Voyage au Centre de la Terre

Fiction & Literature, Action Suspense, Classics, Science Fiction & Fantasy
Cover of the book Voyage au Centre de la Terre by Jules Verne, Consumer Oriented Ebooks Publisher
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Author: Jules Verne ISBN: 1230000910781
Publisher: Consumer Oriented Ebooks Publisher Publication: January 27, 2016
Imprint: Language: French
Author: Jules Verne
ISBN: 1230000910781
Publisher: Consumer Oriented Ebooks Publisher
Publication: January 27, 2016
Imprint:
Language: French

Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock,
revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19
de König-strasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier
de Hambourg.

La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner
commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine.

«Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus
impatient des hommes, va pousser des cris de détresse.

--Déja M.  Lidonbrock!  s'écria la bonne Marthe stupéfaite, en
entre-bâillant la porte de la salle à manger.

--Oui, Marthe; mais le dîner a le droit de ne point être cuit,
car il n'est pas deux heures.  La demie vient à peine de sonner à
Saint-Michel.

--Alors pourquoi M.  Lidenbrock rentre-t-il?

--Il nous le dira vraisemblablement.

--Le voilà!  je me sauve.  Monsieur Axel, vous lui ferez
entendre raison.»

Et la bonne Marthe regagna son laboratoire culinaire.

Je restai seul.  Mais de faire entendre raison au plus irascible
des professeurs, c'est ce que mon caractère un peu indécis ne me
permettait pas.  Aussi je me préparais à regagner prudemment ma
petite chambre du haut, quand la porte de la rue cria sur ses
gonds; de grands pieds firent craquer l'escalier de bois, et le
maître de la maison, traversant la salle à manger, se précipite
aussitôt dans son cabinet de travail.

Mais, pendant ce rapide passage, il avait jeté dans un coin sa
canne à tête de casse-noisette, sur la table son large chapeau à
poils rebroussés et à son neveu ces paroles retentissantes:

«Axel, suis-moi!»

Je n'avais pas eu le temps de bouger que le professeur me criait
déjà avec un vif accent d'impatience:

«Eh bien!  tu n'es pas encore ici?»

Je m'élançai dans le cabinet de mon redoutable maître.

Otto Lidenbrock n'était pas un méchant homme, j'en conviens
volontiers; mais, à moins de changements improbables, il mourra
dans la peau d'un terrible original.

Il était professeur au Johannaeum, et faisait un cours de
minéralogie pendant lequel il se mettait régulièrement en colère
une fois ou deux.  Non point qu'il se préoccupât d'avoir des
élèves assidus à ses leçons, ni du degré d'attention qu'ils
lui accordaient, ni du succès qu'ils pouvaient obtenir par la
suite; ces détails ne l'inquiétaient guère.  Il professait
«subjectivement», suivant une expression de la philosophie
allemande, pour lui et non pour les autres.  C'était un savant
égoïste, un puits de science dont la poulie grinçait quand on en
voulait tirer quelque chose.  En un mot, un avare.

Il y a quelques professeurs de ce genre en Allemagne.

Mon oncle, malheureusement, ne jouissait pas d'une extrême
facilité de prononciation, sinon dans l'intimité, au moins quand
il parlait en public, et c'est un défaut regrettable chez un
orateur.  En effet, dans ses démonstrations au Johannaeum,
souvent le professeur s'arrêtait court; il luttait contre un mot
récalcitrant qui ne voulait pas glisser entre ses lèvres, un de
ces mots qui résistent, se gonflent et finissent par sortir sous
la forme peu scientifique d'un juron.  De là, grande colère.

Il y a en minéralogie bien des dénominations semi-grecques,
semi-latines, difficiles à prononcer, de ces rudes appellations
qui écorcheraient les lèvres d'un poète.  Je ne veux pas dire du
mal de cette science.  Loin de moi.  Mais lorsqu'on se trouve en
présence des cristallisations rhomboédriques, des résines
rétinasphaltes, des ghélénites, des tangasites, des molybdates de
plomb, des tungstates de manganèse et des titaniates de zircone,
il est permis à la langue la plus adroite de fourcher.

Or, dans la ville, on connaissait cette pardonnable infirmité de
mon oncle, et on, en abusait, et on l'attendait aux passages
dangereux, et il se mettait en fureur, et l'on riait, ce qui
n'est pas de bon goût, même pour des Allemands.  S'il y avait
donc toujours grande affluence d'auditeurs aux cours de
Lidenbrock, combien les suivaient assidûment qui venaient surtout
pour se dérider aux belles colères du professeur!

