Author: | Eugène Chavette (1827-1902) | ISBN: | 1230002399027 |
Publisher: | Paris : E. Flammarion, 1898 | Publication: | June 28, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Eugène Chavette (1827-1902) |
ISBN: | 1230002399027 |
Publisher: | Paris : E. Flammarion, 1898 |
Publication: | June 28, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait: Jamais la ville de Chartres n’avait vu une affluence de monde pareille à celle que renfermaient ses murs le 12 vendémiaire de l’an IX (4 octobre 1800).
Dans toutes les rues qui convergeaient vers la place publique, centre de la ville, se pressait une foule compacte, hâtive et bruyamment gaie.
Et si l’on s’étouffait ainsi en plein milieu de Chartres, c’était bien autre chose encore dans les faubourgs. Les entrées de la cité étaient pour ainsi dire barricadées, tant étaient nombreux les véhicules de toutes sortes qui avaient amené la masse de gens accourus, non seulement de la Beauce et du Gâtinais, mais encore du fin fond des départements voisins. Les premiers arrivés avaient bien trouvé à loger leurs voitures et chevaux dans les auberges; mais, comme chaque maison de Chartres eût-elle été une hôtellerie, le nombre en eût été encore insuffisant, il en était résulté que les auberges une fois archi-pleines, les autres arrivants avaient dû faire stationner leurs voitures, tout attelées, dans les rues, et la file, s’allongeant toujours, avait dépassé les portes de la ville pour aller obstruer les diverses routes d’un fouillis de charrettes, tombereaux, ânes, chevaux et bœufs; car, pour les huit dixièmes, tous ces envahisseurs de Chartres étaient gens de campagne.
C’était au milieu de cet encombrement, qui leur fermait le chemin, qu’avaient résolu de passer, quand même, trois cavaliers retardataires. Ces cavaliers, dont un précédait les autres, étaient vêtus en cultivateurs aisés; mais, à leur raideur sous ce costume, à leur prestance à cheval, à leurs visages à longues moustaches et surtout à certains détails du harnachement de leurs montures, un observateur eût facilement deviné que ces hommes étaient plutôt gens de guerre que de paix. Il y avait dans la voix de celui qui marchait en tête, quand il criait: «Place! place!» un accent qui trahissait l’habitude du commandement.
Aussi, à cette sommation de livrer passage, quand le plus récalcitrant s’était retourné et avait vu la mine quelque peu rébarbative des cavaliers, il comprenait aussitôt qu’à vouloir résister il serait le dindon de la farce et il s’empressait de dégager la voie.
Ce fut ainsi qu’à travers voitures et bêtes, qui lui barraient la route, le trio finit par pénétrer dans la ville.
Lorsqu’il a été dit que toutes les auberges de Chartres étaient bondées d’hommes et de bêtes, on aurait dû en excepter une dont l’enseigne en tôle, se balançant sur sa tringle, portait ces mots:.......
Extrait: Jamais la ville de Chartres n’avait vu une affluence de monde pareille à celle que renfermaient ses murs le 12 vendémiaire de l’an IX (4 octobre 1800).
Dans toutes les rues qui convergeaient vers la place publique, centre de la ville, se pressait une foule compacte, hâtive et bruyamment gaie.
Et si l’on s’étouffait ainsi en plein milieu de Chartres, c’était bien autre chose encore dans les faubourgs. Les entrées de la cité étaient pour ainsi dire barricadées, tant étaient nombreux les véhicules de toutes sortes qui avaient amené la masse de gens accourus, non seulement de la Beauce et du Gâtinais, mais encore du fin fond des départements voisins. Les premiers arrivés avaient bien trouvé à loger leurs voitures et chevaux dans les auberges; mais, comme chaque maison de Chartres eût-elle été une hôtellerie, le nombre en eût été encore insuffisant, il en était résulté que les auberges une fois archi-pleines, les autres arrivants avaient dû faire stationner leurs voitures, tout attelées, dans les rues, et la file, s’allongeant toujours, avait dépassé les portes de la ville pour aller obstruer les diverses routes d’un fouillis de charrettes, tombereaux, ânes, chevaux et bœufs; car, pour les huit dixièmes, tous ces envahisseurs de Chartres étaient gens de campagne.
C’était au milieu de cet encombrement, qui leur fermait le chemin, qu’avaient résolu de passer, quand même, trois cavaliers retardataires. Ces cavaliers, dont un précédait les autres, étaient vêtus en cultivateurs aisés; mais, à leur raideur sous ce costume, à leur prestance à cheval, à leurs visages à longues moustaches et surtout à certains détails du harnachement de leurs montures, un observateur eût facilement deviné que ces hommes étaient plutôt gens de guerre que de paix. Il y avait dans la voix de celui qui marchait en tête, quand il criait: «Place! place!» un accent qui trahissait l’habitude du commandement.
Aussi, à cette sommation de livrer passage, quand le plus récalcitrant s’était retourné et avait vu la mine quelque peu rébarbative des cavaliers, il comprenait aussitôt qu’à vouloir résister il serait le dindon de la farce et il s’empressait de dégager la voie.
Ce fut ainsi qu’à travers voitures et bêtes, qui lui barraient la route, le trio finit par pénétrer dans la ville.
Lorsqu’il a été dit que toutes les auberges de Chartres étaient bondées d’hommes et de bêtes, on aurait dû en excepter une dont l’enseigne en tôle, se balançant sur sa tringle, portait ces mots:.......