La Résurrection de Sherlock Holmes

Mystery & Suspense, Fiction & Literature
Cover of the book La Résurrection de Sherlock Holmes by Arthur Conan Doyle, La Renaissance du livre
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Author: Arthur Conan Doyle ISBN: 1230003187470
Publisher: La Renaissance du livre Publication: April 16, 2019
Imprint: Language: French
Author: Arthur Conan Doyle
ISBN: 1230003187470
Publisher: La Renaissance du livre
Publication: April 16, 2019
Imprint:
Language: French

Au printemps de l’année 1894, la population de Londres, et spécialement la haute société, fut jetée dans la consternation par le meurtre de l’honorable Ronald Adair, qui se produisit dans des conditions aussi extraordinaires qu’inexplicables. Le public connaît déjà toutes les circonstances du crime, telles quelles résultent des recherches de la police ; cependant, dans cette affaire, bien des détails furent omis, les charges relevées en vue de la poursuite du ou des coupables étant suffisamment fortes pour qu’il fût inutile de mettre en avant tous les témoignages. Près de dix ans se sont écoulés, et c’est aujourd’hui seulement que je puis combler ces lacunes et compléter les anneaux de cet enchaînement de faits si intéressants. En lui-même, le crime était de nature à passionner, moins cependant que les faits extraordinaires qui suivirent et me causèrent le choc le plus violent, la surprise la plus vive de ma vie aventureuse. Même maintenant, après ce long intervalle de temps, je frissonne encore à ce souvenir, et je ressens de nouveau ce flot soudain de joie, d’étonnement, d’incrédulité qui inonda mon esprit. Les lecteurs, qui ont suivi avec quelque complaisance les aperçus que je leur ai parfois soumis sur les pensées et les actions d’un homme très remarquable, ne me blâmeront pas si je ne leur ai pas fait plus tôt connaître ce que je savais : j’étais lié par la défense absolue qu’il m’avait faite et qu’il a levée seulement le 3 du mois dernier.

Vous devinez sans doute que mon intimité étroite avec Sherlock Holmes m’avait donné un goût des plus vifs pour l’étude des causes criminelles, et qu’après sa disparition, je ne manquais jamais de lire avec le plus grand soin les problèmes variés que la presse soumettait au public. Plus d’une fois, avec peu de succès, d’ailleurs, j’essayai, pour mon plaisir personnel, de me servir de ses méthodes pour aboutir à des solutions. Aucun crime cependant ne m’avait frappé autant que le meurtre de Ronald Adair. Comme je lisais les témoignages recueillis dans l’enquête, qui avait donné lieu à un verdict d’assassinat contre un auteur ou plusieurs auteurs inconnus, je compris, plus clairement que jamais, la perte que la société avait faite par la mort de Sherlock Holmes. Certains détails de ce drame étrange, auraient, j’en suis sûr, appelé tout spécialement son attention, et les efforts de la police eussent été secondés, ou plus probablement dépassés, par les observations expérimentées et l’esprit subtil de cet homme, le plus fort détective de l’Europe. Toute la journée, en faisant mes tournées de médecin, je retournais cette affaire dans mon imagination sans trouver aucune explication plausible. Au risque de répéter une histoire déjà trop commune, je vais rappeler les faits tels qu’ils ressortaient de l’enquête.

L’honorable Ronald Adair était le second fils du comte de Maynooth, à cette époque gouverneur d’une des colonies australiennes d’où sa mère était revenue en Angleterre pour y subir l’opération de la cataracte ; cette dame, son fils Ronald et sa fille Hilda, habitaient ensemble à Londres, 427, Park Lane. Le jeune homme était reçu dans la meilleure société et on ne lui connaissait ni ennemis, ni vices particuliers. Il avait été fiancé à miss Edith Woodley, de Carstairs, mais les fiançailles avaient été quelques mois auparavant rompues d’un mutuel accord ; rien ne permettait de croire que cet événement eût laissé derrière lui des regrets profonds. Au demeurant, l’existence du jeune homme se passait dans un cercle étroit et normal, car il avait des habitudes régulières et sa nature était plutôt froide. Ce fut pourtant sur la personne de ce jeune et indifférent aristocrate que la main de la mort s’appesantit, sous une forme étrange et inattendue, entre dix heures et onze heures vingt minutes, dans la nuit du 30 mars 1894.

