Author: | Prosper Mérimée | ISBN: | 1230000228316 |
Publisher: | Prosper Mérimée | Publication: | March 26, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Prosper Mérimée |
ISBN: | 1230000228316 |
Publisher: | Prosper Mérimée |
Publication: | March 26, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
EXTRAIT:
Le capitaine Ledoux était un bon marin. Il avait commencé par être simple
matelot, puis il devint aide-timonier. Au combat de Trafalgar, il eut la main
gauche fracassée par un éclat de bois ; il fut amputé, et congédié ensuite avec
de bons certificats. Le repos ne lui convenait guère, et, l'occasion de se
rembarquer se présentant, il servit, en qualité de second lieutenant, à bord
d'un corsaire. L'argent qu'il retira de quelques prises lui permit d'acheter des
livres et d'étudier la théorie de la navigation, dont il connaissait déjà
parfaitement la pratique. Avec le temps, il devint capitaine d'un lougre
corsaire de trois canons et de soixante hommes d'équipage, et les caboteurs de
Jersey conservent encore le souvenir de ses exploits. La paix le désola : il
avait amassé pendant la guerre une petite fortune, qu'il espérait augmenter aux
dépens des Anglais. Force lui fut d'offrir ses services à de pacifiques
négociants ; et, comme il était connu pour un homme de résolution et
d'expérience, on lui confia facilement un navire. Quand la traite des Nègres fut
défendue, et que, pour s'y livrer il fallut non seulement tromper la vigilance
des douaniers français, ce qui n'était pas très difficile, mais encore, et
c'était le plus hasardeux, échapper aux croiseurs anglais, le capitaine Ledoux
devint un homme précieux pour les trafiquants de bois d'ébène.
Bien différent de la plupart des marins qui ont langui longtemps comme lui dans
les postes subalternes, il n'avait point cette horreur profonde des innovations,
et cet esprit de routine qu'ils apportent trop souvent dans les grades
supérieurs. Le capitaine Ledoux, au contraire, avait été le premier à
recommander à son armateur l'usage des caisses en fer, destinées à contenir et
conserver l'eau. À son bord, les menottes et les chaînes, dont les bâtiments
négriers ont provision, étaient fabriquées d'après un système nouveau, et
soigneusement vernies pour les préserver de la rouille.
EXTRAIT:
Le capitaine Ledoux était un bon marin. Il avait commencé par être simple
matelot, puis il devint aide-timonier. Au combat de Trafalgar, il eut la main
gauche fracassée par un éclat de bois ; il fut amputé, et congédié ensuite avec
de bons certificats. Le repos ne lui convenait guère, et, l'occasion de se
rembarquer se présentant, il servit, en qualité de second lieutenant, à bord
d'un corsaire. L'argent qu'il retira de quelques prises lui permit d'acheter des
livres et d'étudier la théorie de la navigation, dont il connaissait déjà
parfaitement la pratique. Avec le temps, il devint capitaine d'un lougre
corsaire de trois canons et de soixante hommes d'équipage, et les caboteurs de
Jersey conservent encore le souvenir de ses exploits. La paix le désola : il
avait amassé pendant la guerre une petite fortune, qu'il espérait augmenter aux
dépens des Anglais. Force lui fut d'offrir ses services à de pacifiques
négociants ; et, comme il était connu pour un homme de résolution et
d'expérience, on lui confia facilement un navire. Quand la traite des Nègres fut
défendue, et que, pour s'y livrer il fallut non seulement tromper la vigilance
des douaniers français, ce qui n'était pas très difficile, mais encore, et
c'était le plus hasardeux, échapper aux croiseurs anglais, le capitaine Ledoux
devint un homme précieux pour les trafiquants de bois d'ébène.
Bien différent de la plupart des marins qui ont langui longtemps comme lui dans
les postes subalternes, il n'avait point cette horreur profonde des innovations,
et cet esprit de routine qu'ils apportent trop souvent dans les grades
supérieurs. Le capitaine Ledoux, au contraire, avait été le premier à
recommander à son armateur l'usage des caisses en fer, destinées à contenir et
conserver l'eau. À son bord, les menottes et les chaînes, dont les bâtiments
négriers ont provision, étaient fabriquées d'après un système nouveau, et
soigneusement vernies pour les préserver de la rouille.