Nouveaux Contes à Ninon (Annotée)

Fiction & Literature, Short Stories, Classics, Historical
Cover of the book Nouveaux Contes à Ninon (Annotée) by Émile Zola, Consumer Oriented Ebooks Publisher
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Author: Émile Zola ISBN: 1230001941890
Publisher: Consumer Oriented Ebooks Publisher Publication: September 28, 2017
Imprint: Language: French
Author: Émile Zola
ISBN: 1230001941890
Publisher: Consumer Oriented Ebooks Publisher
Publication: September 28, 2017
Imprint:
Language: French

*Ce livre est annoté (il contient une biographie détaillée de l'auteur).
*Une table des matières actives a été ajoutée par l'éditeur pour une meilleure expérience client.
*Ce livre a été vérifié et corrigé des erreurs d'orthographe.

Extrait du Livre:

Il y a juste dix ans, ma chère âme, que je t’ai conté mes premiers contes. Quels beaux amoureux nous étions alors ! J’arrivais de cette terre de Provence, où j’ai grandi si libre, si confiant, si plein de tous les espoirs de la vie. J’étais à toi, à toi seule, à ta tendresse, à ton rêve.

Te souviens-tu, Ninon ? Le souvenir est aujourd’hui l’unique joie où mon cœur se repose. Jusqu’à vingt ans, nous avons battu ensemble les sentiers. J’entends tes petits pieds sur la terre dure, j’aperçois des bouts de ta jupe blanche au ras des herbes folles ; je sens ton haleine parmi de lointains souffles de sauge, qui m’arrivent comme des bouffées de jeunesse. Et les heures charmantes se précisent : c’était un matin, sur la berge, au bord de l’eau réveillée à peine, toute pure, toute rose des premières rougeurs du ciel ; c’était une après-midi, dans les arbres, dans un trou de feuilles, avec la campagne écrasée, dormant autour de nous, sans un frisson ; c’était un soir, au milieu d’un pré, lentement noyé sous le flot bleuâtre du crépuscule, qui coulait des coteaux ; c’était une nuit, marchant le long d’une route interminable, allant tous deux à l’inconnu, insoucieux des étoiles elles-mêmes, au seul bonheur de laisser la ville, de nous perdre loin, très-loin, au fond de l’ombre discrète. Te souviens-tu, Ninon ?

Quelle vie heureuse ! Nous étions lâchés dans l’amour, dans l’art, dans le songe. Il n’est pas de buisson qui n’ait caché nos baisers, étouffé nos causeries. Je t’emmenais, je te promenais, comme la vivante poésie de mon enfance. À nous deux, nous avions le ciel, la terre, et les arbres, et les eaux, jusqu’aux roches nues qui fermaient l’horizon. Il me semblait, à cet âge, qu’en ouvrant les bras, j’allais prendre toute la campagne sur ma poitrine, pour lui donner un baiser de paix. Je me sentais des forces, des désirs, des bontés de géant. Nos courses de gamins échappes, nos amours d’oiseaux libres, m’avaient inspiré un grand mépris du monde, une tranquille croyance aux seules énergies de la vie. Oui, c’est dans tes tendresses de toutes les heures, mon amie, que j’ai fait jadis cette provision de courage, dont mes compagnons, plus tard, se sont si souvent étonnés. Les illusions de nos cœurs étaient des armures d’acier fin, qui me protègent encore.

Je te quittai, je quittai cette Provence dont tu étais l’âme, et ce fut toi que, dès la veille de la lutte, j’invoquais comme une bonne sainte. Tu eus mon premier livre. Il était tout plein de ton être, tout parfumé du parfum de tes cheveux. Tu m’avais envoyé au combat, avec un baiser au front, en amante brave qui veut la victoire du soldat qu’elle aime. Et moi, je ne me souvenais toujours que de ce baiser, je ne pensais qu’à toi, je ne pouvais parler que de toi.

Dix ans se sont écoulés. Ah ! ma chère âme, que de tempêtes ont grondé, que d’eau noire, que de débâcles ont passé depuis ce temps sous les ponts croulants de mes rêves ! Dix ans de travaux forcés, dix ans d’amertume, de coups donnés et reçus, d’éternel combat ! J’ai le cœur et le cerveau tout balafrés de blessures. Si tu voyais ton amoureux de jadis, ce grand garçon souple qui rêvait de déplacer les montagnes d’une chiquenaude, si tu le voyais passer dans le jour blafard de Paris, la face terreuse, alourdi de lassitude, tu grelotterais, mapauvre Ninon, en regrettant les clairs soleils, les midis ardents, éteints à jamais. Certains soirs, je suis si brisé, que j’ai une envie lâche de m’asseoir au bord de la route, quitte à m’endormir pour toujours dans le fossé. Et sais-tu, Ninon, ce qui me pousse sans cesse en avant, ce qui me rend du cœur, à chaque faiblesse ? C’est ta voix, ma bien-aimée, ta voix lointaine, ton filet de voix pure qui me crie mes serments.

