Author: | Gabriel Maurière | ISBN: | 1230000279835 |
Publisher: | JCA | Publication: | November 13, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Gabriel Maurière |
ISBN: | 1230000279835 |
Publisher: | JCA |
Publication: | November 13, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
L’homme, bardé de musettes, allait à grandes enjambées. Une canne tortueuse le devançait à chaque pas. Il était midi. La vie bourdonnante emplissait les haies ; le long du ruisseau, les peupliers dormaient, immobiles, le pied dans l’eau tiède. Derrière un pli de terrain, la maison haussait le dos, comme une bête gîtée qui se chauffe au soleil. Une lumière vive de juin enveloppait toute la terre ; à travers l’air surchauffé, le toit de tuiles tremblotait et la rumeur des oiseaux, des insectes, du travail universel, le ruissellement solaire, les lourdes odeurs, la sourde énergie qui coulait dans tous les êtres, semblaient se mêler en une profonde et sourde vibration. Les forces obscures de la vie jaillissaient de toutes parts : des fossés hypocrites où montaient des bulles, de toutes les hampes des graminées où se balançaient des insectes, des fleurs qui défaillaient sous le soleil, des horizons où gisait la forêt couchée.
Pierre Mazure s’arrêta net à la limite d’un fossé, cent mètres avant la maison. Devant lui, un espace vide d’obstacles, un dos de champ, tout hérissé de blé, dont les épis serrés striaient l’étendue et fatiguaient l’œil par leur papillotement. Au delà, la ferme disparaissait à demi, submergée par l’envahissement de la marée végétale. Sous sa carapace moussue, quelque chose vivait.
L’homme, bardé de musettes, allait à grandes enjambées. Une canne tortueuse le devançait à chaque pas. Il était midi. La vie bourdonnante emplissait les haies ; le long du ruisseau, les peupliers dormaient, immobiles, le pied dans l’eau tiède. Derrière un pli de terrain, la maison haussait le dos, comme une bête gîtée qui se chauffe au soleil. Une lumière vive de juin enveloppait toute la terre ; à travers l’air surchauffé, le toit de tuiles tremblotait et la rumeur des oiseaux, des insectes, du travail universel, le ruissellement solaire, les lourdes odeurs, la sourde énergie qui coulait dans tous les êtres, semblaient se mêler en une profonde et sourde vibration. Les forces obscures de la vie jaillissaient de toutes parts : des fossés hypocrites où montaient des bulles, de toutes les hampes des graminées où se balançaient des insectes, des fleurs qui défaillaient sous le soleil, des horizons où gisait la forêt couchée.
Pierre Mazure s’arrêta net à la limite d’un fossé, cent mètres avant la maison. Devant lui, un espace vide d’obstacles, un dos de champ, tout hérissé de blé, dont les épis serrés striaient l’étendue et fatiguaient l’œil par leur papillotement. Au delà, la ferme disparaissait à demi, submergée par l’envahissement de la marée végétale. Sous sa carapace moussue, quelque chose vivait.