Maladies de l’esprit

Fiction & Literature, Classics, Historical
Cover of the book Maladies de l’esprit by Alphonse Esquiros, Alphonse Esquiros
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Author: Alphonse Esquiros ISBN: 1230000965439
Publisher: Alphonse Esquiros Publication: February 26, 2016
Imprint: Language: French
Author: Alphonse Esquiros
ISBN: 1230000965439
Publisher: Alphonse Esquiros
Publication: February 26, 2016
Imprint:
Language: French

EXTRAIT:

I.

Quand on entre pour la première fois dans un établissement d’aliénés, on se croit le jouet d’un rêve pénible : une pitié douloureuse, un effroi glacial vous oppressent. La raison doute d’elle-même et ne trouve plus sa route dans ce monde nouveau dont toutes les images sont bouleversées. Les aliénés ne ressemblent pas aux infirmes qu’on rencontre dans les autres établissemens, et chez lesquels le corps languit : ici c’est l’hôpital de l’ame. Regardez autour de vous : dans ces créatures effacées, l’ombre de l’homme, souvent même celle de l’animal, se montre à peine. La figure du monde est voilée pour elles ; les élémens de l’intelligence sont rentrés dans le chaos. Est-il une douleur égale à cette douleur infinie ? Nous sommes ici dans la cité lamentable. L’esprit a précédé ces êtres humains dans la mort ; ils existent, et ils ne vivent déjà plus. Le médecin passe, il parle d’eux devant eux, et ces malades l’écoutent sans le comprendre. Quelquefois la vanité accourt à sa rencontre et se drape coquettement dans quelques haillons pour attirer des regards qui se détournent tristement. Souvent encore ce sont chez les femmes, les plus chastes vertus de leur sexe qui succombent dans une lutte douloureuse avec le délire. On les voit affecter des poses et des gestes cyniques. Ces actes, dont la volonté est absente, sont parfois accompagnés des rougeurs pénibles de la honte. Que faire à de semblables maux ? Le médecin assiste dans le plus grand nombre des cas, témoin triste et impuissant, à un désordre qu’il n’est point au pouvoir de l’homme de réparer. Le penseur trouve un attrait mêlé d’amertume dans la contemplation de ces infirmités morales que la main de Dieu semble couvrir à dessein d’un voile impénétrable. Une curiosité inquiète et grave, unie à une compassion immense, nous entraîne comme malgré nous sur le bord de cet abîme où s’agitent toutes les calamités de l’esprit, et d’où sortent des accens de colère, des plaintes et des gémissemens.

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EXTRAIT:

I.

Quand on entre pour la première fois dans un établissement d’aliénés, on se croit le jouet d’un rêve pénible : une pitié douloureuse, un effroi glacial vous oppressent. La raison doute d’elle-même et ne trouve plus sa route dans ce monde nouveau dont toutes les images sont bouleversées. Les aliénés ne ressemblent pas aux infirmes qu’on rencontre dans les autres établissemens, et chez lesquels le corps languit : ici c’est l’hôpital de l’ame. Regardez autour de vous : dans ces créatures effacées, l’ombre de l’homme, souvent même celle de l’animal, se montre à peine. La figure du monde est voilée pour elles ; les élémens de l’intelligence sont rentrés dans le chaos. Est-il une douleur égale à cette douleur infinie ? Nous sommes ici dans la cité lamentable. L’esprit a précédé ces êtres humains dans la mort ; ils existent, et ils ne vivent déjà plus. Le médecin passe, il parle d’eux devant eux, et ces malades l’écoutent sans le comprendre. Quelquefois la vanité accourt à sa rencontre et se drape coquettement dans quelques haillons pour attirer des regards qui se détournent tristement. Souvent encore ce sont chez les femmes, les plus chastes vertus de leur sexe qui succombent dans une lutte douloureuse avec le délire. On les voit affecter des poses et des gestes cyniques. Ces actes, dont la volonté est absente, sont parfois accompagnés des rougeurs pénibles de la honte. Que faire à de semblables maux ? Le médecin assiste dans le plus grand nombre des cas, témoin triste et impuissant, à un désordre qu’il n’est point au pouvoir de l’homme de réparer. Le penseur trouve un attrait mêlé d’amertume dans la contemplation de ces infirmités morales que la main de Dieu semble couvrir à dessein d’un voile impénétrable. Une curiosité inquiète et grave, unie à une compassion immense, nous entraîne comme malgré nous sur le bord de cet abîme où s’agitent toutes les calamités de l’esprit, et d’où sortent des accens de colère, des plaintes et des gémissemens.

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