L'élève Gilles

Edition intégrale

Fiction & Literature, Classics
Cover of the book L'élève Gilles by André LAFON, Editions MARQUES
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Author: André LAFON ISBN: 1230001062984
Publisher: Editions MARQUES Publication: May 4, 2016
Imprint: Language: French
Author: André LAFON
ISBN: 1230001062984
Publisher: Editions MARQUES
Publication: May 4, 2016
Imprint:
Language: French

Avec les Editions MARQUES, venez découvrir ou redécouvrir les grands classiques optimisés pour vos liseuses et applications électroniques. Une publication de qualité par des professionnels de l'édition.

Les éditions MARQUES présentent "L'élève Gilles", d’André Lafon, édité en texte intégral.

Présentation de l'éditeur

Je m’appelle Jean Gilles. J’entrais dans ma onzième année, lorsqu’un matin d’hiver, ma mère décida de me conduire chez la grand’tante aux soins de qui l’on me confiait habituellement pour les vacances. J’y devais demeurer quelque temps ; une coqueluche qui s’achevait était le prétexte de ce séjour, à l’idée duquel j’aurais éprouvé bien de la joie, si je ne sais quoi dans sa brusque nouvelle, ne m’eût empêché de m’abandonner à ce sentiment. 
Mon père ne parut pas au déjeuner ; j’appris qu’il se trouvait las et prenait du repos. J’osai m’en féliciter, car sa présence m’était une contrainte. Il demeurait, à l’ordinaire, absorbé dans ses pensées, et je respectais le plus possible son recueillement, mais le mot, le geste dont il m’arrivait de troubler le silence, provoquaient sa colère ; j’en venais à jouer sans bruit, et à redouter comme la foudre le heurt de quoi que ce fût. Cette perpétuelle surveillance où j’étais de moi-même me gênait, à table surtout. Il suffisait de l’attention que j’apportais à me bien tenir, pour m’amener aux pires maladresses ; la veille même, à dîner, mon verre renversé s’était brisé en tachant largement la nappe. Le sursaut de mon père m’avait fait pâlir, et mon trouble fut plus grand encore à le voir nous laisser et reprendre, au salon, la sonate qu’il étudiait depuis le matin. Ma mère, qui savait sa tendresse nécessaire à mon apaisement, avait différé de le rejoindre pour s’attarder quelques instants près de moi, puis s’était à son tour éloignée. Demeuré seul avec mes leçons que je n’apprenais pas, j’avais bientôt entendu s’élever sa voix aimable, que mon père voulait chaque soir accompagner au piano ; le chant terminé, il la retenait encore par une série d’improvisations que j’eusse reconnues entre toutes, et ne la laissait revenir que pour me dire de gagner ma chambre, et me souhaiter le bonsoir. Il en avait été ce soir-là comme de coutume, et le concert s’était prolongé fort avant dans la nuit. 
L’heure du départ approchant, notre déjeuner fut rapide, et silencieux comme si nous n’avions pas été seuls. Quelques derniers soins firent aller et venir ma mère à travers l’appartement, et jusque dans la chambre où je n’osai la suivre ; je laissai mon père sans l’avoir revu. 
Pour nous rendre à V…, la petite ville près de laquelle demeurait ma tante, nous prenions le bateau qui, du chef-lieu où nous habitions, y conduit en deux heures. Ce court voyage sur le fleuve était un délice en juillet, et déjà d’un grand attrait au moment de Pâques, mais décembre commençait ; le froid nous força de descendre au salon des passagers et, durant la traversée, je demeurai à demi somnolent, appuyé à ma mère qui ne cessa pas d’être pensive. 

Ce livre a reçu pour la première fois le grand de prix littérature de l'Académie Française en 1912.

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Présentation de l'éditeur

Je m’appelle Jean Gilles. J’entrais dans ma onzième année, lorsqu’un matin d’hiver, ma mère décida de me conduire chez la grand’tante aux soins de qui l’on me confiait habituellement pour les vacances. J’y devais demeurer quelque temps ; une coqueluche qui s’achevait était le prétexte de ce séjour, à l’idée duquel j’aurais éprouvé bien de la joie, si je ne sais quoi dans sa brusque nouvelle, ne m’eût empêché de m’abandonner à ce sentiment. 
Mon père ne parut pas au déjeuner ; j’appris qu’il se trouvait las et prenait du repos. J’osai m’en féliciter, car sa présence m’était une contrainte. Il demeurait, à l’ordinaire, absorbé dans ses pensées, et je respectais le plus possible son recueillement, mais le mot, le geste dont il m’arrivait de troubler le silence, provoquaient sa colère ; j’en venais à jouer sans bruit, et à redouter comme la foudre le heurt de quoi que ce fût. Cette perpétuelle surveillance où j’étais de moi-même me gênait, à table surtout. Il suffisait de l’attention que j’apportais à me bien tenir, pour m’amener aux pires maladresses ; la veille même, à dîner, mon verre renversé s’était brisé en tachant largement la nappe. Le sursaut de mon père m’avait fait pâlir, et mon trouble fut plus grand encore à le voir nous laisser et reprendre, au salon, la sonate qu’il étudiait depuis le matin. Ma mère, qui savait sa tendresse nécessaire à mon apaisement, avait différé de le rejoindre pour s’attarder quelques instants près de moi, puis s’était à son tour éloignée. Demeuré seul avec mes leçons que je n’apprenais pas, j’avais bientôt entendu s’élever sa voix aimable, que mon père voulait chaque soir accompagner au piano ; le chant terminé, il la retenait encore par une série d’improvisations que j’eusse reconnues entre toutes, et ne la laissait revenir que pour me dire de gagner ma chambre, et me souhaiter le bonsoir. Il en avait été ce soir-là comme de coutume, et le concert s’était prolongé fort avant dans la nuit. 
L’heure du départ approchant, notre déjeuner fut rapide, et silencieux comme si nous n’avions pas été seuls. Quelques derniers soins firent aller et venir ma mère à travers l’appartement, et jusque dans la chambre où je n’osai la suivre ; je laissai mon père sans l’avoir revu. 
Pour nous rendre à V…, la petite ville près de laquelle demeurait ma tante, nous prenions le bateau qui, du chef-lieu où nous habitions, y conduit en deux heures. Ce court voyage sur le fleuve était un délice en juillet, et déjà d’un grand attrait au moment de Pâques, mais décembre commençait ; le froid nous força de descendre au salon des passagers et, durant la traversée, je demeurai à demi somnolent, appuyé à ma mère qui ne cessa pas d’être pensive. 

Ce livre a reçu pour la première fois le grand de prix littérature de l'Académie Française en 1912.

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