Ronald Adair aimait les cartes et jouait continuellement, mais jamais gros jeu. Il faisait partie des cercles de Baldwin, Cavendish et de la Bagatelle. Il fut établi que le jour de sa mort, après une première partie dans l’après-midi, il avait fait un rob au whist à ce dernier club, à la suite de son dîner. Les témoignages de ceux qui avaient joué avec lui : Mr. Murray, sir John Hardy et le colonel Moran firent connaître qu’au whist, les jeux avaient été sensiblement égaux de part et d’autre. Adair avait pu perdre cinq livres sterling, mais pas davantage ; sa fortune étant considérable, une telle perte n’avait pu, en aucune façon, lui tenir au cœur. Il avait joué presque tous les jours à l’un ou l’autre de ces trois cercles ; c’était un joueur prudent et plutôt heureux. Il fut même démontré que, quelques semaines auparavant, ayant comme partenaire le colonel Moran, il avait gagné jusqu’à quatre cent vingt livres sterling dans une seule séance contre Godfrey Milner et lord Balmoral.

Le soir du crime, il était rentré du cercle à dix heures précises. Sa mère et sa sœur passaient la soirée chez une parente. La servante déclara qu’elle l’avait entendu entrer dans la pièce du deuxième étage, qui lui servait de cabinet et donnait sur la rue. Elle y avait auparavant allumé le feu ; comme la cheminée fumait, elle avait ouvert la fenêtre. On n’avait entendu aucun bruit dans l’appartement jusqu’à onze heures vingt, heure à laquelle rentrèrent lady Maynooth et sa fille. Désirant lui dire bonsoir, sa mère avait essayé de pénétrer dans la chambre, mais la porte était fermée à clef à l’intérieur, et ses appels étaient restés sans réponse. Elle appela à l’aide et fit enfoncer la porte. Le malheureux jeune homme était étendu près de la table, la tête affreusement fracassée par une balle explosive de revolver ; l’arme n’était pas dans la pièce. Sur la table, se trouvaient deux bank-notes de dix livres chacune et dix-sept livres, dix schellings en or et argent placés en piles de diverses sommes. Sur une feuille de papier, quelques chiffres étaient tracés en face de noms d’amis du cercle, ce qui pouvait faire croire qu’au moment de sa mort il était en train de faire la balance de ses comptes de jeu.

Un examen minutieux des faits ne fit que rendre l’affaire plus compliquée. Il était tout d’abord difficile d’établir le motif pour lequel le jeune homme avait ainsi fermé sa porte. On pouvait admettre que c’était l’assassin qui avait donné le tour de clef et avait ensuite disparu par la fenêtre, mais il serait tombé d’au moins vingt pieds au milieu d’un massif de crocus en pleine floraison, situé juste au-dessous ; or, ni les fleurs, ni le terrain ne semblaient foulés, pas plus qu’on ne trouvait de marques de pas sur la plate-bande de gazon qui séparait la maison de la rue. C’était donc apparemment le jeune homme qui avait lui-même fermé la porte. Comment alors avait-il trouvé la mort ?… Il était impossible de grimper jusqu’à la fenêtre sans laisser de traces. En admettant qu’on eût pu tirer par la fenêtre ouverte, il eût fallu un tireur remarquable pour l’atteindre avec un revolver, et lui faire une pareille blessure ; enfin, Park Lane est un endroit très fréquenté et, à cent mètres de la maison, se trouve une station de voitures. Personne n’avait entendu de coup de feu, et pourtant il y avait là un cadavre et une balle de revolver dont le sommet, en forme de champignon, avait produit cette horrible blessure qui avait dû causer une mort instantanée. Telles étaient les circonstances du mystère de Park Lane, que venait encore compliquer l’absence totale de mobile, puisque, ainsi que je l’ai dit, on ne connaissait à la victime aucun ennemi et que l’argent ou les valeurs se retrouvaient intacts dans l’appartement.

