Author: | Lucien Biart | ISBN: | 1230002329123 |
Publisher: | A. Hennuyer (Paris) 1881 | Publication: | May 19, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Lucien Biart |
ISBN: | 1230002329123 |
Publisher: | A. Hennuyer (Paris) 1881 |
Publication: | May 19, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait: Quatre heures ! le jour baisse, on est en décembre 1868. Le lieutenant-colonel Georges de Lansac, assis depuis son déjeuner devant sa table de travail, se lève et recule d’un pas. La tête inclinée, il contemple avec satisfaction la carte topographique sur laquelle il vient de tracer une dernière ligne.
– Décidément, murmure-t-il, cette bataille d’Austerlitz avec ses marches, ses contre-marches, son coup de tonnerre final, est une merveille de stratégie, et ceux qui discutent le génie de Napoléon sont des sots.
Cet hommage rendu au capitaine dont, en sa qualité de soldat, il est l’admirateur passionné, le colonel gagne sa chambre pour s’habiller. L’entresol qu’il habite révèle par son arrangement les mœurs studieuses de son locataire. Partout des cartes, des plans, des armes. Peu d’objets futiles en dehors de boîtes de laque et de coffrets d’ivoire, peut-être rapportés de Chine.
Orphelin, célibataire, riche, le lieutenant-colonel de Lansac a trente-sept ans. Ancien élève de l’Ecole polytechnique, il a donné maintes preuves de ses capacités militaires sur le champ de bataille où il a conquis son dernier grade. Par ses relations de famille, Georges de Lansac a ses entrées partout. Cependant il fréquente peu les salons, et n’assiste aux fêtes officielles que lorsqu’il doit y accompagner le général André, qu’il seconde dans ses travaux de fortifications.
Avec ses yeux bleus, son nez droit, sa moustache blonde, son front uni, sa taille élégante, M. de Lansac paraît moins âgé qu’il ne l’est. Sérieux, réservé, il a néanmoins l’abord sympathique ; on ne le fréquente guère sans l’aimer, surtout sans l’estimer. Lorsque par hasard il paraît dans le monde, il recherche la société des femmes, bien qu’il se montre avec elles plutôt poli que galant. Les anciens amis du colonel ne lui ont jamais connu de liaison et le tiennent pour un homme exempt de faiblesses. La vérité, c’est qu’une passion malheureuse a troublé autrefois sa vie, que de cruelles déceptions ont déchiré son cœur et empreint son caractère d’une vague tristesse. Résolu à ne plus aimer, il se livre corps et âme aux études qu’exige son métier ; il est ambitieux.
Extrait: Quatre heures ! le jour baisse, on est en décembre 1868. Le lieutenant-colonel Georges de Lansac, assis depuis son déjeuner devant sa table de travail, se lève et recule d’un pas. La tête inclinée, il contemple avec satisfaction la carte topographique sur laquelle il vient de tracer une dernière ligne.
– Décidément, murmure-t-il, cette bataille d’Austerlitz avec ses marches, ses contre-marches, son coup de tonnerre final, est une merveille de stratégie, et ceux qui discutent le génie de Napoléon sont des sots.
Cet hommage rendu au capitaine dont, en sa qualité de soldat, il est l’admirateur passionné, le colonel gagne sa chambre pour s’habiller. L’entresol qu’il habite révèle par son arrangement les mœurs studieuses de son locataire. Partout des cartes, des plans, des armes. Peu d’objets futiles en dehors de boîtes de laque et de coffrets d’ivoire, peut-être rapportés de Chine.
Orphelin, célibataire, riche, le lieutenant-colonel de Lansac a trente-sept ans. Ancien élève de l’Ecole polytechnique, il a donné maintes preuves de ses capacités militaires sur le champ de bataille où il a conquis son dernier grade. Par ses relations de famille, Georges de Lansac a ses entrées partout. Cependant il fréquente peu les salons, et n’assiste aux fêtes officielles que lorsqu’il doit y accompagner le général André, qu’il seconde dans ses travaux de fortifications.
Avec ses yeux bleus, son nez droit, sa moustache blonde, son front uni, sa taille élégante, M. de Lansac paraît moins âgé qu’il ne l’est. Sérieux, réservé, il a néanmoins l’abord sympathique ; on ne le fréquente guère sans l’aimer, surtout sans l’estimer. Lorsque par hasard il paraît dans le monde, il recherche la société des femmes, bien qu’il se montre avec elles plutôt poli que galant. Les anciens amis du colonel ne lui ont jamais connu de liaison et le tiennent pour un homme exempt de faiblesses. La vérité, c’est qu’une passion malheureuse a troublé autrefois sa vie, que de cruelles déceptions ont déchiré son cœur et empreint son caractère d’une vague tristesse. Résolu à ne plus aimer, il se livre corps et âme aux études qu’exige son métier ; il est ambitieux.