Les Maîtres sonneurs

Fiction & Literature, Classics, Historical
Cover of the book Les Maîtres sonneurs by George Sand, George Sand
View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart
Author: George Sand ISBN: 1230000228575
Publisher: George Sand Publication: March 27, 2014
Imprint: Language: French
Author: George Sand
ISBN: 1230000228575
Publisher: George Sand
Publication: March 27, 2014
Imprint:
Language: French

EXTRAIT:

 Première veillée.

Je ne suis point né d'hier, disait, en 1828, le père Étienne. Je suis venu en ce monde, autant que je peux croire, l'année 54 ou 55 du siècle passé. Mais, n'ayant pas grande souvenance de mes premiers ans, je ne vous parlerai de moi qu'à partir du temps de ma première communion, qui eut lieu en 70, à la paroisse de Saint-Chartier, pour lors desservie par monsieur l'abbé Montpérou, lequel est aujourd'hui bien sourd et bien cassé.

Ce n'est pas que notre paroisse de Nohant fût supprimée dans ce temps-là; mais notre curé étant mort, il y eut, pour un bout de temps, réunion des deux églises sous la conduite du prêtre de Saint-Chartier, et nous allions tous les jours à son catéchisme, moi, ma petite cousine, un gars appelé Joseph, qui demeurait en la même maison que mon oncle, et une douzaine d'autres enfants de chez nous.

Je dis mon oncle pour abréger, car il était mon grand-oncle, frère de ma grand'mère, et avait nom Brulet, d'où sa petite-fille, étant seule héritière de son lignage, était appelée Brulette, sans qu'on fît jamais mention de son nom de baptême, qui était Catherine.

Et pour vous dire tout de suite les choses comme elles étaient, je me sentais déjà d'aimer Brulette plus que je n'y étais obligé comme cousin, et j'étais jaloux de ce que Joseph demeurait avec elle dans un petit logis distant d'une portée de fusil des dernières maisons du bourg, et du mien d'un quart de lieue de pays: de manière qu'il la voyait à toute heure, et qu'avant le temps qui nous rassembla au catéchisme, je ne la voyais pas tous les jours.

Voici comment le grand-père à Brulette et la mère à Joseph demeuraient sous même chaume. La maison appartenait au vieux, et il en avait loué la plus petite moitié à cette femme veuve qui n'avait pas d'autre enfant. Elle s'appelait Marie Picot, et était encore mariable, car elle n'avait pas dépassé de grand chose la trentaine, et se ressouvenait bien, dans son visage et dans sa taille, d'avoir été une très jolie femme. On la traitait encore, par-ci, par-là, de la belle Mariton, ce qui ne lui déplaisait point, car elle eût souhaité se rétablir en ménage; mais n'ayant rien que son oeil vif et son parler clair, elle s'estimait heureuse de ne pas payer gros pour sa locature, et d'avoir pour propriétaire et pour voisin un vieux homme juste et secourable, qui ne la tourmentait guère et l'assistait souvent.

View on Amazon View on AbeBooks View on Kobo View on B.Depository View on eBay View on Walmart

EXTRAIT:

 Première veillée.

Je ne suis point né d'hier, disait, en 1828, le père Étienne. Je suis venu en ce monde, autant que je peux croire, l'année 54 ou 55 du siècle passé. Mais, n'ayant pas grande souvenance de mes premiers ans, je ne vous parlerai de moi qu'à partir du temps de ma première communion, qui eut lieu en 70, à la paroisse de Saint-Chartier, pour lors desservie par monsieur l'abbé Montpérou, lequel est aujourd'hui bien sourd et bien cassé.

Ce n'est pas que notre paroisse de Nohant fût supprimée dans ce temps-là; mais notre curé étant mort, il y eut, pour un bout de temps, réunion des deux églises sous la conduite du prêtre de Saint-Chartier, et nous allions tous les jours à son catéchisme, moi, ma petite cousine, un gars appelé Joseph, qui demeurait en la même maison que mon oncle, et une douzaine d'autres enfants de chez nous.

Je dis mon oncle pour abréger, car il était mon grand-oncle, frère de ma grand'mère, et avait nom Brulet, d'où sa petite-fille, étant seule héritière de son lignage, était appelée Brulette, sans qu'on fît jamais mention de son nom de baptême, qui était Catherine.

Et pour vous dire tout de suite les choses comme elles étaient, je me sentais déjà d'aimer Brulette plus que je n'y étais obligé comme cousin, et j'étais jaloux de ce que Joseph demeurait avec elle dans un petit logis distant d'une portée de fusil des dernières maisons du bourg, et du mien d'un quart de lieue de pays: de manière qu'il la voyait à toute heure, et qu'avant le temps qui nous rassembla au catéchisme, je ne la voyais pas tous les jours.

Voici comment le grand-père à Brulette et la mère à Joseph demeuraient sous même chaume. La maison appartenait au vieux, et il en avait loué la plus petite moitié à cette femme veuve qui n'avait pas d'autre enfant. Elle s'appelait Marie Picot, et était encore mariable, car elle n'avait pas dépassé de grand chose la trentaine, et se ressouvenait bien, dans son visage et dans sa taille, d'avoir été une très jolie femme. On la traitait encore, par-ci, par-là, de la belle Mariton, ce qui ne lui déplaisait point, car elle eût souhaité se rétablir en ménage; mais n'ayant rien que son oeil vif et son parler clair, elle s'estimait heureuse de ne pas payer gros pour sa locature, et d'avoir pour propriétaire et pour voisin un vieux homme juste et secourable, qui ne la tourmentait guère et l'assistait souvent.

More books from George Sand

Cover of the book Correspondance, 1812-1876 - Tome 5 by George Sand
Cover of the book Aldo le Rimeur by George Sand
Cover of the book Aldo le rimeur by George Sand
Cover of the book La Comtesse de Rudolstadt by George Sand
Cover of the book Cesarine Dietrich by George Sand
Cover of the book Nouvelles lettres d'un voyageur by George Sand
Cover of the book Leone Leoni by George Sand
Cover of the book Les Maîtres sonneurs by George Sand
Cover of the book ANDRÉ by George Sand
Cover of the book Valentine by George Sand
Cover of the book Pauline by George Sand
Cover of the book Autour de la Table by George Sand
Cover of the book Francois le Champi by George Sand
Cover of the book Correspondance, 1812-1876 - Tome 4 by George Sand
Cover of the book Le Marquis de Villemer by George Sand
We use our own "cookies" and third party cookies to improve services and to see statistical information. By using this website, you agree to our Privacy Policy