Author: | Pierre de Coubertin | ISBN: | 1230002583372 |
Publisher: | Jules Gervais, Libraire — Éditeur, Paris, 1887 | Publication: | September 28, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Pierre de Coubertin |
ISBN: | 1230002583372 |
Publisher: | Jules Gervais, Libraire — Éditeur, Paris, 1887 |
Publication: | September 28, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Les célèbres universités d’Oxford et de Cambridge ont de tout temps attiré les voyageurs ; on a décrit leurs monuments et classé leurs précieuses collections ; on s’est plu à redire aussi tout ce que le moyen âge a laissé de traces dans leur constitution intérieure et dans le cérémonial qu’on y observe ; et cela a conduit à les considérer comme des institutions surannées destinées à s’effondrer d’elles-mêmes dans un avenir assez prochain. C’est une erreur : là, plus que partout ailleurs, les Anglais, en qui l’esprit de tradition et l’esprit de nouveauté se trouvent à tel point mélangés, ont greffé le présent sur le passé et, derrière les façades vénérables religieusement conservées, ont bâti selon les exigences du confort moderne ; leurs collèges sont gothiques d’architecture ; un peu gothique aussi est leur enseignement, mais point du tout leur éducation à laquelle la vie universitaire sert de couronnement.
Cette existence peu connue ou peu appréciée en France, les notes qu’on va lire pourront peut-être en donner quelque idée ; si elles y parviennent, on leur pardonnera la forme familière et le style parfois un peu télégraphique que j’ai cru devoir leur laisser.
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
… Par une belle journée d’août, rien de plus charmant qu’Oxford ! Elle est, il est vrai, veuve de ses étudiants, mais n’a pas l’air d’une cité morte. Tout ensoleillée et pleine de parfums, elle semble plutôt goûter le repos de la sieste. Grâce à une brise légère qui tempère la chaleur, on ne se lasse pas d’errer dans ce dédale de merveilles ; à chaque pas, c’est quelque chose de nouveau ; le ciel bleu à travers une dentelle de pierre grise, une gargouille vétuste s’allongeant à l’angle d’un édifice, une tour, un clocher ou la masse d’une coupole imprévue surgissant tout à coup comme d’une boîte à surprises ; puis des ruelle mystérieuses, de sombres recoins, des escaliers tortueux et des cloîtres ouvrant leurs arceaux sculptés sur de grands jardins à l’aspect délicieusement frais.
Le chèvre-feuille grimpe aux façades et le lierre sur les pignons. Aux rebords des vieilles fenêtres gothiques, des paquets de fleurs mêlent leurs tons éclatants : elles égayent aussi la froide monotonie des constructions élevées par Christophe Wren, — le fameux architecte de Saint-Paul, — et dissimulent les pilastres noircis dont les pierres s’effritent, s’en vont par lambeaux, comme rongées par une maladie inconnue ; et, dans les parcs, elles dessinent sur les tapis de gazon de charmantes mosaïques.
Les célèbres universités d’Oxford et de Cambridge ont de tout temps attiré les voyageurs ; on a décrit leurs monuments et classé leurs précieuses collections ; on s’est plu à redire aussi tout ce que le moyen âge a laissé de traces dans leur constitution intérieure et dans le cérémonial qu’on y observe ; et cela a conduit à les considérer comme des institutions surannées destinées à s’effondrer d’elles-mêmes dans un avenir assez prochain. C’est une erreur : là, plus que partout ailleurs, les Anglais, en qui l’esprit de tradition et l’esprit de nouveauté se trouvent à tel point mélangés, ont greffé le présent sur le passé et, derrière les façades vénérables religieusement conservées, ont bâti selon les exigences du confort moderne ; leurs collèges sont gothiques d’architecture ; un peu gothique aussi est leur enseignement, mais point du tout leur éducation à laquelle la vie universitaire sert de couronnement.
Cette existence peu connue ou peu appréciée en France, les notes qu’on va lire pourront peut-être en donner quelque idée ; si elles y parviennent, on leur pardonnera la forme familière et le style parfois un peu télégraphique que j’ai cru devoir leur laisser.
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… Par une belle journée d’août, rien de plus charmant qu’Oxford ! Elle est, il est vrai, veuve de ses étudiants, mais n’a pas l’air d’une cité morte. Tout ensoleillée et pleine de parfums, elle semble plutôt goûter le repos de la sieste. Grâce à une brise légère qui tempère la chaleur, on ne se lasse pas d’errer dans ce dédale de merveilles ; à chaque pas, c’est quelque chose de nouveau ; le ciel bleu à travers une dentelle de pierre grise, une gargouille vétuste s’allongeant à l’angle d’un édifice, une tour, un clocher ou la masse d’une coupole imprévue surgissant tout à coup comme d’une boîte à surprises ; puis des ruelle mystérieuses, de sombres recoins, des escaliers tortueux et des cloîtres ouvrant leurs arceaux sculptés sur de grands jardins à l’aspect délicieusement frais.
Le chèvre-feuille grimpe aux façades et le lierre sur les pignons. Aux rebords des vieilles fenêtres gothiques, des paquets de fleurs mêlent leurs tons éclatants : elles égayent aussi la froide monotonie des constructions élevées par Christophe Wren, — le fameux architecte de Saint-Paul, — et dissimulent les pilastres noircis dont les pierres s’effritent, s’en vont par lambeaux, comme rongées par une maladie inconnue ; et, dans les parcs, elles dessinent sur les tapis de gazon de charmantes mosaïques.