Une joueuse

( Edition intégrale )

Fiction & Literature, Classics, Literary, Romance
Cover of the book Une joueuse by Adolphe Belot, Paris E. Dentu 1879
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Author: Adolphe Belot ISBN: 1230002368160
Publisher: Paris E. Dentu 1879 Publication: June 9, 2018
Imprint: Language: French
Author: Adolphe Belot
ISBN: 1230002368160
Publisher: Paris E. Dentu 1879
Publication: June 9, 2018
Imprint:
Language: French

Extrait: Un concert, qui devait être suivi d’un bal, avait lieu, le 12 février 187., chez X..., le plus ancien des agents de change de Paris.
X... est bien connu dans le monde artistique, dans le monde des affaires, et un peu dans tous les mondes. On le rencontre, chaque jour, descendant ou remontant à pied l’avenue des Champs-Élysées, et tenant à la main son parapluie, qu’il brandit comme une massue. On le voit à la Bourse, lorsqu’il s’y rend, ce qui est assez rare maintenant, sans cesse occupé à faire le tour de la corbeille, les jambes écartées, les mains dans ses poches. Il est si facile à reconnaître : une tête d’officier retraité, bronzée par le grand air, tout à la fois débonnaire et martiale, des cheveux demi-longs, sur le point de devenir blancs, des moustaches épaisses, une barbiche d’un gris plus soutenu que les cheveux. Il porte le chapeau de soie très-brillant, de côté et un peu en arrière, une jaquette bleue très-ajustée, un pardessus droit boutonné jusqu’en haut, un pantalon à demi bouffant, étroit dans le bas, à la hussarde.
Il se fait honneur, ou plutôt il fait honneur aux autres, car il a des goûts fort simples, de sa grande fortune honnêtement acquise, et il ouvre volontiers son hôtel, situé près du Cours-la-Reine, construit dans le style de la Renaissance, et très-apprécié des amateurs pour sa galerie de tableaux.
Mme X... aide son mari à remplir les devoirs de maître de maison. Elle passe pour avoir été fort jolie, et on est tenté de la trouver, encore aujourd’hui, aussi séduisante qu’elle l’était autrefois ; elle excelle à recevoir, et s’attache ses hôtes par sa bonne grâce et son affabilité.
X..., très-friand de concerts, invite à ses soirées quelques artistes, des musiciens surtout, mais l’aristocratie de la Bourse et de la Banque se trouve en majorité chez lui. Dans ce monde, beaucoup plus collet-monté qu’on ne le croit généralement, presque aussi exclusif que le faubourg Saint-Germain, les jolies femmes sont assez rares ; en revanche, les toilettes sont exquises, les bijoux nombreux et de grande valeur. C’est un monde qui s’amuse parfois, mais ce n’est pas le monde où l’on s’amuse, suivant l’expression d’un auteur dramatique. Les grandes cocodettes, aux allures excentriques, aux toilettes tapageuses, s’y trouvent mal à l’aise ; elles préfèrent les réunions de la haute bourgeoisie et du grand commerce, où elles font plus d’effet. Quant aux hommes, banquiers et agents, ils se montrent beaucoup moins farouches que leurs femmes, plus éclectiques, et, à de rares exceptions, ils n’ont pas l’orgueil des parvenus. Les variations de la Bourse les rendent philosophes : en songeant à ce qu’ils sont, ils songent à ce qu’ils pourraient être, un lendemain de liquidation. Le frottement autour de la corbeille, les relations professionnelles avec des clients qu’il faut ménager, les font liants, communicatifs, bons enfants.

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Extrait: Un concert, qui devait être suivi d’un bal, avait lieu, le 12 février 187., chez X..., le plus ancien des agents de change de Paris.
X... est bien connu dans le monde artistique, dans le monde des affaires, et un peu dans tous les mondes. On le rencontre, chaque jour, descendant ou remontant à pied l’avenue des Champs-Élysées, et tenant à la main son parapluie, qu’il brandit comme une massue. On le voit à la Bourse, lorsqu’il s’y rend, ce qui est assez rare maintenant, sans cesse occupé à faire le tour de la corbeille, les jambes écartées, les mains dans ses poches. Il est si facile à reconnaître : une tête d’officier retraité, bronzée par le grand air, tout à la fois débonnaire et martiale, des cheveux demi-longs, sur le point de devenir blancs, des moustaches épaisses, une barbiche d’un gris plus soutenu que les cheveux. Il porte le chapeau de soie très-brillant, de côté et un peu en arrière, une jaquette bleue très-ajustée, un pardessus droit boutonné jusqu’en haut, un pantalon à demi bouffant, étroit dans le bas, à la hussarde.
Il se fait honneur, ou plutôt il fait honneur aux autres, car il a des goûts fort simples, de sa grande fortune honnêtement acquise, et il ouvre volontiers son hôtel, situé près du Cours-la-Reine, construit dans le style de la Renaissance, et très-apprécié des amateurs pour sa galerie de tableaux.
Mme X... aide son mari à remplir les devoirs de maître de maison. Elle passe pour avoir été fort jolie, et on est tenté de la trouver, encore aujourd’hui, aussi séduisante qu’elle l’était autrefois ; elle excelle à recevoir, et s’attache ses hôtes par sa bonne grâce et son affabilité.
X..., très-friand de concerts, invite à ses soirées quelques artistes, des musiciens surtout, mais l’aristocratie de la Bourse et de la Banque se trouve en majorité chez lui. Dans ce monde, beaucoup plus collet-monté qu’on ne le croit généralement, presque aussi exclusif que le faubourg Saint-Germain, les jolies femmes sont assez rares ; en revanche, les toilettes sont exquises, les bijoux nombreux et de grande valeur. C’est un monde qui s’amuse parfois, mais ce n’est pas le monde où l’on s’amuse, suivant l’expression d’un auteur dramatique. Les grandes cocodettes, aux allures excentriques, aux toilettes tapageuses, s’y trouvent mal à l’aise ; elles préfèrent les réunions de la haute bourgeoisie et du grand commerce, où elles font plus d’effet. Quant aux hommes, banquiers et agents, ils se montrent beaucoup moins farouches que leurs femmes, plus éclectiques, et, à de rares exceptions, ils n’ont pas l’orgueil des parvenus. Les variations de la Bourse les rendent philosophes : en songeant à ce qu’ils sont, ils songent à ce qu’ils pourraient être, un lendemain de liquidation. Le frottement autour de la corbeille, les relations professionnelles avec des clients qu’il faut ménager, les font liants, communicatifs, bons enfants.

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