Author: | Marie Bersier | ISBN: | 1230001684483 |
Publisher: | Fischbacher | Publication: | May 19, 2017 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Marie Bersier |
ISBN: | 1230001684483 |
Publisher: | Fischbacher |
Publication: | May 19, 2017 |
Imprint: | |
Language: | French |
Ce que vit un moineau de Paris
Il vit d’abord un gros chat, qui le saisit dans sa gueule, et dès sa première heure de vie libre, hors du nid, il se crut perdu sans rémission.
Mais, qui le croirait ? Minet n’avait que de bonnes intentions à l’égard de Pierrot ! Il ne le croqua point, ne serra point ses dents aiguës plus qu’il ne le fallait pour transporter délicatement l’oisillon aux pieds d’Élise, sa jeune maîtresse, qui s’écria, stupéfaite :
– Que m’apportes-tu là, Tigré ? un oiseau vivant !
Disons que Tigré ne connaissait pas cette fringale qui fait dévorer force souris et guetter traîtreusement les oiseaux aux chats qui n’appartiennent à personne ou à ceux que l’on affame pour en faire de bons chasseurs de la gent trotte-menu. Un moineau eût été un fin morceau pour un chat de cette espèce. Tigré était très bien élevé et très bien nourri. Il ne faisait dans les greniers et sur les toits que des promenades de pur agrément.....
Le grand voyage d’un petit chat raconté par lui-même
Me voici arrivé, enfin ! et sur les genoux de mes deux petites maîtresses, qui tour à tour me prennent et me caressent de leurs douces mains. On dirait qu’elles veulent me faire oublier toutes mes peines. Elles n’y parviendront pas. J’en ai trop gros sur le cœur. Cependant je recommence à faire mon ron ron, et à me sentir tout à fait confortable.
Bien que je ne sois pas un chat anglais, Pussy est mon nom. Quoique je préfère de beaucoup celui de Minet, il n’y a pas à discuter là-dessus. C’est une mode à présent de parler toutes les langues à la fois, à vous en casser la tête. Elles sont pourtant de belles et bonnes petites Françaises, les deux sœurs auxquelles j’appartiens. L’aînée s’appelle Doucette, la seconde Follette. Ce sont des surnoms, bien entendu, qui cachent leurs noms véritables, mais qui leur conviennent joliment bien !.....
Les trois barques
Trois petits garçons, trois bateaux. Une jolie rivière transparente descendant en pente douce dans la vallée. Sa source jaillit d’une grotte de la montagne.
À l’endroit où jouent les enfants, ses eaux s’étalent en un petit lac. Le lac est agité, les vagues dansent et ricochent sur les cailloux polis qu’elles ont amenés avec elles, de bien haut et de bien loin.
Ces bateaux sont très petits. Ils représentent des chaloupes, de celles qu’on attache au flanc des grands navires. Dans chacune d’elles se trouvent deux marins en vareuse bleue, qui n’ont pas encore vu la mer.
Ils en font la connaissance en ce moment même, car les enfants, vrais magiciens pour tout transformer à leur fantaisie, veulent aujourd’hui que cette rivière qui se déroule comme un ruban argenté au milieu des prés, dans cette vallée du Jura, et la petite anse tranquille qu’elle forme à leurs pieds se nomment l’Océan Atlantique. Deux de ces joujoux tout neufs, apportés par leur grand-père d’un bazar de Paris, doivent figurer les caravelles du grand Christophe Colomb......
Le ouistit
Pauvre petit ami ! La peine et le souci qu’il me donne m’attachent à lui chaque jour davantage. Cependant mes soins ne font que prolonger pour très peu de temps une vie trop fragile. Toute ma récompense, pour avoir sauvé cette petite bête de l’abandon et de la mort prochaine, sera le chagrin de la voir languir, puis mourir aux premières gelées d’hiver. Elle est la victime d’une fantaisie qui l’a prise à son pays natal, à son chaud climat. C’était si joli à rapporter de là-bas comme une curiosité.
