Author: | Charles Barbara | ISBN: | 1230001457230 |
Publisher: | Martine Dubouil | Publication: | December 7, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Charles Barbara |
ISBN: | 1230001457230 |
Publisher: | Martine Dubouil |
Publication: | December 7, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait :
Dans une chambre claire, inondée des rayons du soleil d'avril, deux jeunes gens déjeunaient et causaient. Le plus jeune, d'apparence frêle, avec des cheveux blonds, des yeux extrêmement vifs, une physionomie à traits prononcés où se peignait un caractère ferme, faisait, à côté de l'autre, qui avait des joues encore roses, des buissons de cheveux bruns et cet oeil langoureux particulier aux natures indécises qu'un rien abat et décourage, un contraste saisissant. Le blond disait _Rodolphe_ en s'adressant au brun, et ce dernier appelait _Max_ le jeune homme aux yeux bleus, dont le vrai nom était Maximilien Destroy. C'étaient deux camarades d'enfance et de collège; ils devisaient sur la littérature, et Rodolphe qui, dans un état de marasme, était venu voir son ami avec l'espoir d'un allégement, s'appesantissait sur les mécomptes, l'amertume, _les épines sans roses_ de la vie d'artiste. Au contraire, il semblait que Max se fît un jeu d'ajouter à cette mélancolie. «Les productions de ces rares élus que l'on compare justement aux arbres à fruits exceptées, disait-il, les oeuvres d'art sont en général des filles de l'obstacle et, notamment, de la douleur. Et, par là je ne prétends pas que le bonheur stériliserait un homme de génie; mais, dans ma conviction, nombre d'hommes supérieurs, pour ne pas dire la grande majorité, doivent d'être tels ou au mépris qu'on a fait d'eux, ou aux empêchements qu'on a semés sous leurs pas, en un mot, à des souffrances quelconques.»
Extrait :
Dans une chambre claire, inondée des rayons du soleil d'avril, deux jeunes gens déjeunaient et causaient. Le plus jeune, d'apparence frêle, avec des cheveux blonds, des yeux extrêmement vifs, une physionomie à traits prononcés où se peignait un caractère ferme, faisait, à côté de l'autre, qui avait des joues encore roses, des buissons de cheveux bruns et cet oeil langoureux particulier aux natures indécises qu'un rien abat et décourage, un contraste saisissant. Le blond disait _Rodolphe_ en s'adressant au brun, et ce dernier appelait _Max_ le jeune homme aux yeux bleus, dont le vrai nom était Maximilien Destroy. C'étaient deux camarades d'enfance et de collège; ils devisaient sur la littérature, et Rodolphe qui, dans un état de marasme, était venu voir son ami avec l'espoir d'un allégement, s'appesantissait sur les mécomptes, l'amertume, _les épines sans roses_ de la vie d'artiste. Au contraire, il semblait que Max se fît un jeu d'ajouter à cette mélancolie. «Les productions de ces rares élus que l'on compare justement aux arbres à fruits exceptées, disait-il, les oeuvres d'art sont en général des filles de l'obstacle et, notamment, de la douleur. Et, par là je ne prétends pas que le bonheur stériliserait un homme de génie; mais, dans ma conviction, nombre d'hommes supérieurs, pour ne pas dire la grande majorité, doivent d'être tels ou au mépris qu'on a fait d'eux, ou aux empêchements qu'on a semés sous leurs pas, en un mot, à des souffrances quelconques.»