Author: | Erckmann-Chatrian | ISBN: | 1230000685856 |
Publisher: | pb | Publication: | September 27, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Erckmann-Chatrian |
ISBN: | 1230000685856 |
Publisher: | pb |
Publication: | September 27, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
La vieille horloge se mit à tinter neuf heures, et comme Hullin reprenait
sa besogne, la porte s’ouvrit et Catherine Le?èvre, la fermière du
Bois-de-Chênes, parut sur le seuil à la grande stupéfaction du sabotier,
car elle ne venait pas d’habitude à pareille heure.
Catherine Le?èvre pouvait avoir soixante ans, mais elle était encore
droite et ferme comme à trente ; ses yeux gris clair, son nez crochu tenaient
de l’oiseau de proie ; ses joues tirées et les coins de sa bouche abaissés
par la réflexion avaient quelque chose de sombre et d’amer. Deux ou
trois grosses mèches de cheveux d’un gris verdâtre tombaient le long de
ses tempes ; une capuche brune rayée descendait de sa tête sur ses épaules
et jusqu’au bas des coudes. En somme, sa physionomie annonçait un caractère
ferme, tenace, et je ne sais quoi de grand et de triste, qui inspirait
le respect et la crainte.
« C’est vous, Catherine ? dit Hullin tout surpris.
— Oui, c’est moi, répondit la vieille fermière d’un ton calme. Je viens
causer avec vous, Jean-Claude… Louise est sortie ?
— Elle fait la veillée chez Madeleine Rochart.
— C’est bien. »
Alors Catherine rejeta sur son cou la capuche, et vint s’asseoir au
coin de l’établi. Hullin la regardait fixement ; il lui trouvait quelque chose
d’extraordinaire et de mystérieux qui le saisissait.
« ?e se passe-t-il donc ? » dit-il en déposant son marteau.
Au lieu de répondre à ce?e question, la vieille, regardant vers la porte,
sembla prêter l’oreille ; puis, n’entendant rien, elle reprit son expression
méditative :
La vieille horloge se mit à tinter neuf heures, et comme Hullin reprenait
sa besogne, la porte s’ouvrit et Catherine Le?èvre, la fermière du
Bois-de-Chênes, parut sur le seuil à la grande stupéfaction du sabotier,
car elle ne venait pas d’habitude à pareille heure.
Catherine Le?èvre pouvait avoir soixante ans, mais elle était encore
droite et ferme comme à trente ; ses yeux gris clair, son nez crochu tenaient
de l’oiseau de proie ; ses joues tirées et les coins de sa bouche abaissés
par la réflexion avaient quelque chose de sombre et d’amer. Deux ou
trois grosses mèches de cheveux d’un gris verdâtre tombaient le long de
ses tempes ; une capuche brune rayée descendait de sa tête sur ses épaules
et jusqu’au bas des coudes. En somme, sa physionomie annonçait un caractère
ferme, tenace, et je ne sais quoi de grand et de triste, qui inspirait
le respect et la crainte.
« C’est vous, Catherine ? dit Hullin tout surpris.
— Oui, c’est moi, répondit la vieille fermière d’un ton calme. Je viens
causer avec vous, Jean-Claude… Louise est sortie ?
— Elle fait la veillée chez Madeleine Rochart.
— C’est bien. »
Alors Catherine rejeta sur son cou la capuche, et vint s’asseoir au
coin de l’établi. Hullin la regardait fixement ; il lui trouvait quelque chose
d’extraordinaire et de mystérieux qui le saisissait.
« ?e se passe-t-il donc ? » dit-il en déposant son marteau.
Au lieu de répondre à ce?e question, la vieille, regardant vers la porte,
sembla prêter l’oreille ; puis, n’entendant rien, elle reprit son expression
méditative :