Une curiosité ! c’en est une grande, si minuscule que soit mon singe. À tous les enfants de ma connaissance, à tous ceux que je rencontre, je voudrais montrer cette mignonne créature, et m’amuser de leurs regards étonnés. La petite Lina, la fille du papetier d’à côté, qui me monte tous les matins le Petit Journal, en a-t-elle ouvert les yeux, le premier jour ! Maintenant elle y est accoutumée, à mon ouistiti, et s’échappe pour venir jouer avec lui, sans toujours en demander la permission à sa maman.....
Casse-noisette
C’est la saison des noix, des noisettes, des amandes, de tous les fruits d’automne qui font le régal des écureuils. Si craintives et timides d’ordinaire, ces jolies petites bêtes, quand les prend la gourmandise, s’aventurent jusqu’aux lieux dangereux, où elles risquent leur vie, ou tout au moins leur liberté. Les noisettes mûrissent dans leurs bois écartés, mais on trouve meilleur ce qui a coûté quelque péril. Pour une noix, une amande, les écureuils se rapprochent des villages, des maisons de campagne, des jardins remplis d’enfants. Là, si les garçons pouvaient se douter de leur présence, ils leur feraient une fameuse chasse.
Ce matin même, j’ai vu un écureuil. Celui-là était bien extraordinaire. Il savait parler ! Quand il a compris qu’il n’avait rien à craindre de moi, que même je ne dirais à personne l’endroit où nous nous étions rencontrés, il s’est tout à fait rassuré et m’a raconté son histoire. Elle m’a vivement intéressé.....
Le cadeau de tante Élisabeth
On dit que les petites filles aiment, bien jeunes, à porter de jolies toilettes. J’en ai vu, hélas ! qui, dès l’âge de quatre ou cinq ans, minaudaient déjà devant une glace, s’y regardaient de haut en bas, par devant et par derrière, faisant des révérences en adressant mille grâces et mille sourires à la vaniteuse enfant qui, dans la glace, leur répondait.
Mais les petits garçons ont aussi leur vanité, qui l’aurait cru ? Avant d’être arrivé à l’âge où l’on surveille son menton pour y découvrir quelques poils follets, où l’on caresse une moustache imaginaire, où l’on met volontiers une cravate très voyante, la vanité, pour un garçon, consiste surtout à vouloir être habillé comme tout le monde.
Au fond, c’est la grosse question pour filles et garçons. – Être condamné à porter une robe, un chapeau, dont la forme inusitée pourrait faire retourner un passant et attirer les quolibets des camarades, c’est tout simplement un supplice intolérable.....
Le vieux voisin
Les petits enfants ont besoin des grands-pères, et les vieillards ne sauraient se passer des petits enfants. Ce sont deux aimants qui s’attirent.
Au cinquième étage d’une haute maison de Paris, une petite fille de neuf à dix mois danse sur les bras de sa bonne. Celle-ci joue du piano sur les vitres pour faire du bruit et amuser l’enfant, qui trouve l’après-midi longue. Il pleut à verse, on ne peut sortir. Appelons cette petite fille Mimi, si vous voulez. C’est ainsi qu’elle se nomme elle-même, car à cet âge si tendre, elle ne peut encore prononcer le nom de Marie.
Vis-à-vis s’élève une maison de même hauteur. Derrière les vitres du cinquième, se dessine le visage d’un vieux monsieur. Oh ! quelle bonne figure vénérable, aux yeux bleus souriants. Des cheveux blancs comme de l’argent l’encadrent. Mimi, qui trouve que sa bonne a assez tambouriné sur la vitre en chantant toujours la même ritournelle, et que cela devient ennuyeux, à la fin, l’aperçoit tout à coup. Elle interrompt son petit grognement maussade et sourit à cette apparition qui lui plaît tout de suite. Elle se risque même à lui envoyer un baiser, de sa petite main rosée et potelée......
Un vingt-quatre décembre
Cette longue route, toute blanche de neige, conduit, en montant un peu, d’un village d’Alsace à une grande forêt. On dirait que le brouillard qui descend va envelopper le monde et cacher toutes choses.
Deux petites formes s’avancent sur la route, elles vont vers les bois.
C’est du côté du village que vous devriez vous diriger, petits enfants. Il vous faut rentrer dans la chambre chaude de la tante Julie. Elle prend si grand soin de vous depuis qu’est morte votre jeune mère, il y a juste trois semaines aujourd’hui !
