Author: | Louis-Emile-Edmond Duranty | ISBN: | 1230003003879 |
Publisher: | R.B. | Publication: | December 24, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Louis-Emile-Edmond Duranty |
ISBN: | 1230003003879 |
Publisher: | R.B. |
Publication: | December 24, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait :
Le village de Mangues-le-Vert, dans le centre de la France, fut mis en émoi, un matin, par la nouvelle qu’une personne étrangère à la commune venait d’y acheter une maison et s’y installait.
Le soir même, on sut, par le clerc du notaire, que l’acquéreur était un jeune homme appartenant à une des « bonnes familles » du département, famille qui habitait le chef-lieu, sis à une dizaine de lieues de Mangues.
Mais pourquoi le jeune homme avait-il acheté une médiocre maisonnette de mille écus bâtie à l’écart du village, et qu’y venait-il faire ?
La curiosité des paysans et des semi-bourgeois formant la population du lieu fut fortement excitée par ce problème, et ne se lassa plus, ouverte ou sournoise, de poursuivre les moindres pas et gestes du nouveau venu, qui s’appelait M. Louis Leforgeur.
L’étranger était un homme de vingt-cinq ans, petit, délicat d’apparences, plutôt laid qu’agréable, bien qu’il eût une physionomie douce et spirituelle. Sans sa barbe, les gens de Mangues l’eussent pris pour une femme déguisée.
Dès le second jour, il engagea à son service, par l’intermédiaire de l’aubergiste, une vieille fille nommée Euronique ou plutôt Uronique, selon la prononciation locale, et qui avait la réputation d’être une parfaite cuisinière.
Euronique, qui possédait « du bien », revenait chez elle chaque soir. Aussi fut-elle interrogée avec avidité sur le « petit monsieur », désignation qui s’attacha désormais au jeune homme.
Tout le monde pouvait voir Louis Leforgeur se promener continuellement aux environs de Mangues, dessinant et remuant une quantité de vieilles pierres qui abondaient dans la campagne. Souvent aussi, il dînait à l’auberge, où il faisait de fréquentes stations.
Mais ces quelques notions ne suffisaient pas à rassasier la curiosité générale.
Malheureusement Euronique de son côté n’eut à donner que de vagues renseignements, tels que ceux-ci : le jeune homme paraissait être fort doux, facile à servir ; il ne parlait guère à Euronique, lisait de gros livres, et possédait une malle mystérieuse ornée de figures de cuivre comme une châsse. Seulement la vieille domestique n’avait jamais eu la chance de voir ouvrir devant elle la malle remplie d’étonnements et de merveilles.
Extrait :
Le village de Mangues-le-Vert, dans le centre de la France, fut mis en émoi, un matin, par la nouvelle qu’une personne étrangère à la commune venait d’y acheter une maison et s’y installait.
Le soir même, on sut, par le clerc du notaire, que l’acquéreur était un jeune homme appartenant à une des « bonnes familles » du département, famille qui habitait le chef-lieu, sis à une dizaine de lieues de Mangues.
Mais pourquoi le jeune homme avait-il acheté une médiocre maisonnette de mille écus bâtie à l’écart du village, et qu’y venait-il faire ?
La curiosité des paysans et des semi-bourgeois formant la population du lieu fut fortement excitée par ce problème, et ne se lassa plus, ouverte ou sournoise, de poursuivre les moindres pas et gestes du nouveau venu, qui s’appelait M. Louis Leforgeur.
L’étranger était un homme de vingt-cinq ans, petit, délicat d’apparences, plutôt laid qu’agréable, bien qu’il eût une physionomie douce et spirituelle. Sans sa barbe, les gens de Mangues l’eussent pris pour une femme déguisée.
Dès le second jour, il engagea à son service, par l’intermédiaire de l’aubergiste, une vieille fille nommée Euronique ou plutôt Uronique, selon la prononciation locale, et qui avait la réputation d’être une parfaite cuisinière.
Euronique, qui possédait « du bien », revenait chez elle chaque soir. Aussi fut-elle interrogée avec avidité sur le « petit monsieur », désignation qui s’attacha désormais au jeune homme.
Tout le monde pouvait voir Louis Leforgeur se promener continuellement aux environs de Mangues, dessinant et remuant une quantité de vieilles pierres qui abondaient dans la campagne. Souvent aussi, il dînait à l’auberge, où il faisait de fréquentes stations.
Mais ces quelques notions ne suffisaient pas à rassasier la curiosité générale.
Malheureusement Euronique de son côté n’eut à donner que de vagues renseignements, tels que ceux-ci : le jeune homme paraissait être fort doux, facile à servir ; il ne parlait guère à Euronique, lisait de gros livres, et possédait une malle mystérieuse ornée de figures de cuivre comme une châsse. Seulement la vieille domestique n’avait jamais eu la chance de voir ouvrir devant elle la malle remplie d’étonnements et de merveilles.