Voyage en Italie et en Sicile

Nonfiction, Travel, Europe, Western Europe, Italy
Cover of the book Voyage en Italie et en Sicile by Paul de Musset, E H
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Author: Paul de Musset ISBN: 1230001070293
Publisher: E H Publication: March 12, 2016
Imprint: Language: French
Author: Paul de Musset
ISBN: 1230001070293
Publisher: E H
Publication: March 12, 2016
Imprint:
Language: French

Il n’y a presque personne qui n’ait souhaité de voir Naples. Pour moi, je l’ai désiré si fort et si longtemps, que je m’étais construit dans la tête un Naples moitié vrai, moitié imaginaire, qu’il m’a fallu démolir entièrement. Je conseillerai toujours à ceux qui veulent connaître ce pays si beau et si classique de l’aller voir le plus tôt qu’ils pourront, sous peine d’avoir à compter avec leurs rêveries.

C’est le 8 février, à 8 heures du matin, qu’en doublant la pointe Procida, j’aperçus pour la première fois le véritable golfe de Naples. Je suis obligé de reconnaître que j’avais fabriqué à mon image un Vésuve d’invention, une île de Capri ad libitum, une Ischia factice, un faux cap de Misène, une Chiaja manquée, un Portici plein d’erreurs et un Naples incomplet. Tout en adoptant la réalité avec enthousiasme, j’éprouvai aussi quelques regrets en disant adieu aux chimères dont je m’étais nourri pendant bien des années.

Sur le bateau le Léopold, j’avais trois compagnons de voyage qui en étaient au même point que moi. L’un, Espagnol de qualité, le second, gentilhomme bolonais, et le troisième, jeune Piémontais, espèce de Sancho Pança bon vivant, qui s’en allait à Constantinople.

Nous avions résolu de nous loger dans la même maison. Notre débarquement fut la chose la plus grotesque du monde. Trois facchini auraient suffi pour porter nos bagages ; il en vint une quinzaine, se démenant comme des diables, qui s’emparèrent des malles comme de leur bien, en chargèrent une petite charrette, et se partagèrent le butin de manière à paraître occupés tous les quinze. La charrette roulait au galop, poussée par autant de mains qu’elle en pouvait contenir. Des éclaireurs voltigeaient à l’entour avec nos manteaux. Un autre allait devant, en courrier, armé d’un fourreau de parapluie dont il frappait à tour de bras les gens qu’il rencontrait, pour les forcer à se ranger. Des gamins nous suivaient au pas de course, formant une arrière-garde hurlante et déguenillée. Nous portions apparemment écrit en grosses lettres sur le milieu du visage que nous venions à Naples pour la première fois, car auprès de nous d’autres voyageurs firent leur entrée sans éclat. Nous traversâmes ainsi triomphalement la place du Château, celle du Palais-Royal, et le quai du Géant c’est-à-dire le quartier le plus beau et le plus peuplé de la ville...

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Il n’y a presque personne qui n’ait souhaité de voir Naples. Pour moi, je l’ai désiré si fort et si longtemps, que je m’étais construit dans la tête un Naples moitié vrai, moitié imaginaire, qu’il m’a fallu démolir entièrement. Je conseillerai toujours à ceux qui veulent connaître ce pays si beau et si classique de l’aller voir le plus tôt qu’ils pourront, sous peine d’avoir à compter avec leurs rêveries.

C’est le 8 février, à 8 heures du matin, qu’en doublant la pointe Procida, j’aperçus pour la première fois le véritable golfe de Naples. Je suis obligé de reconnaître que j’avais fabriqué à mon image un Vésuve d’invention, une île de Capri ad libitum, une Ischia factice, un faux cap de Misène, une Chiaja manquée, un Portici plein d’erreurs et un Naples incomplet. Tout en adoptant la réalité avec enthousiasme, j’éprouvai aussi quelques regrets en disant adieu aux chimères dont je m’étais nourri pendant bien des années.

Sur le bateau le Léopold, j’avais trois compagnons de voyage qui en étaient au même point que moi. L’un, Espagnol de qualité, le second, gentilhomme bolonais, et le troisième, jeune Piémontais, espèce de Sancho Pança bon vivant, qui s’en allait à Constantinople.

Nous avions résolu de nous loger dans la même maison. Notre débarquement fut la chose la plus grotesque du monde. Trois facchini auraient suffi pour porter nos bagages ; il en vint une quinzaine, se démenant comme des diables, qui s’emparèrent des malles comme de leur bien, en chargèrent une petite charrette, et se partagèrent le butin de manière à paraître occupés tous les quinze. La charrette roulait au galop, poussée par autant de mains qu’elle en pouvait contenir. Des éclaireurs voltigeaient à l’entour avec nos manteaux. Un autre allait devant, en courrier, armé d’un fourreau de parapluie dont il frappait à tour de bras les gens qu’il rencontrait, pour les forcer à se ranger. Des gamins nous suivaient au pas de course, formant une arrière-garde hurlante et déguenillée. Nous portions apparemment écrit en grosses lettres sur le milieu du visage que nous venions à Naples pour la première fois, car auprès de nous d’autres voyageurs firent leur entrée sans éclat. Nous traversâmes ainsi triomphalement la place du Château, celle du Palais-Royal, et le quai du Géant c’est-à-dire le quartier le plus beau et le plus peuplé de la ville...

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