Mais non, ils veulent aller là-bas, vers la montagne sombre, rien ne les en empêchera. Le petit garçon, la petite fille marchent d’un pas bien résolu.....
Ce que vit un moineau de Paris
Il vit d’abord un gros chat, qui le saisit dans sa gueule, et dès sa première heure de vie libre, hors du nid, il se crut perdu sans rémission.
Mais, qui le croirait ? Minet n’avait que de bonnes intentions à l’égard de Pierrot ! Il ne le croqua point, ne serra point ses dents aiguës plus qu’il ne le fallait pour transporter délicatement l’oisillon aux pieds d’Élise, sa jeune maîtresse, qui s’écria, stupéfaite :
– Que m’apportes-tu là, Tigré ? un oiseau vivant !
Disons que Tigré ne connaissait pas cette fringale qui fait dévorer force souris et guetter traîtreusement les oiseaux aux chats qui n’appartiennent à personne ou à ceux que l’on affame pour en faire de bons chasseurs de la gent trotte-menu. Un moineau eût été un fin morceau pour un chat de cette espèce. Tigré était très bien élevé et très bien nourri. Il ne faisait dans les greniers et sur les toits que des promenades de pur agrément.....
Le grand voyage d’un petit chat raconté par lui-même
Me voici arrivé, enfin ! et sur les genoux de mes deux petites maîtresses, qui tour à tour me prennent et me caressent de leurs douces mains. On dirait qu’elles veulent me faire oublier toutes mes peines. Elles n’y parviendront pas. J’en ai trop gros sur le cœur. Cependant je recommence à faire mon ron ron, et à me sentir tout à fait confortable.
Bien que je ne sois pas un chat anglais, Pussy est mon nom. Quoique je préfère de beaucoup celui de Minet, il n’y a pas à discuter là-dessus. C’est une mode à présent de parler toutes les langues à la fois, à vous en casser la tête. Elles sont pourtant de belles et bonnes petites Françaises, les deux sœurs auxquelles j’appartiens. L’aînée s’appelle Doucette, la seconde Follette. Ce sont des surnoms, bien entendu, qui cachent leurs noms véritables, mais qui leur conviennent joliment bien !.....
Les trois barques
Trois petits garçons, trois bateaux. Une jolie rivière transparente descendant en pente douce dans la vallée. Sa source jaillit d’une grotte de la montagne.
À l’endroit où jouent les enfants, ses eaux s’étalent en un petit lac. Le lac est agité, les vagues dansent et ricochent sur les cailloux polis qu’elles ont amenés avec elles, de bien haut et de bien loin.
Ces bateaux sont très petits. Ils représentent des chaloupes, de celles qu’on attache au flanc des grands navires. Dans chacune d’elles se trouvent deux marins en vareuse bleue, qui n’ont pas encore vu la mer.
Ils en font la connaissance en ce moment même, car les enfants, vrais magiciens pour tout transformer à leur fantaisie, veulent aujourd’hui que cette rivière qui se déroule comme un ruban argenté au milieu des prés, dans cette vallée du Jura, et la petite anse tranquille qu’elle forme à leurs pieds se nomment l’Océan Atlantique. Deux de ces joujoux tout neufs, apportés par leur grand-père d’un bazar de Paris, doivent figurer les caravelles du grand Christophe Colomb......
Le ouistit
Pauvre petit ami ! La peine et le souci qu’il me donne m’attachent à lui chaque jour davantage. Cependant mes soins ne font que prolonger pour très peu de temps une vie trop fragile. Toute ma récompense, pour avoir sauvé cette petite bête de l’abandon et de la mort prochaine, sera le chagrin de la voir languir, puis mourir aux premières gelées d’hiver. Elle est la victime d’une fantaisie qui l’a prise à son pays natal, à son chaud climat. C’était si joli à rapporter de là-bas comme une curiosité.
Une curiosité ! c’en est une grande, si minuscule que soit mon singe. À tous les enfants de ma connaissance, à tous ceux que je rencontre, je voudrais montrer cette mignonne créature, et m’amuser de leurs regards étonnés. La petite Lina, la fille du papetier d’à côté, qui me monte tous les matins le Petit Journal, en a-t-elle ouvert les yeux, le premier jour ! Maintenant elle y est accoutumée, à mon ouistiti, et s’échappe pour venir jouer avec lui, sans toujours en demander la permission à sa maman.....
