Author: | Henry GRÉVILLE | ISBN: | 1230001059588 |
Publisher: | Editions MARQUES | Publication: | May 2, 2016 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Henry GRÉVILLE |
ISBN: | 1230001059588 |
Publisher: | Editions MARQUES |
Publication: | May 2, 2016 |
Imprint: | |
Language: | French |
Avec les Editions MARQUES, venez découvrir ou redécouvrir les grands classiques optimisés pour vos liseuses et applications électroniques. Une publication de qualité par des professionnels de l'édition.
Les éditions MARQUES présentent "Idylles", d’Henry Gréville édité en texte intégral.
Présentation de l'éditeur
Henry Gréville, pseudonyme de Alice Marie Céleste Durand née Fleury (1842-1902), a publié de nombreux romans, des nouvelles, des pièces, de la poésie ; elle a été à son époque un écrivain à succès.
Extrait :
La petite pluie fine qui rayait le ciel depuis le lever du jour cessa enfin ; un rayon d’or jaune enfilant le sombre couvert des hêtres pénétra au fond de la grande bergerie. Les béliers enfouis jusqu’au jarret dans la haute litière, que, tout en broutant la provende matinale, ils avaient, recouverte de trèfle vert arraché aux crèches, levèrent la tête vers le rayon et poussèrent un bêlement d’appel.
À ce signal, les brebis pleines et nourrices se levèrent précipitamment en ployant leurs genoux, et, d’un seul bond, la moitié du troupeau se présenta à la claire-voie qui ferme la bergerie. Les derniers venus grimpaient sur les autres pour aspirer la tiédeur du soleil, et les maîtres béliers durent repousser d’un coup de frontal plus d’un indiscipliné sorti des rangs.
- Eh oui ! fit le valet de ferme en s’approchant lentement de la porte, on va vous lâcher dans les clos ! Vous avez bien le temps, l’herbe est encore mouillée ! Jean, le maître, veut voir les agneaux. La porte de la cour est-elle fermée ?
- Oui ! répondit une voix lointaine. Et l’on entendit la lourde barrière retomber de tout son poids contre le montant de pierre avec le cliquetis ordinaire du crochet de fer sur le granit.
- Allez ! dit le valet de ferme de sa voix paresseuse et lente.
Il retira la traverse qui assujettissait la claire-voie, puis ôta la claire-voie elle-même et recula un peu pour n’être pas renversé.
Effrayés de la liberté subite, les béliers restèrent immobiles sur le seuil étroit et bas, regardant devant eux et craignant un piège.
Une bouffée de vent tiède leur apporta l’arome des falaises humides des buées de la mer, l’odeur de l’herbe courte et grasse, tondue jusqu’au sol par leur dents tenaces et patientes, et soudain, la tête levée, comme poussés par un fouet invisible et résistant encore à l’instinct qui les appelait, les superbes animaux se précipitèrent dans la grande cour qu’ils franchirent en quelques bonds.
L’abreuvoir, entouré de pierres moussues, abrité par les épines noires, ne les tenta point ; ils passèrent outre et s’arrêtèrent, le nez sur la barrière qui menait à la liberté.
Tout le troupeau avait suivi, les vaillants en tête, les mères pleines plus lentes et plus lourdes, et enfin les nourrices, encourageant les agneaux nouveau-nés encore chétifs et tremblants sur leurs jambes d’un jour.
Avec les Editions MARQUES, venez découvrir ou redécouvrir les grands classiques optimisés pour vos liseuses et applications électroniques. Une publication de qualité par des professionnels de l'édition.
Les éditions MARQUES présentent "Idylles", d’Henry Gréville édité en texte intégral.
Présentation de l'éditeur
Henry Gréville, pseudonyme de Alice Marie Céleste Durand née Fleury (1842-1902), a publié de nombreux romans, des nouvelles, des pièces, de la poésie ; elle a été à son époque un écrivain à succès.
Extrait :
La petite pluie fine qui rayait le ciel depuis le lever du jour cessa enfin ; un rayon d’or jaune enfilant le sombre couvert des hêtres pénétra au fond de la grande bergerie. Les béliers enfouis jusqu’au jarret dans la haute litière, que, tout en broutant la provende matinale, ils avaient, recouverte de trèfle vert arraché aux crèches, levèrent la tête vers le rayon et poussèrent un bêlement d’appel.
À ce signal, les brebis pleines et nourrices se levèrent précipitamment en ployant leurs genoux, et, d’un seul bond, la moitié du troupeau se présenta à la claire-voie qui ferme la bergerie. Les derniers venus grimpaient sur les autres pour aspirer la tiédeur du soleil, et les maîtres béliers durent repousser d’un coup de frontal plus d’un indiscipliné sorti des rangs.
- Eh oui ! fit le valet de ferme en s’approchant lentement de la porte, on va vous lâcher dans les clos ! Vous avez bien le temps, l’herbe est encore mouillée ! Jean, le maître, veut voir les agneaux. La porte de la cour est-elle fermée ?
- Oui ! répondit une voix lointaine. Et l’on entendit la lourde barrière retomber de tout son poids contre le montant de pierre avec le cliquetis ordinaire du crochet de fer sur le granit.
- Allez ! dit le valet de ferme de sa voix paresseuse et lente.
Il retira la traverse qui assujettissait la claire-voie, puis ôta la claire-voie elle-même et recula un peu pour n’être pas renversé.
Effrayés de la liberté subite, les béliers restèrent immobiles sur le seuil étroit et bas, regardant devant eux et craignant un piège.
Une bouffée de vent tiède leur apporta l’arome des falaises humides des buées de la mer, l’odeur de l’herbe courte et grasse, tondue jusqu’au sol par leur dents tenaces et patientes, et soudain, la tête levée, comme poussés par un fouet invisible et résistant encore à l’instinct qui les appelait, les superbes animaux se précipitèrent dans la grande cour qu’ils franchirent en quelques bonds.
L’abreuvoir, entouré de pierres moussues, abrité par les épines noires, ne les tenta point ; ils passèrent outre et s’arrêtèrent, le nez sur la barrière qui menait à la liberté.
Tout le troupeau avait suivi, les vaillants en tête, les mères pleines plus lentes et plus lourdes, et enfin les nourrices, encourageant les agneaux nouveau-nés encore chétifs et tremblants sur leurs jambes d’un jour.