le chaland de la reine

Nonfiction, History
Cover of the book le chaland de la reine by marguerite audoux, pp
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Author: marguerite audoux ISBN: 1230002062082
Publisher: pp Publication: December 24, 2017
Imprint: Language: French
Author: marguerite audoux
ISBN: 1230002062082
Publisher: pp
Publication: December 24, 2017
Imprint:
Language: French

           Le matin même, sa tante Maria l’avait battu en lui défendant d’aller au bord du fleuve. Elle disait tout en colère  :

            — Vous verrez que ce mauvais garçon finira par se noyer comme son père.

            Aussitôt qu’elle n’apercevait plus l’enfant, on l’entendait crier d’une voix perçante  :

            — Michel  ! Michel  !

            Toute la matinée, Michel était resté à pleurer et à bouder derrière la maison, mais vers le soir il s’était retrouvé sur le chemin de halage, sans savoir comment cela s’était fait.

            Il ne se lassait pas de voir passer les chalands qui remontaient ou descendaient le fleuve. En les voyant si lourds et si clos, il cherchait à deviner ce qu’ils pouvaient bien porter. Celui-ci, qui était gris, devait porter de la pierre  ; cet autre, tout noir, portait sûrement du fer, et ceux qui descendaient sans bruit au fil de l’eau lui paraissaient porter des nouvelles très secrètes.

            Il les suivait quelquefois très loin et les mariniers lui parlaient du milieu du fleuve. Ils voyaient bien qu’il ne ressemblait pas aux enfants du pays, et lui ne manquait jamais de dire qu’il était de Paris, et que sa maison était auprès du canal Saint-Martin.

            Il pensait sans cesse à ce canal de Paris où il avait été si heureux avec son père qui était employé au déchargement des bateaux.

            Il se souvenait des bonnes parties qu’il avait faites avec ses camarades dans les tas de sable que les chalands vidaient sur la berge.

            Parfois c’était de la brique qu’un bateau apportait  : alors il s’amusait à construire des maisons, qui s’écroulaient dès qu’un camion passait.

            Mais ce qui lui plaisait le plus c’étaient les poteries qu’on déchargeait avec soin  ; ces jours-là il n’avait pas envie de jouer, il restait à regarder les belles cruches à deux anses, les petits pots bleus et les tasses à fleur, qui étaient si jolies, qu’on avait toujours envie d’en emporter une sous son tablier  ; puis, quand le père avait fini sa journée, ils rentraient tous deux dans la chambre du sixième, d’où l’on voyait encore le canal  ; ils dînaient sur une petite table près de la fenêtre  ; lui, racontait ce qu’il avait fait à l’école, et le père l’encourageait.

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           Le matin même, sa tante Maria l’avait battu en lui défendant d’aller au bord du fleuve. Elle disait tout en colère  :

            — Vous verrez que ce mauvais garçon finira par se noyer comme son père.

            Aussitôt qu’elle n’apercevait plus l’enfant, on l’entendait crier d’une voix perçante  :

            — Michel  ! Michel  !

            Toute la matinée, Michel était resté à pleurer et à bouder derrière la maison, mais vers le soir il s’était retrouvé sur le chemin de halage, sans savoir comment cela s’était fait.

            Il ne se lassait pas de voir passer les chalands qui remontaient ou descendaient le fleuve. En les voyant si lourds et si clos, il cherchait à deviner ce qu’ils pouvaient bien porter. Celui-ci, qui était gris, devait porter de la pierre  ; cet autre, tout noir, portait sûrement du fer, et ceux qui descendaient sans bruit au fil de l’eau lui paraissaient porter des nouvelles très secrètes.

            Il les suivait quelquefois très loin et les mariniers lui parlaient du milieu du fleuve. Ils voyaient bien qu’il ne ressemblait pas aux enfants du pays, et lui ne manquait jamais de dire qu’il était de Paris, et que sa maison était auprès du canal Saint-Martin.

            Il pensait sans cesse à ce canal de Paris où il avait été si heureux avec son père qui était employé au déchargement des bateaux.

            Il se souvenait des bonnes parties qu’il avait faites avec ses camarades dans les tas de sable que les chalands vidaient sur la berge.

            Parfois c’était de la brique qu’un bateau apportait  : alors il s’amusait à construire des maisons, qui s’écroulaient dès qu’un camion passait.

            Mais ce qui lui plaisait le plus c’étaient les poteries qu’on déchargeait avec soin  ; ces jours-là il n’avait pas envie de jouer, il restait à regarder les belles cruches à deux anses, les petits pots bleus et les tasses à fleur, qui étaient si jolies, qu’on avait toujours envie d’en emporter une sous son tablier  ; puis, quand le père avait fini sa journée, ils rentraient tous deux dans la chambre du sixième, d’où l’on voyait encore le canal  ; ils dînaient sur une petite table près de la fenêtre  ; lui, racontait ce qu’il avait fait à l’école, et le père l’encourageait.

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