nombre de paysages et quelques animaux appartenant à ces climats, et je me composai un livre d’études, où je peignis la mer sous ses différens aspects de calme et de tempêtes, des vaisseaux avec tous leurs agrès, et en général tout ce qui tient au genre de la marine, si bien étudié et rendu par l’immortel Vernet; mais j’ai malheureusement perdu la plus grande partie de mes croquis, à la prise de la Grenade, où je fus blessé dans les rangs de ceux qui la défendaient et fait prisonnier; c’est alors qu’un officier anglais, qui fréquentait notre maison, et qui ne s’était nullement soucié de se battre, m’enleva mes dessins, et divers événements fâcheux m’ont privé dans la suite du peu d’esquisses que j’avais conservées; mais elles étaient peintes dans ma mémoire et j’en ai pu reproduire quelques-unes.
J’eus encore occasion d’aller visiter les isles de la Trinité et de Tabago, peu éloignées, surtout la première, des magnifiques bouches de l’Orénoque, et de parcourir une partie de la curieuse province de Caracas; ce voyage me rappela vivement le roman favori de mon enfance; l’imagination se joignit à la mémoire, et, de retour dans ma Patrie, je consacrai mes loisirs de Vevey à reproduire par le burin Robinson Crusoé, dans tout le détail de ses aventures.
Je ne suis entré dans le narré de ce qui me regarde personnellement que pour faire mieux sentir que mes dessins sont une copie fidèle de ce que j’ai vu et observé, tant pour le paysage que pour la marine, que j’ai étudiés l’un et l’autre avec autant d’ardeur que d’exactitude, et c’est d’après les meilleurs auteurs qui ont décrit les costumes et paysages de l’Inde, et de l’Asie septentrionale que j’ai travaillé pour la dernière partie de cet ouvrage; C’est, entr’autres, d’après le père Kircher, dans sa Chine illustrée, et le voyage de Lord Macartney, que j’ai puisé le dessin de la grande muraille. Quant à la gravure, on verra, sans que je le dise, que c’est l’ouvrage d’un apprentif, qui ne l’a apprise que de lui-même et sans le secours d’aucun maître.
Je finis par exprimer le désir que mon ouvrage réussisse à amuser et même à instruire, car je puis ajouter qu’il tend à développer l’industrie individuelle, en montrant de quoi un seul homme est capable, et à faire voir qu’avec de l’adresse et de la persévérance, on peut aller assez loin dans cette branche de technologie qui pourvoit à nos premiers besoins; c’est ainsi qu’alimentant une louable curiosité, on ne saurait lui refuser le mérite de joindre l’utile à l’agréable.
Tout le monde connait les aventures de Robinson Crusoé, malgré les charmantes imitations qu’on a fait de ce roman on revient toujours avec plaisir à l’original; l’ouvrage que je publie se compose de 150 gravures à l’eau forte et retouchées au burin, toutes tirées de cet ouvrage et formant une suite de tableaux qui me paraissent d’un grand intérêt, surtout pour les jeunes gens, et dont l’ensemble met sous les yeux des scènes de tout genre.
Dès mon enfance, ce livre et les figures qui y étaient attachées, fixèrent singulièrement mon attention; je leur dois le goût de la lecture, du dessin et de l’étude de la nature, et Robinson Crusoé développa chez moi le désir de voyager. Avec ces goûts et ces désirs j’allai d’abord en Angleterre, dans le but de me vouer au commerce dont j’avais fait un apprentissage; Arrivant à une époque marquée par de nombreuses faillites, mes amis ne purent me trouver de place convenable à Londres: mais ils m’en procurèrent une dans une maison de l’isle de la Grenade. Je partis des dunes le 15 Février 1773, le temps était très mauvais, une tempète affreuse, qui fit périr plus de 60 bâtiments, et qui dura quatre jours, nous fit courir les plus grands dangers, et il ne s’en fallut que de 5 à 6 pieds que nous ne fussions brisés par un gros vaisseau qui chassait sur ses ancres; ce fut seulement le 13 Avril que nous arrivames à la Grenade. Pendant mon séjour aux Antilles de 1773 à 1782 j’ai été témoin de la prise de cette isle, par les Français et du combat naval qui se donna près de la ville de St. Georges, sa capitale, entre le comte d’Estaing et l’amiral Byron; de l’épouvantable ouragan d’Octobre 1780, qui désola les Antilles et couvrit les mers de naufrages; de la grande affaire du 12e Avril 1782, entre le comte de Grasse et l’amiral Rodney; de l’incendie de plusieurs navires et de divers phénomènes qui appartiennent à ces plages lointaines.
Ma passion pour le dessin me fit esquisser ces différents scènes, un grand nombre de paysages et quelques animaux appartenant à ces climats, et je me composai un livre d’études, où je peignis la mer sous ses différens aspects de calme et de tempêtes, des vaisseaux avec tous leurs agrès, et en général tout ce qui tient au genre de la marine, si bien étudié et rendu par l’immortel Vernet; mais j’ai malheureusement perdu la plus grande partie de mes croquis, à la prise de la Grenade, où je fus blessé dans les rangs de ceux qui la défendaient et fait prisonnier; c’est alors qu’un officier anglais, qui fréquentait notre maison, et qui ne s’était nullement soucié de se battre, m’enleva mes dessins, et divers événements fâcheux m’ont privé dans la suite du peu d’esquisses que j’avais conservées; mais elles étaient peintes dans ma mémoire et j’en ai pu reproduire quelques-unes.
J’eus encore occasion d’aller visiter les isles de la Trinité et de Tabago, peu éloignées, surtout la première, des magnifiques bouches de l’Orénoque, et de parcourir une partie de la curieuse province de Caracas; ce voyage me rappela vivement le roman favori de mon enfance; l’imagination se joignit à la mémoire, et, de retour dans ma Patrie, je consacrai mes loisirs de Vevey à reproduire par le burin Robinson Crusoé, dans tout le détail de ses aventures.
Je ne suis entré dans le narré de ce qui me regarde personnellement que pour faire mieux sentir que mes dessins sont une copie fidèle de ce que j’ai vu et observé, tant pour le paysage que pour la marine, que j’ai étudiés l’un et l’autre avec autant d’ardeur que d’exactitude, et c’est d’après les meilleurs auteurs qui ont décrit les costumes et paysages de l’Inde, et de l’Asie septentrionale que j’ai travaillé pour la dernière partie de cet ouvrage; C’est, entr’autres, d’après le père Kircher, dans sa Chine illustrée, et le voyage de Lord Macartney, que j’ai puisé le dessin de la grande muraille. Quant à la gravure, on verra, sans que je le dise, que c’est l’ouvrage d’un apprentif, qui ne l’a apprise que de lui-même et sans le secours d’aucun maître.
Je finis par exprimer le désir que mon ouvrage réussisse à amuser et même à instruire, car je puis ajouter qu’il tend à développer l’industrie individuelle, en montrant de quoi un seul homme est capable, et à faire voir qu’avec de l’adresse et de la persévérance, on peut aller assez loin dans cette branche de technologie qui pourvoit à nos premiers besoins; c’est ainsi qu’alimentant une louable curiosité, on ne saurait lui refuser le mérite de joindre l’utile à l’agréable.