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Au printemps de l’année 1894, la population de Londres, et spécialement la haute société, fut jetée dans la consternation par le meurtre de l’honorable Ronald Adair, qui se produisit dans des conditions aussi extraordinaires qu’inexplicables. Le public connaît déjà toutes les circonstances du crime, telles quelles résultent des recherches de la police ; cependant, dans cette affaire, bien des détails furent omis, les charges relevées en vue de la poursuite du ou des coupables étant suffisamment fortes pour qu’il fût inutile de mettre en avant tous les témoignages. Près de dix ans se sont écoulés, et c’est aujourd’hui seulement que je puis combler ces lacunes et compléter les anneaux de cet enchaînement de faits si intéressants. En lui-même, le crime était de nature à passionner, moins cependant que les faits extraordinaires qui suivirent et me causèrent le choc le plus violent, la surprise la plus vive de ma vie aventureuse. Même maintenant, après ce long intervalle de temps, je frissonne encore à ce souvenir, et je ressens de nouveau ce flot soudain de joie, d’étonnement, d’incrédulité qui inonda mon esprit. Les lecteurs, qui ont suivi avec quelque complaisance les aperçus que je leur ai parfois soumis sur les pensées et les actions d’un homme très remarquable, ne me blâmeront pas si je ne leur ai pas fait plus tôt connaître ce que je savais : j’étais lié par la défense absolue qu’il m’avait faite et qu’il a levée seulement le 3 du mois dernier.

Vous devinez sans doute que mon intimité étroite avec Sherlock Holmes m’avait donné un goût des plus vifs pour l’étude des causes criminelles, et qu’après sa disparition, je ne manquais jamais de lire avec le plus grand soin les problèmes variés que la presse soumettait au public. Plus d’une fois, avec peu de succès, d’ailleurs, j’essayai, pour mon plaisir personnel, de me servir de ses méthodes pour aboutir à des solutions. Aucun crime cependant ne m’avait frappé autant que le meurtre de Ronald Adair. Comme je lisais les témoignages recueillis dans l’enquête, qui avait donné lieu à un verdict d’assassinat contre un auteur ou plusieurs auteurs inconnus, je compris, plus clairement que jamais, la perte que la société avait faite par la mort de Sherlock Holmes. Certains détails de ce drame étrange, auraient, j’en suis sûr, appelé tout spécialement son attention, et les efforts de la police eussent été secondés, ou plus probablement dépassés, par les observations expérimentées et l’esprit subtil de cet homme, le plus fort détective de l’Europe. Toute la journée, en faisant mes tournées de médecin, je retournais cette affaire dans mon imagination sans trouver aucune explication plausible. Au risque de répéter une histoire déjà trop commune, je vais rappeler les faits tels qu’ils ressortaient de l’enquête.

L’honorable Ronald Adair était le second fils du comte de Maynooth, à cette époque gouverneur d’une des colonies australiennes d’où sa mère était revenue en Angleterre pour y subir l’opération de la cataracte ; cette dame, son fils Ronald et sa fille Hilda, habitaient ensemble à Londres, 427, Park Lane. Le jeune homme était reçu dans la meilleure société et on ne lui connaissait ni ennemis, ni vices particuliers. Il avait été fiancé à miss Edith Woodley, de Carstairs, mais les fiançailles avaient été quelques mois auparavant rompues d’un mutuel accord ; rien ne permettait de croire que cet événement eût laissé derrière lui des regrets profonds. Au demeurant, l’existence du jeune homme se passait dans un cercle étroit et normal, car il avait des habitudes régulières et sa nature était plutôt froide. Ce fut pourtant sur la personne de ce jeune et indifférent aristocrate que la main de la mort s’appesantit, sous une forme étrange et inattendue, entre dix heures et onze heures vingt minutes, dans la nuit du 30 mars 1894.

