Author: | Pierre de Coubertin | ISBN: | 1230002583334 |
Publisher: | Félix Alcan, Paris, 1915 | Publication: | September 28, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Pierre de Coubertin |
ISBN: | 1230002583334 |
Publisher: | Félix Alcan, Paris, 1915 |
Publication: | September 28, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
En étudiant les conditions de l’éducation des adolescents au XXe siècle, je me suis constamment laissé guider dans mes recherches par la notion des besoins présents. Les théories pédagogiques sont chose séduisante mais vaine. On y verse d’autant plus volontiers qu’il s’agit d’élaborer des règles pour le gouvernement non point d’un être déterminé mais d’un être en espérance dont, en somme, on ignore les capacités et les caractéristiques et chez lequel on se flatte que l’influence du maître réussira précisément à fixer ces caractéristiques de la façon souhaitée. Ce n’est pas là, du reste, une ambition déplacée mais pour autant que les idées et les efforts du maître seront en harmonie suffisante avec les tendances et les forces de l’époque. Or le pédagogue est facilement utopiste. Tandis que peu de courants peuvent être remontés, il croit qu’il aura raison des plus violents ; il s’inquiète uniquement de son idéal et point des circonstances.
La science de l’éducation doit évoluer largement avec l’humanité. Certes les grands principes qui lui servent de base demeurent identiques d’un siècle à l’autre. Toutefois ces principes eux-mêmes veulent pour agir efficacement être plus ou moins accommodés au goût et aux aspirations du jour. Tout éducateur qui ne tient point compte de cette évidente nécessité voue son entreprise à la stérilité. C’est pourquoi son premier dessein doit être de s’inquiéter des besoins présents pour y conformer la conception et la pratique de la tâche qu’il entreprend.
Nous avons reconnu l’impérieuse nécessité d’une éducation physique énergique et suivie. Cette nécessité est de tous les temps. Le nôtre cependant la subit d’une façon spécialement intense. Il se trouve que le développement musculaire et l’entraînement corporel constituent pour les adolescents d’aujourd’hui à la fois la sauvegarde morale la plus active et la mise en valeur la plus féconde de leur personnalité. La constatation de ces faits conduisait à chercher dans la notion utilitaire le meilleur sinon le seul stimulant efficace en matière d’éducation physique. Une pareille notion toutefois, lorsqu’elle fut formulée pour la première fois[1], parut heurter les habitudes acquises. Il me sera permis de faire observer qu’après plus de quatorze années écoulées, plus rien ne subsiste des hostilités du début. La doctrine de la « gymnastique utilitaire » s’est répandue à travers le monde entier, renversant les divers préjugés qui se dressaient sur sa route. Désormais cette doctrine a pénétré les milieux qui semblaient le moins accessibles et inspire plus d’un faiseur de système. Les techniciens du sport ont également eu recours à ses enseignements et les applications qu’ils en ont tenté les ont satisfaits le plus souvent.
En étudiant les conditions de l’éducation des adolescents au XXe siècle, je me suis constamment laissé guider dans mes recherches par la notion des besoins présents. Les théories pédagogiques sont chose séduisante mais vaine. On y verse d’autant plus volontiers qu’il s’agit d’élaborer des règles pour le gouvernement non point d’un être déterminé mais d’un être en espérance dont, en somme, on ignore les capacités et les caractéristiques et chez lequel on se flatte que l’influence du maître réussira précisément à fixer ces caractéristiques de la façon souhaitée. Ce n’est pas là, du reste, une ambition déplacée mais pour autant que les idées et les efforts du maître seront en harmonie suffisante avec les tendances et les forces de l’époque. Or le pédagogue est facilement utopiste. Tandis que peu de courants peuvent être remontés, il croit qu’il aura raison des plus violents ; il s’inquiète uniquement de son idéal et point des circonstances.
La science de l’éducation doit évoluer largement avec l’humanité. Certes les grands principes qui lui servent de base demeurent identiques d’un siècle à l’autre. Toutefois ces principes eux-mêmes veulent pour agir efficacement être plus ou moins accommodés au goût et aux aspirations du jour. Tout éducateur qui ne tient point compte de cette évidente nécessité voue son entreprise à la stérilité. C’est pourquoi son premier dessein doit être de s’inquiéter des besoins présents pour y conformer la conception et la pratique de la tâche qu’il entreprend.
Nous avons reconnu l’impérieuse nécessité d’une éducation physique énergique et suivie. Cette nécessité est de tous les temps. Le nôtre cependant la subit d’une façon spécialement intense. Il se trouve que le développement musculaire et l’entraînement corporel constituent pour les adolescents d’aujourd’hui à la fois la sauvegarde morale la plus active et la mise en valeur la plus féconde de leur personnalité. La constatation de ces faits conduisait à chercher dans la notion utilitaire le meilleur sinon le seul stimulant efficace en matière d’éducation physique. Une pareille notion toutefois, lorsqu’elle fut formulée pour la première fois[1], parut heurter les habitudes acquises. Il me sera permis de faire observer qu’après plus de quatorze années écoulées, plus rien ne subsiste des hostilités du début. La doctrine de la « gymnastique utilitaire » s’est répandue à travers le monde entier, renversant les divers préjugés qui se dressaient sur sa route. Désormais cette doctrine a pénétré les milieux qui semblaient le moins accessibles et inspire plus d’un faiseur de système. Les techniciens du sport ont également eu recours à ses enseignements et les applications qu’ils en ont tenté les ont satisfaits le plus souvent.