Author: | Paul Féval | ISBN: | 1230003147139 |
Publisher: | V. Palmé (Paris) 1882 | Publication: | March 22, 2019 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Paul Féval |
ISBN: | 1230003147139 |
Publisher: | V. Palmé (Paris) 1882 |
Publication: | March 22, 2019 |
Imprint: | |
Language: | French |
AURAI-JE le temps d’écrire mes chères légendes des saints de Bretagne recherchées par moi avec tant d’amour ? Les jours passent, allongeant derrière moi l’horizon de la vie, si court désormais au-devant de mes pas.
Voici déjà bien des années que nous allâmes à deux, mon savant ami et moi, visiter la merveille du pays Léonais, au département du Finistère : la grande chapelle dédiée à Marie-Immaculée, sous l’invocation du Fou du bois (Folgoat). Mon ami, M. de K., portait en bandoulière la Vie des Saints de la Bretagne-Armorique, par le bon Fr. Albert Legrand, de Morlaix, œuvre naïve, mais non point irréprochable, que M. de K. lui-même avait enrichie de notes curieuses contenant tout un trésor d’érudition locale.
Il était vieux déjà, mais il avait la gaieté des cœurs chrétiens. Il savait son pays comme d’autres connaissent leur chambre à coucher, et semblable à un livre dont les pages parleraient, il laissait déborder hors de lui les annales si attachantes de ces contrées fidèles.
C’était par un beau matin du mois d’août ; le ciel revêche de la campagne bretonne avait fait toilette, et de l’horizon mystérieusement allumé vers l’Orient, le soleil, encore invisible, envoyait des reflets roses aux cimes de la montagne du Salut. Les attelages du travail allaient déjà par les chemins, la chanson en langue celtique perçait la haie de houx et d’aubépine, forte comme Un rempart, et de temps en temps le rire aigu des fillettes qui se moquaient de nous bonnement arrivait à travers les ajoncs. La lande a belle odeur par ces chaudes matinées ; la bruyère exhale un parfum qui ressemble à l’encens brûlé ; la voix du clocher appelant pour l’Angélus de six heures se mêle bien au meuglement des bœufs, écrasant d’un pas lourd le chemin des champs labourables.
AURAI-JE le temps d’écrire mes chères légendes des saints de Bretagne recherchées par moi avec tant d’amour ? Les jours passent, allongeant derrière moi l’horizon de la vie, si court désormais au-devant de mes pas.
Voici déjà bien des années que nous allâmes à deux, mon savant ami et moi, visiter la merveille du pays Léonais, au département du Finistère : la grande chapelle dédiée à Marie-Immaculée, sous l’invocation du Fou du bois (Folgoat). Mon ami, M. de K., portait en bandoulière la Vie des Saints de la Bretagne-Armorique, par le bon Fr. Albert Legrand, de Morlaix, œuvre naïve, mais non point irréprochable, que M. de K. lui-même avait enrichie de notes curieuses contenant tout un trésor d’érudition locale.
Il était vieux déjà, mais il avait la gaieté des cœurs chrétiens. Il savait son pays comme d’autres connaissent leur chambre à coucher, et semblable à un livre dont les pages parleraient, il laissait déborder hors de lui les annales si attachantes de ces contrées fidèles.
C’était par un beau matin du mois d’août ; le ciel revêche de la campagne bretonne avait fait toilette, et de l’horizon mystérieusement allumé vers l’Orient, le soleil, encore invisible, envoyait des reflets roses aux cimes de la montagne du Salut. Les attelages du travail allaient déjà par les chemins, la chanson en langue celtique perçait la haie de houx et d’aubépine, forte comme Un rempart, et de temps en temps le rire aigu des fillettes qui se moquaient de nous bonnement arrivait à travers les ajoncs. La lande a belle odeur par ces chaudes matinées ; la bruyère exhale un parfum qui ressemble à l’encens brûlé ; la voix du clocher appelant pour l’Angélus de six heures se mêle bien au meuglement des bœufs, écrasant d’un pas lourd le chemin des champs labourables.