Author: | Henri Beraldi, Émile Goudeau | ISBN: | 9782346083893 |
Publisher: | Collection XIX | Publication: | July 1, 2016 |
Imprint: | Collection XIX | Language: | French |
Author: | Henri Beraldi, Émile Goudeau |
ISBN: | 9782346083893 |
Publisher: | Collection XIX |
Publication: | July 1, 2016 |
Imprint: | Collection XIX |
Language: | French |
A Paris, le besoin de consommer naît avec le jour et ne prend fin qu’avec la nuit : dès l’aurore, la gueule — ainsi disaient nos pères — est ouverte, qui n’est point encore refermée aux ténèbres. Ou mieux, ce besoin d’une si miraculeuse intensité ne commence ni ne finit : cycle ininterrompu s’enroulant sur lui-même, à l’instar du symbolique serpent, ce consommateur singulier qui se mord éternellement la queue.
A l’heure ultra-matinale où le fiacre suprême, la dernière voiture de cercle, ramène au logis le joueur décavé qui, se remémorant les abatages manqués et les mauvais tirages à cinq, sent naître en lui à la fois un désespoir momentané, un sommeil vague entrecoupé de visions où le huit et le neuf jouent le premier rôle, et une soif ardente qu’il étanche avec le consommé froid ou le verre d’eau sucrée à peine aromatisé par une larme de wisky ou d’alcool de menthe ; à l’heure où quelque autre voiture reconduit à son logis l’amoureux attardé, dont la fatigue trahit enfin le courage, et qui, avant que d’entrer dans le lit de repos, le lit pour un, se réconforte d’un grand verre d’eau fraîche pris goulûment ; — à cette même heure, descendent vers leurs labeurs les ouvriers, maçons, charpentiers, débardeurs, forgerons, zingueurs, serruriers, tourneurs, tous les innombrables corps d’état qui font de Paris une vaste usine.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
A Paris, le besoin de consommer naît avec le jour et ne prend fin qu’avec la nuit : dès l’aurore, la gueule — ainsi disaient nos pères — est ouverte, qui n’est point encore refermée aux ténèbres. Ou mieux, ce besoin d’une si miraculeuse intensité ne commence ni ne finit : cycle ininterrompu s’enroulant sur lui-même, à l’instar du symbolique serpent, ce consommateur singulier qui se mord éternellement la queue.
A l’heure ultra-matinale où le fiacre suprême, la dernière voiture de cercle, ramène au logis le joueur décavé qui, se remémorant les abatages manqués et les mauvais tirages à cinq, sent naître en lui à la fois un désespoir momentané, un sommeil vague entrecoupé de visions où le huit et le neuf jouent le premier rôle, et une soif ardente qu’il étanche avec le consommé froid ou le verre d’eau sucrée à peine aromatisé par une larme de wisky ou d’alcool de menthe ; à l’heure où quelque autre voiture reconduit à son logis l’amoureux attardé, dont la fatigue trahit enfin le courage, et qui, avant que d’entrer dans le lit de repos, le lit pour un, se réconforte d’un grand verre d’eau fraîche pris goulûment ; — à cette même heure, descendent vers leurs labeurs les ouvriers, maçons, charpentiers, débardeurs, forgerons, zingueurs, serruriers, tourneurs, tous les innombrables corps d’état qui font de Paris une vaste usine.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.