Author: | Henriette de Witt | ISBN: | 1230002865904 |
Publisher: | Fishbacher (Paris) 1873 | Publication: | November 16, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Henriette de Witt |
ISBN: | 1230002865904 |
Publisher: | Fishbacher (Paris) 1873 |
Publication: | November 16, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
La nuit tombait rapidement, comme elle fait dans les pays chauds ; déjà les ombres s’épaississaient dans la demeure du juif Aquilas, et sa fille Miriam, debout auprès d’une table de marbre, allumait la lampe à sept becs dont la forme rappelait l’Orient et la patrie lointaine, jusque dans le Transtevère de Rome. Une femme, courbée par le travail plus que par les années, faisait les préparatifs d’un simple repas. Il suffisait d’un regard jeté sur l’esclave pour être assuré qu’elle n’appartenait pas à la même race que ses maîtres. Elle avait été ramenée captive des guerres en Bretagne ; son mari et ses enfants avaient été vendus comme elle ; son nouveau-né était encore dans ses bras lorsqu’elle fut achetée par Aquilas pour nourrir sa fille, dont la mère, Salomé, venait de succomber. La captive avait depuis lors vécu dans la maison du juif, ignorant le sort de ceux qui lui avaient été arrachés. Elle s’était attachée à Miriam ; son âme blessée avait reporté ses affections sur l’enfant adoptive ; tout en apprêtant le pain, les olives, le poisson séché, le flacon de vin, elle suivait des yeux la jeune fille, maintenant debout à la porte entr’ouverte, cherchant à pénétrer le crépuscule et à reconnaître, au milieu de la foule qui se heurtait dans les rues, le visage sévère, les cheveux déjà grisonnants et le pas pressé de son père.
« Miriam ! » dit une voix creuse et sombre. La jeune fille se retourna vivement. Son grand-père ne parlait jamais en vain : « Qu’attends-tu pour servir le souper ? demanda le vieillard ; la journée n’est-elle pas bientôt achevée ? Les heures s’écoulent lentement dans l’obscurité… et la tristesse, » ajouta-t-il plus bas.
Miriam avait attiré un siège et s’était assise à côté de son grand-père : « J’attends mon père, dit-elle, il s’est attardé dans ses affaires, et je regardais à la porte si je ne le voyais pas venir. Je crains toujours quelque tumulte dans les jours de fête ; la foule revenait tout à l’heure du cirque, enivrée et bruyante, comme elle l’est souvent au sortir de ces jeux cruels, et mon père portait sur lui des joyaux précieux…
« Silence, enfant, dit le vieil Éléazar, on ne parle pas de ces choses…. » Puis il reprit : « Ton père est calme et prudent : si le peuple était au cirque, les sénateurs s’y devaient rendre aussi : Crispus Fabius l’aura fait attendre entre ses affranchis, ses clients et ses esclaves… » Un amer mépris se faisait sentir sous les paroles du vieillard.
MIRIAM LA JUIVE. - DE L’AN DE JESUS-CHRIST 94 A L’AN 95.
UN APOTRE AU XVIE SIÈCLE. - — 1549-1551. —
MARTYRS ET HÉROS.
CAEN ET ROTTERDAM.
La nuit tombait rapidement, comme elle fait dans les pays chauds ; déjà les ombres s’épaississaient dans la demeure du juif Aquilas, et sa fille Miriam, debout auprès d’une table de marbre, allumait la lampe à sept becs dont la forme rappelait l’Orient et la patrie lointaine, jusque dans le Transtevère de Rome. Une femme, courbée par le travail plus que par les années, faisait les préparatifs d’un simple repas. Il suffisait d’un regard jeté sur l’esclave pour être assuré qu’elle n’appartenait pas à la même race que ses maîtres. Elle avait été ramenée captive des guerres en Bretagne ; son mari et ses enfants avaient été vendus comme elle ; son nouveau-né était encore dans ses bras lorsqu’elle fut achetée par Aquilas pour nourrir sa fille, dont la mère, Salomé, venait de succomber. La captive avait depuis lors vécu dans la maison du juif, ignorant le sort de ceux qui lui avaient été arrachés. Elle s’était attachée à Miriam ; son âme blessée avait reporté ses affections sur l’enfant adoptive ; tout en apprêtant le pain, les olives, le poisson séché, le flacon de vin, elle suivait des yeux la jeune fille, maintenant debout à la porte entr’ouverte, cherchant à pénétrer le crépuscule et à reconnaître, au milieu de la foule qui se heurtait dans les rues, le visage sévère, les cheveux déjà grisonnants et le pas pressé de son père.
« Miriam ! » dit une voix creuse et sombre. La jeune fille se retourna vivement. Son grand-père ne parlait jamais en vain : « Qu’attends-tu pour servir le souper ? demanda le vieillard ; la journée n’est-elle pas bientôt achevée ? Les heures s’écoulent lentement dans l’obscurité… et la tristesse, » ajouta-t-il plus bas.
Miriam avait attiré un siège et s’était assise à côté de son grand-père : « J’attends mon père, dit-elle, il s’est attardé dans ses affaires, et je regardais à la porte si je ne le voyais pas venir. Je crains toujours quelque tumulte dans les jours de fête ; la foule revenait tout à l’heure du cirque, enivrée et bruyante, comme elle l’est souvent au sortir de ces jeux cruels, et mon père portait sur lui des joyaux précieux…
« Silence, enfant, dit le vieil Éléazar, on ne parle pas de ces choses…. » Puis il reprit : « Ton père est calme et prudent : si le peuple était au cirque, les sénateurs s’y devaient rendre aussi : Crispus Fabius l’aura fait attendre entre ses affranchis, ses clients et ses esclaves… » Un amer mépris se faisait sentir sous les paroles du vieillard.
MIRIAM LA JUIVE. - DE L’AN DE JESUS-CHRIST 94 A L’AN 95.
UN APOTRE AU XVIE SIÈCLE. - — 1549-1551. —
MARTYRS ET HÉROS.
CAEN ET ROTTERDAM.