Author: | Georges Eekhoud | ISBN: | 1230000847476 |
Publisher: | Georges Eekhoud | Publication: | December 15, 2015 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Georges Eekhoud |
ISBN: | 1230000847476 |
Publisher: | Georges Eekhoud |
Publication: | December 15, 2015 |
Imprint: | |
Language: | French |
EXTRAIT:
La querelle des Bœufs et des Taureaux
I
Les dimanches, après la messe, les porte-blouse de Molvliet-en-Polder disaient : « Allons chez les enfants Domus. »
Ils désignaient le frère et les trois sœurs Domus, orphelins et célibataires, tenant le cabaret à l’enseigne du Bœuf bigarré, sur le Bist ou place principale du bourg. Klaes, le garçon, était aussi maître-tailleur et les filles Zanne, Katto et Lusse brodaient et épinglaient ces monumentales coiffes de dentelles dont les paysannes de la région d’Anvers encadrent leurs faces potelées.
Les Domus avaient de la terre au soleil et pignon sur rue. Le Bœuf bigarré appartenait depuis cinquante ans à leur famille. Comme ils ne dépensaient pas leurs revenus, le patrimoine s’arrondissait toujours. Chacune des filles aurait parfaitement pu se pourvoir et faire décente figure dans le village sans nuire à l’établissement de leur frère ; mais on les savait d’une avarice sordide et les paysans se racontaient que, pour ne point diviser leur héritage, les quatre grigous ne se marieraient jamais. Le frère, l’aîné, avait cinquante ans sonnés ; Lusse, la cadette, dépassait la trentaine. Les prétendants rebutés plaisantaient les vieilles filles et les héritières se gaussaient de Klaes-le-Puceau. Cependant, on s’habituait à voir, chaque année, les trois sœurs, vêtues de bleu, porter la statue de la Vierge, en leur qualité de doyennes de la congrégation de Molvliet.
EXTRAIT:
La querelle des Bœufs et des Taureaux
I
Les dimanches, après la messe, les porte-blouse de Molvliet-en-Polder disaient : « Allons chez les enfants Domus. »
Ils désignaient le frère et les trois sœurs Domus, orphelins et célibataires, tenant le cabaret à l’enseigne du Bœuf bigarré, sur le Bist ou place principale du bourg. Klaes, le garçon, était aussi maître-tailleur et les filles Zanne, Katto et Lusse brodaient et épinglaient ces monumentales coiffes de dentelles dont les paysannes de la région d’Anvers encadrent leurs faces potelées.
Les Domus avaient de la terre au soleil et pignon sur rue. Le Bœuf bigarré appartenait depuis cinquante ans à leur famille. Comme ils ne dépensaient pas leurs revenus, le patrimoine s’arrondissait toujours. Chacune des filles aurait parfaitement pu se pourvoir et faire décente figure dans le village sans nuire à l’établissement de leur frère ; mais on les savait d’une avarice sordide et les paysans se racontaient que, pour ne point diviser leur héritage, les quatre grigous ne se marieraient jamais. Le frère, l’aîné, avait cinquante ans sonnés ; Lusse, la cadette, dépassait la trentaine. Les prétendants rebutés plaisantaient les vieilles filles et les héritières se gaussaient de Klaes-le-Puceau. Cependant, on s’habituait à voir, chaque année, les trois sœurs, vêtues de bleu, porter la statue de la Vierge, en leur qualité de doyennes de la congrégation de Molvliet.