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Le 24 mai 1863, un dimanche, mon oncle, le professeur Lidenbrock,
revint précipitamment vers sa petite maison située au numéro 19
de König-strasse, l'une des plus anciennes rues du vieux quartier
de Hambourg.

La bonne Marthe dut se croire fort en retard, car le dîner
commençait à peine à chanter sur le fourneau de la cuisine.

«Bon, me dis-je, s'il a faim, mon oncle, qui est le plus
impatient des hommes, va pousser des cris de détresse.

--Déja M.  Lidonbrock!  s'écria la bonne Marthe stupéfaite, en
entre-bâillant la porte de la salle à manger.

--Oui, Marthe; mais le dîner a le droit de ne point être cuit,
car il n'est pas deux heures.  La demie vient à peine de sonner à
Saint-Michel.

--Alors pourquoi M.  Lidenbrock rentre-t-il?

--Il nous le dira vraisemblablement.

--Le voilà!  je me sauve.  Monsieur Axel, vous lui ferez
entendre raison.»

Et la bonne Marthe regagna son laboratoire culinaire.

Je restai seul.  Mais de faire entendre raison au plus irascible
des professeurs, c'est ce que mon caractère un peu indécis ne me
permettait pas.  Aussi je me préparais à regagner prudemment ma
petite chambre du haut, quand la porte de la rue cria sur ses
gonds; de grands pieds firent craquer l'escalier de bois, et le
maître de la maison, traversant la salle à manger, se précipite
aussitôt dans son cabinet de travail.

Mais, pendant ce rapide passage, il avait jeté dans un coin sa
canne à tête de casse-noisette, sur la table son large chapeau à
poils rebroussés et à son neveu ces paroles retentissantes:

«Axel, suis-moi!»

Je n'avais pas eu le temps de bouger que le professeur me criait
déjà avec un vif accent d'impatience:

«Eh bien!  tu n'es pas encore ici?»

Je m'élançai dans le cabinet de mon redoutable maître.

Otto Lidenbrock n'était pas un méchant homme, j'en conviens
volontiers; mais, à moins de changements improbables, il mourra
dans la peau d'un terrible original.

Il était professeur au Johannaeum, et faisait un cours de
minéralogie pendant lequel il se mettait régulièrement en colère
une fois ou deux.  Non point qu'il se préoccupât d'avoir des
élèves assidus à ses leçons, ni du degré d'attention qu'ils
lui accordaient, ni du succès qu'ils pouvaient obtenir par la
suite; ces détails ne l'inquiétaient guère.  Il professait
«subjectivement», suivant une expression de la philosophie
allemande, pour lui et non pour les autres.  C'était un savant
égoïste, un puits de science dont la poulie grinçait quand on en
voulait tirer quelque chose.  En un mot, un avare.

Il y a quelques professeurs de ce genre en Allemagne.

Mon oncle, malheureusement, ne jouissait pas d'une extrême
facilité de prononciation, sinon dans l'intimité, au moins quand
il parlait en public, et c'est un défaut regrettable chez un
orateur.  En effet, dans ses démonstrations au Johannaeum,
souvent le professeur s'arrêtait court; il luttait contre un mot
récalcitrant qui ne voulait pas glisser entre ses lèvres, un de
ces mots qui résistent, se gonflent et finissent par sortir sous
la forme peu scientifique d'un juron.  De là, grande colère.

Il y a en minéralogie bien des dénominations semi-grecques,
semi-latines, difficiles à prononcer, de ces rudes appellations
qui écorcheraient les lèvres d'un poète.  Je ne veux pas dire du
mal de cette science.  Loin de moi.  Mais lorsqu'on se trouve en
présence des cristallisations rhomboédriques, des résines
rétinasphaltes, des ghélénites, des tangasites, des molybdates de
plomb, des tungstates de manganèse et des titaniates de zircone,
il est permis à la langue la plus adroite de fourcher.

Or, dans la ville, on connaissait cette pardonnable infirmité de
mon oncle, et on, en abusait, et on l'attendait aux passages
dangereux, et il se mettait en fureur, et l'on riait, ce qui
n'est pas de bon goût, même pour des Allemands.  S'il y avait
donc toujours grande affluence d'auditeurs aux cours de
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