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*Ce livre est annoté (il contient une biographie détaillée de l'auteur).
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*Ce livre a été vérifié et corrigé des erreurs d'orthographe.

Extrait du Livre:

Il y a juste dix ans, ma chère âme, que je t’ai conté mes premiers contes. Quels beaux amoureux nous étions alors ! J’arrivais de cette terre de Provence, où j’ai grandi si libre, si confiant, si plein de tous les espoirs de la vie. J’étais à toi, à toi seule, à ta tendresse, à ton rêve.

Te souviens-tu, Ninon ? Le souvenir est aujourd’hui l’unique joie où mon cœur se repose. Jusqu’à vingt ans, nous avons battu ensemble les sentiers. J’entends tes petits pieds sur la terre dure, j’aperçois des bouts de ta jupe blanche au ras des herbes folles ; je sens ton haleine parmi de lointains souffles de sauge, qui m’arrivent comme des bouffées de jeunesse. Et les heures charmantes se précisent : c’était un matin, sur la berge, au bord de l’eau réveillée à peine, toute pure, toute rose des premières rougeurs du ciel ; c’était une après-midi, dans les arbres, dans un trou de feuilles, avec la campagne écrasée, dormant autour de nous, sans un frisson ; c’était un soir, au milieu d’un pré, lentement noyé sous le flot bleuâtre du crépuscule, qui coulait des coteaux ; c’était une nuit, marchant le long d’une route interminable, allant tous deux à l’inconnu, insoucieux des étoiles elles-mêmes, au seul bonheur de laisser la ville, de nous perdre loin, très-loin, au fond de l’ombre discrète. Te souviens-tu, Ninon ?

Quelle vie heureuse ! Nous étions lâchés dans l’amour, dans l’art, dans le songe. Il n’est pas de buisson qui n’ait caché nos baisers, étouffé nos causeries. Je t’emmenais, je te promenais, comme la vivante poésie de mon enfance. À nous deux, nous avions le ciel, la terre, et les arbres, et les eaux, jusqu’aux roches nues qui fermaient l’horizon. Il me semblait, à cet âge, qu’en ouvrant les bras, j’allais prendre toute la campagne sur ma poitrine, pour lui donner un baiser de paix. Je me sentais des forces, des désirs, des bontés de géant. Nos courses de gamins échappes, nos amours d’oiseaux libres, m’avaient inspiré un grand mépris du monde, une tranquille croyance aux seules énergies de la vie. Oui, c’est dans tes tendresses de toutes les heures, mon amie, que j’ai fait jadis cette provision de courage, dont mes compagnons, plus tard, se sont si souvent étonnés. Les illusions de nos cœurs étaient des armures d’acier fin, qui me protègent encore.

Je te quittai, je quittai cette Provence dont tu étais l’âme, et ce fut toi que, dès la veille de la lutte, j’invoquais comme une bonne sainte. Tu eus mon premier livre. Il était tout plein de ton être, tout parfumé du parfum de tes cheveux. Tu m’avais envoyé au combat, avec un baiser au front, en amante brave qui veut la victoire du soldat qu’elle aime. Et moi, je ne me souvenais toujours que de ce baiser, je ne pensais qu’à toi, je ne pouvais parler que de toi.

Dix ans se sont écoulés. Ah ! ma chère âme, que de tempêtes ont grondé, que d’eau noire, que de débâcles ont passé depuis ce temps sous les ponts croulants de mes rêves ! Dix ans de travaux forcés, dix ans d’amertume, de coups donnés et reçus, d’éternel combat ! J’ai le cœur et le cerveau tout balafrés de blessures. Si tu voyais ton amoureux de jadis, ce grand garçon souple qui rêvait de déplacer les montagnes d’une chiquenaude, si tu le voyais passer dans le jour blafard de Paris, la face terreuse, alourdi de lassitude, tu grelotterais, mapauvre Ninon, en regrettant les clairs soleils, les midis ardents, éteints à jamais. Certains soirs, je suis si brisé, que j’ai une envie lâche de m’asseoir au bord de la route, quitte à m’endormir pour toujours dans le fossé. Et sais-tu, Ninon, ce qui me pousse sans cesse en avant, ce qui me rend du cœur, à chaque faiblesse ? C’est ta voix, ma bien-aimée, ta voix lointaine, ton filet de voix pure qui me crie mes serments.

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