Les Précurseurs de la renaissance

( Edition intégrale ) illustré - annoté

Nonfiction, History, Reference, Study & Teaching, Renaissance, Civilization
Cover of the book Les Précurseurs de la renaissance by Eugène Müntz, Librairie de l’art (Paris) 1882
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Author: Eugène Müntz ISBN: 1230002999760
Publisher: Librairie de l’art (Paris) 1882 Publication: December 20, 2018
Imprint: Language: French
Author: Eugène Müntz
ISBN: 1230002999760
Publisher: Librairie de l’art (Paris) 1882
Publication: December 20, 2018
Imprint:
Language: French

CE n’est pas l’histoire des origines de la Renaissance que je présente au lecteur : retracer quelques-uns des épisodes qui caractérisent le mieux la reprise des études classiques, ces études qui ont renouvelé toutes les faces de la civilisation, telle est mon unique ambition. Sous le titre de Précurseurs, je comprends ceux qui en Italie, ou plus exactement en Toscane, ont pressenti et ceux qui ont préparé l’avènement des idées nouvelles, artistes, archéologues, amateurs, depuis le XIIIe jusqu’au XVe siècle, depuis Frédéric II et Nicolas de Pise, jusqu’à Laurent le Magnifique. Mon travail ne dépasse pas le moment où la Renaissance sort de la période des tâtonnements et des luttes pour entrer dans celle du développement normal et régulier : avec Mantègne, Léonard de Vinci, Michel-Ange et Raphael, l’ère des « chercheurs » prend fin ; celle des « trouveurs » commence ; par l’effet de leur génie, la Renaissance parvient en peu d’années à son complet épanouissement.
En comparant les progrès de la littérature à ceux de l’art, on ne peut s’empêcher de remarquer combien est variable et ondoyante l’influence que les milieux, pour nous servir d’un terme consacré, exercent sur les différentes formes de la pensée. L’écart se chiffre souvent par des siècles entiers. Parmi les grands noms qui personnifient le réveil des idées classiques, celui de Nicolas Pisano est le premier en date : le rénovateur de la statuaire italienne précède de près de soixante-dix ans les rénovateurs des humanités, Pétrarque et Boccace. Mais sa tentative était prématurée : bientôt, devant l’invasion du style gothique, le souvenir de l’antiquité se perd de nouveau dans le domaine des arts, tandis que, dans celui de la littérature, il acquiert de jour en jour plus d’intensité. Lorsque, au début du xve siècle, les deux géants florentins, Brunellesco et Donatello, essayent de remettre en honneur les préceptes de leurs prédécesseurs grecs et romains, la culture générale s’était singulièrement développée ; ils pourront s’appuyer, dans leur tentative, sur un ensemble de connaissances qui avait complétement fait défaut aux contemporains de Nicolas Pisano. La peinture, à son tour, sera en retard sur l’architecture et la sculpture : à Florence l’influence des modèles classiques ne s’y fait sentir que vers la fin du XVe siècle ; auparavant le naturalisme y domine.
J’ai cru nécessaire d’insister tout particulièrement dans ces recherches sur une classe de champions de la Renaissance qui a été jusqu’ici trop négligée par les historiens d’art, je veux parler des archéologues et des collectionneurs. Mes efforts n’auront pas été stériles si j’ai réussi à montrer quels services ils ont rendus à l’art vivant : telle des médailles ou des pierres gravées conquises pour leur cabinet a été reproduite à l’infini par les artistes de leur temps ; leurs études, en apparence si abstraites, ont fourni aux novateurs la base scientifique dont ils avaient besoin. Parmi ces auxiliaires les Médicis occupent naturellement la place d’honneur ; des documents inédits m’ont permis de restituer le magnifique ensemble de leur musée et de définir le rôle joué par cette famille illustre, à laquelle l’Europe doit sa première École des Beaux-Arts.

La Renaissance, plusieurs fois menacée à Florence même, n’était pas suffisamment affermie lors de la mort de Laurent le Magnifique, pour que Savonarole ne pût espérer d’avoir raison d’elle. Plusieurs années durant l’antiquité est de nouveau proscrite. Mais le courant ne tarda pas à emporter ce dernier obstacle : Savonarole tombe, et l’héritier des Médicis, le fils de Laurent, Léon X, consacre définitivement, dans l’ordre littéraire et artistique, le triomphe des idées classiques.

Quelque éclatante que soit la Renaissance du XVIe siècle, la période antérieure, celle que l’on désigne aujourd’hui sous le nom de première Renaissance, a droit, croyons-nous, à plus de sympathie, sinon à autant d’admiration. Tous les sentiments généreux se raniment au contact de l’antiquité. L’humanité redevient jeune en s’inspirant des souvenirs d’un passé déjà si lointain ; elle retrouve un idéal en regardant en arrière : la radieuse civilisation hellénique apparaît à ses yeux éblouis. Cependant si sa foi est ardente, si son enthousiasme est sans bornes, elle n’en sait pas moins se garder du défaut capital de la génération suivante : l’intolérance. Conciliation, progrès régulier et pacifique, tel est son mot d’ordre. En songeant aux excès du XVIe siècle, à la rapide décadence qui suivit l’âge d’or de la Renaissance, on regrette parfois de voir finir sitôt l’ère des Précurseurs.

