Le Prince Nekhlioudov

Fiction & Literature, Literary Theory & Criticism, European, Russian
Cover of the book Le Prince Nekhlioudov by Léon Tolstoï, CP
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Author: Léon Tolstoï ISBN: 1230001503111
Publisher: CP Publication: January 12, 2017
Imprint: Language: French
Author: Léon Tolstoï
ISBN: 1230001503111
Publisher: CP
Publication: January 12, 2017
Imprint:
Language: French

Le prince Nekhlioudov avait dix-neuf ans quand il acheva sa troisième année à l’Université. Aux vacances d’été il alla dans ses terres, où il demeura jusqu’à l’automne. À cette époque, il écrivit à sa tante, la comtesse Beloretskaïa, qu’il considérait à la fois comme sa meilleure amie et la femme la plus remarquable du monde, la lettre suivante :

« Chère tante,

« J’ai pris une décision de laquelle doit dépendre ma destinée tout entière. J’abandonne l’Université et vais me consacrer à la vie rustique, pour laquelle je sens que je suis né. Pour Dieu, ma chère tante, n’allez pas vous moquer de moi ! Vous direz que je suis jeune. Peut-être, en effet, suis-je encore un enfant, mais cela ne m’empêche pas d’avoir conscience du penchant que j’ai à aimer le bien et à désirer le faire.

« Comme je vous l’ai déjà écrit, j’ai trouvé ma propriété dans le plus grand désordre. À force de chercher un remède à cette situation, j’ai acquis la certitude que le mal vient de la misère des moujiks : ce mal ne peut disparaître que par un long et patient travail. Si vous pouviez seulement voir deux de mes moujiks, David et Ivan, l’esprit de famille dont ils sont animés ! je suis certain que leur aspect vous convaincrait plus que tout ce que je pourrais vous dire. N’est-ce donc pas un devoir, un devoir sacré, que de s’occuper du bonheur de sept cents âmes dont j’aurai un jour à rendre compte devant Dieu ? Ne serait-ce pas pécher que de les abandonner plus longtemps à l’arbitraire de grossiers starostes et gérants ! Pourquoi chercher dans une autre sphère l’occasion d’être utile et de faire le bien quand j’ai devant moi une tâche aussi noble, une mission aussi glorieuse ! Je me sens capable d’être un bon maître, et pour l’être comme je le conçois, il n’est point besoin des diplômes et des grades que vous désirez tant me voir acquérir.

« Chère tante, renoncez aux projets ambitieux que vous aviez formés pour moi. Habituez-vous à l’idée que j’ai choisi ma voie, la bonne, celle qui, je le sens, me conduira au bonheur. Auparavant, j’ai beaucoup songé au devoir que je m’impose aujourd’hui. Je me suis fait une règle de conduite, et si Dieu me donne vie et force, je réussirai dans mon entreprise.

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Le prince Nekhlioudov avait dix-neuf ans quand il acheva sa troisième année à l’Université. Aux vacances d’été il alla dans ses terres, où il demeura jusqu’à l’automne. À cette époque, il écrivit à sa tante, la comtesse Beloretskaïa, qu’il considérait à la fois comme sa meilleure amie et la femme la plus remarquable du monde, la lettre suivante :

« Chère tante,

« J’ai pris une décision de laquelle doit dépendre ma destinée tout entière. J’abandonne l’Université et vais me consacrer à la vie rustique, pour laquelle je sens que je suis né. Pour Dieu, ma chère tante, n’allez pas vous moquer de moi ! Vous direz que je suis jeune. Peut-être, en effet, suis-je encore un enfant, mais cela ne m’empêche pas d’avoir conscience du penchant que j’ai à aimer le bien et à désirer le faire.

« Comme je vous l’ai déjà écrit, j’ai trouvé ma propriété dans le plus grand désordre. À force de chercher un remède à cette situation, j’ai acquis la certitude que le mal vient de la misère des moujiks : ce mal ne peut disparaître que par un long et patient travail. Si vous pouviez seulement voir deux de mes moujiks, David et Ivan, l’esprit de famille dont ils sont animés ! je suis certain que leur aspect vous convaincrait plus que tout ce que je pourrais vous dire. N’est-ce donc pas un devoir, un devoir sacré, que de s’occuper du bonheur de sept cents âmes dont j’aurai un jour à rendre compte devant Dieu ? Ne serait-ce pas pécher que de les abandonner plus longtemps à l’arbitraire de grossiers starostes et gérants ! Pourquoi chercher dans une autre sphère l’occasion d’être utile et de faire le bien quand j’ai devant moi une tâche aussi noble, une mission aussi glorieuse ! Je me sens capable d’être un bon maître, et pour l’être comme je le conçois, il n’est point besoin des diplômes et des grades que vous désirez tant me voir acquérir.

« Chère tante, renoncez aux projets ambitieux que vous aviez formés pour moi. Habituez-vous à l’idée que j’ai choisi ma voie, la bonne, celle qui, je le sens, me conduira au bonheur. Auparavant, j’ai beaucoup songé au devoir que je m’impose aujourd’hui. Je me suis fait une règle de conduite, et si Dieu me donne vie et force, je réussirai dans mon entreprise.

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