Author: | Alexandra Bouge | ISBN: | 1230000116880 |
Publisher: | Alexandra Bouge | Publication: | August 22, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Alexandra Bouge |
ISBN: | 1230000116880 |
Publisher: | Alexandra Bouge |
Publication: | August 22, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
Slam et street art parlent de personnages qui vivent à Belleville, lieu chargé d'histoire, riche de peuples qui viennent de toutes parts et confrontés parfois à des situations extrêmes.
Une œuvre abrupte, fragmentaire, composées de cris et de tags, graphismes, collages, photos (superbes) qui renoue finalement avec le mouvement Dada, lequel était né du dégoût de la guerre (la grande), 14-18. UNE NUIT À BELLEVILLE, c’est mon exploration des bas-fonds contemporains, des marges où survivent les exilés illégaux. C’est noir, tragique, insupportable, réel, surréel, violent ; il y a parfois de l’amour, de l’espoir, de la chaleur, de la beauté dans ces instants de vie saisis.
Les photos et les graphismes sont superbes. Les grands noms du street art y figurent : Kouka, Ever, C215, FKDL, KASHINK, STOUL, Artiste Ouvrier, Madame Moustache, ORTINACODOODLES, GREGOS, CHANOIR, Nice Art...
Je compose mon œuvre en sélectionnant des bribes, des fragments, avec un sens aiguisé de l’image et de l’écriture. La puissance de la langue et du témoignage, transmue une réalité terrible en œuvre d’Art.
"Temps
Un temps usurpé,
Enlevé des filets aux grosses tresses (plié),
Tenu par les mains aux doigts noueux, pointus, desquels s’égoutte quelques gouttes de sang sur l’eau de mer.
Temps frêle aux battements rapides et réguliers, caché, mis à l’abri en milieu protégé
Temps immobile.
Semence arrachée (puis jetée sur le pont glissant d’eau)
Terne et sombre,
Temps éparpillé
S’amassait dans la tasse de café et sur l’assiette cendrier.
Temps aligné sur les murs à la peinture effilochée,
Temps engouffré dans l’écran mat sans miroir,
Absorbé par la moquette épaisse et nette,
Aspiré par la fumée de cigarettes,
Distillé à travers des passoires,
Dépouillé de sa mesure.
Temps régulier, recueilli, contenu,
Temps de l’oraison des voix troubles sans accent
Qui assourdissent ;
Opaque, au battement non retenu, clair, saccadé, sans timbre, rompu au moindre tressaillement.
Vallonné d'essais, minces espoirs de le changer
Avec des CV, lettres de motivation à tout va.
Temps parcouru de fantômes agressifs, indomptables, dépossédé de sa mémoire, la bâillonnent, la frappent à coups de pics, aux flèches grinçantes, la voilent de leurs ailettes, de débris de chair rance et sang coagulé
Recueillie et reflétée comme mine intarissable de richesse dans les yeux de l’étranger.
Aux mille facettes protectrices.
Temps mesuré au poids des pensées inscrites sur ce papier.
Temps décompté au salaire mensuel non déclaré et redistribué au moyen de revenus minimums d’insertion.
Temps du coucher au temps du lever, qui rétrécit, s’écarquille, se compacte en nœuds qui trouvent leur place dans les articulations et s’accrochent, se déplient en bouts de fils avalés par l’organisme."
Slam et street art parlent de personnages qui vivent à Belleville, lieu chargé d'histoire, riche de peuples qui viennent de toutes parts et confrontés parfois à des situations extrêmes.
Une œuvre abrupte, fragmentaire, composées de cris et de tags, graphismes, collages, photos (superbes) qui renoue finalement avec le mouvement Dada, lequel était né du dégoût de la guerre (la grande), 14-18. UNE NUIT À BELLEVILLE, c’est mon exploration des bas-fonds contemporains, des marges où survivent les exilés illégaux. C’est noir, tragique, insupportable, réel, surréel, violent ; il y a parfois de l’amour, de l’espoir, de la chaleur, de la beauté dans ces instants de vie saisis.
Les photos et les graphismes sont superbes. Les grands noms du street art y figurent : Kouka, Ever, C215, FKDL, KASHINK, STOUL, Artiste Ouvrier, Madame Moustache, ORTINACODOODLES, GREGOS, CHANOIR, Nice Art...
Je compose mon œuvre en sélectionnant des bribes, des fragments, avec un sens aiguisé de l’image et de l’écriture. La puissance de la langue et du témoignage, transmue une réalité terrible en œuvre d’Art.
"Temps
Un temps usurpé,
Enlevé des filets aux grosses tresses (plié),
Tenu par les mains aux doigts noueux, pointus, desquels s’égoutte quelques gouttes de sang sur l’eau de mer.
Temps frêle aux battements rapides et réguliers, caché, mis à l’abri en milieu protégé
Temps immobile.
Semence arrachée (puis jetée sur le pont glissant d’eau)
Terne et sombre,
Temps éparpillé
S’amassait dans la tasse de café et sur l’assiette cendrier.
Temps aligné sur les murs à la peinture effilochée,
Temps engouffré dans l’écran mat sans miroir,
Absorbé par la moquette épaisse et nette,
Aspiré par la fumée de cigarettes,
Distillé à travers des passoires,
Dépouillé de sa mesure.
Temps régulier, recueilli, contenu,
Temps de l’oraison des voix troubles sans accent
Qui assourdissent ;
Opaque, au battement non retenu, clair, saccadé, sans timbre, rompu au moindre tressaillement.
Vallonné d'essais, minces espoirs de le changer
Avec des CV, lettres de motivation à tout va.
Temps parcouru de fantômes agressifs, indomptables, dépossédé de sa mémoire, la bâillonnent, la frappent à coups de pics, aux flèches grinçantes, la voilent de leurs ailettes, de débris de chair rance et sang coagulé
Recueillie et reflétée comme mine intarissable de richesse dans les yeux de l’étranger.
Aux mille facettes protectrices.
Temps mesuré au poids des pensées inscrites sur ce papier.
Temps décompté au salaire mensuel non déclaré et redistribué au moyen de revenus minimums d’insertion.
Temps du coucher au temps du lever, qui rétrécit, s’écarquille, se compacte en nœuds qui trouvent leur place dans les articulations et s’accrochent, se déplient en bouts de fils avalés par l’organisme."