Ronald Adair aimait les cartes et jouait continuellement, mais jamais gros jeu. Il faisait partie des cercles de Baldwin, Cavendish et de la Bagatelle. Il fut établi que le jour de sa mort, après une première partie dans l’après-midi, il avait fait un rob au whist à ce dernier club, à la suite de son dîner. Les témoignages de ceux qui avaient joué avec lui : Mr. Murray, sir John Hardy et le colonel Moran firent connaître qu’au whist, les jeux avaient été sensiblement égaux de part et d’autre. Adair avait pu perdre cinq livres sterling, mais pas davantage ; sa fortune étant considérable, une telle perte n’avait pu, en aucune façon, lui tenir au cœur. Il avait joué presque tous les jours à l’un ou l’autre de ces trois cercles ; c’était un joueur prudent et plutôt heureux. Il fut même démontré que, quelques semaines auparavant, ayant comme partenaire le colonel Moran, il avait gagné jusqu’à quatre cent vingt livres sterling dans une seule séance contre Godfrey Milner et lord Balmoral.

Le soir du crime, il était rentré du cercle à dix heures précises. Sa mère et sa sœur passaient la soirée chez une parente. La servante déclara qu’elle l’avait entendu entrer dans la pièce du deuxième étage, qui lui servait de cabinet et donnait sur la rue. Elle y avait auparavant allumé le feu ; comme la cheminée fumait, elle avait ouvert la fenêtre. On n’avait entendu aucun bruit dans l’appartement jusqu’à onze heures vingt, heure à laquelle rentrèrent lady Maynooth et sa fille. Désirant lui dire bonsoir, sa mère avait essayé de pénétrer dans la chambre, mais la porte était fermée à clef à l’intérieur, et ses appels étaient restés sans réponse. Elle appela à l’aide et fit enfoncer la porte. Le malheureux jeune homme était étendu près de la table, la tête affreusement fracassée par une balle explosive de revolver ; l’arme n’était pas dans la pièce. Sur la table, se trouvaient deux bank-notes de dix livres chacune et dix-sept livres, dix schellings en or et argent placés en piles de diverses sommes. Sur une feuille de papier, quelques chiffres étaient tracés en face de noms d’amis du cercle, ce qui pouvait faire croire qu’au moment de sa mort il était en train de faire la balance de ses comptes de jeu.

Un examen minutieux des faits ne fit que rendre l’affaire plus compliquée. Il était tout d’abord difficile d’établir le motif pour lequel le jeune homme avait ainsi fermé sa porte. On pouvait admettre que c’était l’assassin qui avait donné le tour de clef et avait ensuite disparu par la fenêtre, mais il serait tombé d’au moins vingt pieds au milieu d’un massif de crocus en pleine floraison, situé juste au-dessous ; or, ni les fleurs, ni le terrain ne semblaient foulés, pas plus qu’on ne trouvait de marques de pas sur la plate-bande de gazon qui séparait la maison de la rue. C’était donc apparemment le jeune homme qui avait lui-même fermé la porte. Comment alors avait-il trouvé la mort ?… Il était impossible de grimper jusqu’à la fenêtre sans laisser de traces. En admettant qu’on eût pu tirer par la fenêtre ouverte, il eût fallu un tireur remarquable pour l’atteindre avec un revolver, et lui faire une pareille blessure ; enfin, Park Lane est un endroit très fréquenté et, à cent mètres de la maison, se trouve une station de voitures. Personne n’avait entendu de coup de feu, et pourtant il y avait là un cadavre et une balle de revolver dont le sommet, en forme de champignon, avait produit cette horrible blessure qui avait dû causer une mort instantanée. Telles étaient les circonstances du mystère de Park Lane, que venait encore compliquer l’absence totale de mobile, puisque, ainsi que je l’ai dit, on ne connaissait à la victime aucun ennemi et que l’argent ou les valeurs se retrouvaient intacts dans l’appartement.

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