Casse-noisette
C’est la saison des noix, des noisettes, des amandes, de tous les fruits d’automne qui font le régal des écureuils. Si craintives et timides d’ordinaire, ces jolies petites bêtes, quand les prend la gourmandise, s’aventurent jusqu’aux lieux dangereux, où elles risquent leur vie, ou tout au moins leur liberté. Les noisettes mûrissent dans leurs bois écartés, mais on trouve meilleur ce qui a coûté quelque péril. Pour une noix, une amande, les écureuils se rapprochent des villages, des maisons de campagne, des jardins remplis d’enfants. Là, si les garçons pouvaient se douter de leur présence, ils leur feraient une fameuse chasse.
Ce matin même, j’ai vu un écureuil. Celui-là était bien extraordinaire. Il savait parler ! Quand il a compris qu’il n’avait rien à craindre de moi, que même je ne dirais à personne l’endroit où nous nous étions rencontrés, il s’est tout à fait rassuré et m’a raconté son histoire. Elle m’a vivement intéressé.....
Le cadeau de tante Élisabeth
On dit que les petites filles aiment, bien jeunes, à porter de jolies toilettes. J’en ai vu, hélas ! qui, dès l’âge de quatre ou cinq ans, minaudaient déjà devant une glace, s’y regardaient de haut en bas, par devant et par derrière, faisant des révérences en adressant mille grâces et mille sourires à la vaniteuse enfant qui, dans la glace, leur répondait.
Mais les petits garçons ont aussi leur vanité, qui l’aurait cru ? Avant d’être arrivé à l’âge où l’on surveille son menton pour y découvrir quelques poils follets, où l’on caresse une moustache imaginaire, où l’on met volontiers une cravate très voyante, la vanité, pour un garçon, consiste surtout à vouloir être habillé comme tout le monde.
Au fond, c’est la grosse question pour filles et garçons. – Être condamné à porter une robe, un chapeau, dont la forme inusitée pourrait faire retourner un passant et attirer les quolibets des camarades, c’est tout simplement un supplice intolérable.....
Le vieux voisin
Les petits enfants ont besoin des grands-pères, et les vieillards ne sauraient se passer des petits enfants. Ce sont deux aimants qui s’attirent.
Au cinquième étage d’une haute maison de Paris, une petite fille de neuf à dix mois danse sur les bras de sa bonne. Celle-ci joue du piano sur les vitres pour faire du bruit et amuser l’enfant, qui trouve l’après-midi longue. Il pleut à verse, on ne peut sortir. Appelons cette petite fille Mimi, si vous voulez. C’est ainsi qu’elle se nomme elle-même, car à cet âge si tendre, elle ne peut encore prononcer le nom de Marie.
Vis-à-vis s’élève une maison de même hauteur. Derrière les vitres du cinquième, se dessine le visage d’un vieux monsieur. Oh ! quelle bonne figure vénérable, aux yeux bleus souriants. Des cheveux blancs comme de l’argent l’encadrent. Mimi, qui trouve que sa bonne a assez tambouriné sur la vitre en chantant toujours la même ritournelle, et que cela devient ennuyeux, à la fin, l’aperçoit tout à coup. Elle interrompt son petit grognement maussade et sourit à cette apparition qui lui plaît tout de suite. Elle se risque même à lui envoyer un baiser, de sa petite main rosée et potelée......
Un vingt-quatre décembre
Cette longue route, toute blanche de neige, conduit, en montant un peu, d’un village d’Alsace à une grande forêt. On dirait que le brouillard qui descend va envelopper le monde et cacher toutes choses.
Deux petites formes s’avancent sur la route, elles vont vers les bois.
C’est du côté du village que vous devriez vous diriger, petits enfants. Il vous faut rentrer dans la chambre chaude de la tante Julie. Elle prend si grand soin de vous depuis qu’est morte votre jeune mère, il y a juste trois semaines aujourd’hui !
Mais non, ils veulent aller là-bas, vers la montagne sombre, rien ne les en empêchera. Le petit garçon, la petite fille marchent d’un pas bien résolu.....