Le crime de Jean Malory

( Edition intégrale )

Mystery & Suspense, Espionage, Fiction & Literature, Action Suspense, Literary
Cover of the book Le crime de Jean Malory by Ernest Daudet, E. Dentu (Paris) 1877
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Author: Ernest Daudet ISBN: 1230002702124
Publisher: E. Dentu (Paris) 1877 Publication: October 18, 2018
Imprint: Language: French
Author: Ernest Daudet
ISBN: 1230002702124
Publisher: E. Dentu (Paris) 1877
Publication: October 18, 2018
Imprint:
Language: French

Le 8 septembre 1855, les armées alliées de la France, de l’Angleterre, de la Turquie et du Piémont, qui depuis un an environ, foulaient le sol de la Crimée, s’emparèrent de Sébastopol, après un siège héroïque. L’assaut avait commencé à midi. A trois heures, la tour Malakoff était à nous. Quelques instants avant la chute du jour, l’armée russe, débordée de toutes parts, opérait sa retraite et nous laissait maîtres de la place.
La nuit qui suivit le combat ne fut pas moins terrible que lui. Le canon ne grondait plus, mais l’air retentissait d’épouvantables bruits. En abandonnant la ville si longtemps et si vaillamment défendue par eux, les vaincus, comme leurs ancêtres à Moscou, avaient allumé un formidable incendie, afin de compléter l’œuvre dévastatrice de la mitraille qui, depuis onze mois, pleuvait quotidiennement sur leurs têtes, crachée par huit cents bouches à feu, et de ne laisser aux vainqueurs que la possession d’un amas de ruines. A chaque instant des explosions se faisaient entendre. Le ciel se colorait de sinistres lueurs. Des gerbes enflammées s’élevaient dans les nues obscures, au milieu de la fumée et des débris de toutes sortes. Les maisons s’effondraient. En maints endroits, le sol miné par les assiégeants, remué par les secousses du combat, s’entr’ouvrait béant. A ces détonations, qui se succédaient sans relâche depuis plusieurs heures, se joignaient les cris des blessés couchés parmi les morts, les hennissements des chevaux agonisants, le bruit de la marche pesante des bataillons qui prenaient position pour la nuit, l’entrée dans la ville conquise ne devant s’opérer que le lendemain matin. Des soldats, brisés par la fatigue, dormaient pour la plupart sur la terre nue, sous l’œil des sentinelles. Les plus robustes, résistant au sommeil, parlaient entre eux à voix basse. Çà et là, on voyait des groupes d’officiers de tous grades qui s’entretenaient des violentes péripéties de la journée, de son heureux résultat. Tous les hommes étaient graves, ainsi qu’il convient de l’être après l’accomplissement d’un grand et périlleux devoir. Les visages exprimaient la tristesse. Dans bien des yeux roulaient des larmes. Les ivresses de la victoire ont de cruels lendemains. A la joie du succès se mêlaient les regrets amers qu’éveillait dans tous les cœurs le spectacle de ce vaste champ de bataille, couvert de guerriers fauchés par la mort. A de fréquents intervalles, passaient des corvées portant les blessés sur des brancards et se dirigeant vers les ambulances. Les fronts se découvraient ; les vivants envoyaient aux victimes un hommage suprême dans un dernier adieu. Rien de plus lugubre et de plus grand à la fois que ce spectacle.

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Le 8 septembre 1855, les armées alliées de la France, de l’Angleterre, de la Turquie et du Piémont, qui depuis un an environ, foulaient le sol de la Crimée, s’emparèrent de Sébastopol, après un siège héroïque. L’assaut avait commencé à midi. A trois heures, la tour Malakoff était à nous. Quelques instants avant la chute du jour, l’armée russe, débordée de toutes parts, opérait sa retraite et nous laissait maîtres de la place.
La nuit qui suivit le combat ne fut pas moins terrible que lui. Le canon ne grondait plus, mais l’air retentissait d’épouvantables bruits. En abandonnant la ville si longtemps et si vaillamment défendue par eux, les vaincus, comme leurs ancêtres à Moscou, avaient allumé un formidable incendie, afin de compléter l’œuvre dévastatrice de la mitraille qui, depuis onze mois, pleuvait quotidiennement sur leurs têtes, crachée par huit cents bouches à feu, et de ne laisser aux vainqueurs que la possession d’un amas de ruines. A chaque instant des explosions se faisaient entendre. Le ciel se colorait de sinistres lueurs. Des gerbes enflammées s’élevaient dans les nues obscures, au milieu de la fumée et des débris de toutes sortes. Les maisons s’effondraient. En maints endroits, le sol miné par les assiégeants, remué par les secousses du combat, s’entr’ouvrait béant. A ces détonations, qui se succédaient sans relâche depuis plusieurs heures, se joignaient les cris des blessés couchés parmi les morts, les hennissements des chevaux agonisants, le bruit de la marche pesante des bataillons qui prenaient position pour la nuit, l’entrée dans la ville conquise ne devant s’opérer que le lendemain matin. Des soldats, brisés par la fatigue, dormaient pour la plupart sur la terre nue, sous l’œil des sentinelles. Les plus robustes, résistant au sommeil, parlaient entre eux à voix basse. Çà et là, on voyait des groupes d’officiers de tous grades qui s’entretenaient des violentes péripéties de la journée, de son heureux résultat. Tous les hommes étaient graves, ainsi qu’il convient de l’être après l’accomplissement d’un grand et périlleux devoir. Les visages exprimaient la tristesse. Dans bien des yeux roulaient des larmes. Les ivresses de la victoire ont de cruels lendemains. A la joie du succès se mêlaient les regrets amers qu’éveillait dans tous les cœurs le spectacle de ce vaste champ de bataille, couvert de guerriers fauchés par la mort. A de fréquents intervalles, passaient des corvées portant les blessés sur des brancards et se dirigeant vers les ambulances. Les fronts se découvraient ; les vivants envoyaient aux victimes un hommage suprême dans un dernier adieu. Rien de plus lugubre et de plus grand à la fois que ce spectacle.

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