Author: | Mounir Fatmi | ISBN: | 9791090680050 |
Publisher: | StudioFatmi | Publication: | January 15, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Mounir Fatmi |
ISBN: | 9791090680050 |
Publisher: | StudioFatmi |
Publication: | January 15, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Mon père a perdu toutes ces dents, maintenant je peux le mordre.
Je vais essayer d’être très prudent dans mes réflexions et mes jugements. Les informations vont très vite.
On est en train de vivre une vitesse jamais égalée. Deux révolutions dans deux pays arabes où tout était figé dans le temps depuis plus de 35 ans. C’est comme si dieu, s’il existe, avait fait un arrêt sur image dans cette région du monde et avait oublié d’appuyer sur Play. Tant que le pétrole coulait à flot et qu’une pseudo stabilité politico-religieuse était installée, personne n’a vu ou voulu voir le malaise des sociétés arabes. C’est fou de se rendre compte tout à coup que, dans ces pays, il y a une population souvent très jeune, assoiffée de liberté, de démocratie et de justice. Finalement dieu vient de se rendre compte que la touche « pause sur image » du magnétoscope est toujours enfoncée. Panique. Je pense que suite à son erreur, il a appuyé sur le bouton « accélérer ». Les évènements se sont alors succédés tellement vite que les média sont commencé à parler du printemps arabe avant même l’arrivée du printemps.
Cela m’oblige à parler de l’image dans le monde arabe, en sautant toute une période postcoloniale de création d’hôpitaux de lavage de cerveaux - je veux dire des télévisions d’Etat - et à commencer directement par la
création en 1996 de la chaîne Al Jazeera au Qatar. Histoire. Une année avant, le fils Hamad ibn Khalifa Al Thani alors ministre de la défense destitue dans un coup d’état son père se trouvant alors en Suisse et prend le pouvoir. Je pense qu’on peut considérer cette date comme le début d’une nouvelle image du monde arabe. Une rupture avec le père et le lancement d’une chaîne de télévision. Soyons d’accord, je ne suis pas là en train de faire l’apologie de la chaîne Aljazeera, qui peut être critiquée sur plusieurs points. Mais, la révolte du printemps arabe aurait pris beaucoup plus de temps sans l’efficacité des réseaux sociaux et sans la diffusion d’Aljazeera auprès de plus de 40 millions de téléspectateurs dans le monde.
....
mounir fatmi,
Paris 14 mars 2011
Mon père a perdu toutes ces dents, maintenant je peux le mordre.
Je vais essayer d’être très prudent dans mes réflexions et mes jugements. Les informations vont très vite.
On est en train de vivre une vitesse jamais égalée. Deux révolutions dans deux pays arabes où tout était figé dans le temps depuis plus de 35 ans. C’est comme si dieu, s’il existe, avait fait un arrêt sur image dans cette région du monde et avait oublié d’appuyer sur Play. Tant que le pétrole coulait à flot et qu’une pseudo stabilité politico-religieuse était installée, personne n’a vu ou voulu voir le malaise des sociétés arabes. C’est fou de se rendre compte tout à coup que, dans ces pays, il y a une population souvent très jeune, assoiffée de liberté, de démocratie et de justice. Finalement dieu vient de se rendre compte que la touche « pause sur image » du magnétoscope est toujours enfoncée. Panique. Je pense que suite à son erreur, il a appuyé sur le bouton « accélérer ». Les évènements se sont alors succédés tellement vite que les média sont commencé à parler du printemps arabe avant même l’arrivée du printemps.
Cela m’oblige à parler de l’image dans le monde arabe, en sautant toute une période postcoloniale de création d’hôpitaux de lavage de cerveaux - je veux dire des télévisions d’Etat - et à commencer directement par la
création en 1996 de la chaîne Al Jazeera au Qatar. Histoire. Une année avant, le fils Hamad ibn Khalifa Al Thani alors ministre de la défense destitue dans un coup d’état son père se trouvant alors en Suisse et prend le pouvoir. Je pense qu’on peut considérer cette date comme le début d’une nouvelle image du monde arabe. Une rupture avec le père et le lancement d’une chaîne de télévision. Soyons d’accord, je ne suis pas là en train de faire l’apologie de la chaîne Aljazeera, qui peut être critiquée sur plusieurs points. Mais, la révolte du printemps arabe aurait pris beaucoup plus de temps sans l’efficacité des réseaux sociaux et sans la diffusion d’Aljazeera auprès de plus de 40 millions de téléspectateurs dans le monde.
....
mounir fatmi,
Paris 14 mars 2011