Author: | Paul Féval | ISBN: | 1230003148600 |
Publisher: | Paris ; Leipzig : F. Gerhard, 1856 | Publication: | March 23, 2019 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Paul Féval |
ISBN: | 1230003148600 |
Publisher: | Paris ; Leipzig : F. Gerhard, 1856 |
Publication: | March 23, 2019 |
Imprint: | |
Language: | French |
Les nuages couraient turbulents et sombres. Une bande d’azur pâle restait à l’horizon, sous le vent ; une bande bien étroite, que les grandes nuées voyageuses attaquaient déjà de leur estompe lourde. Ce n’était pas un ciel d’orage, c’était cette cohue de vapeurs qui roule et se mêle sur nos têtes aux méchants jours d’octobre, montrant et cachant tour à tour, par des trous qui s’ouvrent, qui se bouchent, qui se rouvrent pour se fermer encore, le bleu sévère du firmament sans soleil.
Les toits rougeâtres d’Aix-la-Chapelle, la vieille ville de Charlemagne, qui retrouve tous les ans un os de son empereur, ruisselaient de pluie ; les pavés pointus scintillaient au jour clair et faux des matinées pluvieuses ; toute cette eau répandue reflétait une lumière qui blessait l’œil et semblait venir d’en bas.
C’était de grand matin, vers six heures et demie ; le déluge effrayait les buveurs d’eau sulfureuse qui devancent le crépuscule, d’ordinaire, et viennent demander la santé à cette naïade, pourvue d’une haleine formidable, qui alimente la fontaine Élise. Les rues étaient désertes ; le vieux veilleur de nuit, bien plus antique que la cathédrale, venait de regagner son logis, et l’on n’entendait dans les rues que le bruit crépitant de l’averse, coupée de rafales brusques et folles.
Tout à coup, au milieu de cette solitude inondée, un être humain se montra sous un parapluie vert, tourmenté par le vent : c’était une femme. Elle portait un petit châle vert, que le parapluie n’avait pas suffisamment abrité, une robe verte trempée, et des brodequins verts qui se trémoussaient dans la boue.
Les nuages couraient turbulents et sombres. Une bande d’azur pâle restait à l’horizon, sous le vent ; une bande bien étroite, que les grandes nuées voyageuses attaquaient déjà de leur estompe lourde. Ce n’était pas un ciel d’orage, c’était cette cohue de vapeurs qui roule et se mêle sur nos têtes aux méchants jours d’octobre, montrant et cachant tour à tour, par des trous qui s’ouvrent, qui se bouchent, qui se rouvrent pour se fermer encore, le bleu sévère du firmament sans soleil.
Les toits rougeâtres d’Aix-la-Chapelle, la vieille ville de Charlemagne, qui retrouve tous les ans un os de son empereur, ruisselaient de pluie ; les pavés pointus scintillaient au jour clair et faux des matinées pluvieuses ; toute cette eau répandue reflétait une lumière qui blessait l’œil et semblait venir d’en bas.
C’était de grand matin, vers six heures et demie ; le déluge effrayait les buveurs d’eau sulfureuse qui devancent le crépuscule, d’ordinaire, et viennent demander la santé à cette naïade, pourvue d’une haleine formidable, qui alimente la fontaine Élise. Les rues étaient désertes ; le vieux veilleur de nuit, bien plus antique que la cathédrale, venait de regagner son logis, et l’on n’entendait dans les rues que le bruit crépitant de l’averse, coupée de rafales brusques et folles.
Tout à coup, au milieu de cette solitude inondée, un être humain se montra sous un parapluie vert, tourmenté par le vent : c’était une femme. Elle portait un petit châle vert, que le parapluie n’avait pas suffisamment abrité, une robe verte trempée, et des brodequins verts qui se trémoussaient dans la boue.