Vingt-six et une

Fiction & Literature, Literary
Cover of the book Vingt-six et une by Maxime Gorki, NA
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Author: Maxime Gorki ISBN: 1230000253508
Publisher: NA Publication: July 19, 2014
Imprint: Language: French
Author: Maxime Gorki
ISBN: 1230000253508
Publisher: NA
Publication: July 19, 2014
Imprint:
Language: French

Extrait: Nous étions vingt-six, — vingt-six machines vi-vantes, enfermées dans un sous-sol humide, où, du ma-tin au soir, nous pétrissions la pâte et faisions des petits pains et des craquelins. Les fenêtres de notre sous-sol donnaient dans une fosse creusée devant, dont la paroi était en briques, vertes d’humidité ; les vitres étaient garnies au dehors d’un épais filet de fer, et la clarté du soleil ne pouvait parvenir jusqu’à nous à travers les car-reaux couverts de poussière de farine. Notre patron avait condamné les fenêtres avec du fer, afin que nous ne puissions pas donner un morceau de son pain aux men-diants, et à ceux de nos camarades qui vivaient sans tra-vail, et souffraient la faim ; notre patron nous appelait des filous, et nous donnait au dîner des tripes pourries en guise de viande...
Nous nous sentions à l’étroit et nous étouffions à vivre dans une boîte en pierre, sous un plafond bas et lourd, chargé de suie et de toiles d’araignée. Nous nous sentions oppressés et angoissés, entre les murs épais, tout ornés de taches de boue et de moisissure... Nous nous levions à cinq heures du matin, sans avoir eu le temps de dormir notre content, et — mornes, indifférents, — à six heures nous nous mettions à une table pour faire les cra-quelins avec la pâte que nos camarades avaient préparée pendant que nous dormions encore. Et toute la journée jusqu’à dix heures du soir, les uns restaient à la table, roulaient avec les mains la pâte élastique et se balan-çaient légèrement pour ne pas s’engourdir, tandis que les autres pétrissaient la farine avec l’eau. Et toute la jour-née, ronronnait, d’un ton rêveur et mélancolique, l’eau qui bouillait dans la marmite, où cuisaient les craque-lins ; la pelle du brigadier faisait un bruit de frottement irrité et rapide sur le bas du four, jetait les morceaux glissants de pâte cuite sur la brique chauffée. Du matin au soir le bois brûlait d’un côté du four, et le reflet rouge de la flamme tremblotait sur le mur de l’atelier, comme si, tacitement, il se moquait de nous. L’énorme four semblait la tête difforme d’un monstre fantastique, telle que si elle se fût dressée de dessus le plancher, ouvrant une large gueule, pleine d’un feu éclatant, dont elle souf-flait sur nous la chaleur, et regardant notre interminable travail avec les deux cavités noires des bouches de cha-leur placées sur son front.

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Extrait: Nous étions vingt-six, — vingt-six machines vi-vantes, enfermées dans un sous-sol humide, où, du ma-tin au soir, nous pétrissions la pâte et faisions des petits pains et des craquelins. Les fenêtres de notre sous-sol donnaient dans une fosse creusée devant, dont la paroi était en briques, vertes d’humidité ; les vitres étaient garnies au dehors d’un épais filet de fer, et la clarté du soleil ne pouvait parvenir jusqu’à nous à travers les car-reaux couverts de poussière de farine. Notre patron avait condamné les fenêtres avec du fer, afin que nous ne puissions pas donner un morceau de son pain aux men-diants, et à ceux de nos camarades qui vivaient sans tra-vail, et souffraient la faim ; notre patron nous appelait des filous, et nous donnait au dîner des tripes pourries en guise de viande...
Nous nous sentions à l’étroit et nous étouffions à vivre dans une boîte en pierre, sous un plafond bas et lourd, chargé de suie et de toiles d’araignée. Nous nous sentions oppressés et angoissés, entre les murs épais, tout ornés de taches de boue et de moisissure... Nous nous levions à cinq heures du matin, sans avoir eu le temps de dormir notre content, et — mornes, indifférents, — à six heures nous nous mettions à une table pour faire les cra-quelins avec la pâte que nos camarades avaient préparée pendant que nous dormions encore. Et toute la journée jusqu’à dix heures du soir, les uns restaient à la table, roulaient avec les mains la pâte élastique et se balan-çaient légèrement pour ne pas s’engourdir, tandis que les autres pétrissaient la farine avec l’eau. Et toute la jour-née, ronronnait, d’un ton rêveur et mélancolique, l’eau qui bouillait dans la marmite, où cuisaient les craque-lins ; la pelle du brigadier faisait un bruit de frottement irrité et rapide sur le bas du four, jetait les morceaux glissants de pâte cuite sur la brique chauffée. Du matin au soir le bois brûlait d’un côté du four, et le reflet rouge de la flamme tremblotait sur le mur de l’atelier, comme si, tacitement, il se moquait de nous. L’énorme four semblait la tête difforme d’un monstre fantastique, telle que si elle se fût dressée de dessus le plancher, ouvrant une large gueule, pleine d’un feu éclatant, dont elle souf-flait sur nous la chaleur, et regardant notre interminable travail avec les deux cavités noires des bouches de cha-leur placées sur son front.

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