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CE n’est pas l’histoire des origines de la Renaissance que je présente au lecteur : retracer quelques-uns des épisodes qui caractérisent le mieux la reprise des études classiques, ces études qui ont renouvelé toutes les faces de la civilisation, telle est mon unique ambition. Sous le titre de Précurseurs, je comprends ceux qui en Italie, ou plus exactement en Toscane, ont pressenti et ceux qui ont préparé l’avènement des idées nouvelles, artistes, archéologues, amateurs, depuis le XIIIe jusqu’au XVe siècle, depuis Frédéric II et Nicolas de Pise, jusqu’à Laurent le Magnifique. Mon travail ne dépasse pas le moment où la Renaissance sort de la période des tâtonnements et des luttes pour entrer dans celle du développement normal et régulier : avec Mantègne, Léonard de Vinci, Michel-Ange et Raphael, l’ère des « chercheurs » prend fin ; celle des « trouveurs » commence ; par l’effet de leur génie, la Renaissance parvient en peu d’années à son complet épanouissement.
En comparant les progrès de la littérature à ceux de l’art, on ne peut s’empêcher de remarquer combien est variable et ondoyante l’influence que les milieux, pour nous servir d’un terme consacré, exercent sur les différentes formes de la pensée. L’écart se chiffre souvent par des siècles entiers. Parmi les grands noms qui personnifient le réveil des idées classiques, celui de Nicolas Pisano est le premier en date : le rénovateur de la statuaire italienne précède de près de soixante-dix ans les rénovateurs des humanités, Pétrarque et Boccace. Mais sa tentative était prématurée : bientôt, devant l’invasion du style gothique, le souvenir de l’antiquité se perd de nouveau dans le domaine des arts, tandis que, dans celui de la littérature, il acquiert de jour en jour plus d’intensité. Lorsque, au début du xve siècle, les deux géants florentins, Brunellesco et Donatello, essayent de remettre en honneur les préceptes de leurs prédécesseurs grecs et romains, la culture générale s’était singulièrement développée ; ils pourront s’appuyer, dans leur tentative, sur un ensemble de connaissances qui avait complétement fait défaut aux contemporains de Nicolas Pisano. La peinture, à son tour, sera en retard sur l’architecture et la sculpture : à Florence l’influence des modèles classiques ne s’y fait sentir que vers la fin du XVe siècle ; auparavant le naturalisme y domine.
J’ai cru nécessaire d’insister tout particulièrement dans ces recherches sur une classe de champions de la Renaissance qui a été jusqu’ici trop négligée par les historiens d’art, je veux parler des archéologues et des collectionneurs. Mes efforts n’auront pas été stériles si j’ai réussi à montrer quels services ils ont rendus à l’art vivant : telle des médailles ou des pierres gravées conquises pour leur cabinet a été reproduite à l’infini par les artistes de leur temps ; leurs études, en apparence si abstraites, ont fourni aux novateurs la base scientifique dont ils avaient besoin. Parmi ces auxiliaires les Médicis occupent naturellement la place d’honneur ; des documents inédits m’ont permis de restituer le magnifique ensemble de leur musée et de définir le rôle joué par cette famille illustre, à laquelle l’Europe doit sa première École des Beaux-Arts.

La Renaissance, plusieurs fois menacée à Florence même, n’était pas suffisamment affermie lors de la mort de Laurent le Magnifique, pour que Savonarole ne pût espérer d’avoir raison d’elle. Plusieurs années durant l’antiquité est de nouveau proscrite. Mais le courant ne tarda pas à emporter ce dernier obstacle : Savonarole tombe, et l’héritier des Médicis, le fils de Laurent, Léon X, consacre définitivement, dans l’ordre littéraire et artistique, le triomphe des idées classiques.

Quelque éclatante que soit la Renaissance du XVIe siècle, la période antérieure, celle que l’on désigne aujourd’hui sous le nom de première Renaissance, a droit, croyons-nous, à plus de sympathie, sinon à autant d’admiration. Tous les sentiments généreux se raniment au contact de l’antiquité. L’humanité redevient jeune en s’inspirant des souvenirs d’un passé déjà si lointain ; elle retrouve un idéal en regardant en arrière : la radieuse civilisation hellénique apparaît à ses yeux éblouis. Cependant si sa foi est ardente, si son enthousiasme est sans bornes, elle n’en sait pas moins se garder du défaut capital de la génération suivante : l’intolérance. Conciliation, progrès régulier et pacifique, tel est son mot d’ordre. En songeant aux excès du XVIe siècle, à la rapide décadence qui suivit l’âge d’or de la Renaissance, on regrette parfois de voir finir sitôt l’ère des Précurseurs.

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