Author: | Joséphine Colomb | ISBN: | 1230002537542 |
Publisher: | Hachette (Paris) 1895 | Publication: | September 8, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Joséphine Colomb |
ISBN: | 1230002537542 |
Publisher: | Hachette (Paris) 1895 |
Publication: | September 8, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait: La belle chose, pour des écoliers, qu’une glorieuse matinée de mai ! Tout est rayonnant, tout est lumineux, tout est frais et charmant, on respire avec l’air embaumé la joie et la vie. Les giboulées d’avril sont passées, elles ont laissé l’herbe plus verte et le ciel plus bleu ; le soleil jette ses rayons d’or sur la plaine où les blés commencent à s’émailler de coquelicots et de marguerites, et découpe sur le sol l’ombre touffue des grands arbres. Que d’abris verdoyants dans les bois ! que de chansons dans les nids ! quel gai babillage dans les ruisseaux qui coulent sur les cailloux qu’ils lavent et polissent sans cesse ! Non, rien n’est plus beau pour des écoliers qu’une matinée de mai, surtout si c’est un jeudi, et qu’ils aient devant eux toute une journée (une éternité !) et la liberté d’aller où bon leur semble. En vérité, le monde leur appartient.
C’était bien l’opinion de sept jeunes garçons, échelonnés de douze à quinze ans, qui sortaient à grands pas du joli bourg de Thirois. Ils venaient d’en dépasser les dernières maisons, et ils dévoraient la route un peu poudreuse ; évidemment les tas de cailloux alignés de distance en distance par les ponts et chaussées n’offraient pas à leurs yeux un régal suffisant, et ils avaient hâte de gagner un de ces jolis chemins creux qui s’allongent entre deux murailles de verdure. Ils marchaient si vite qu’ils ne pouvaient parler : il ne leur restait plus de souffle pour leur conversation.
Ouf ! voilà le chemin creux : on peut prendre son temps maintenant. Les haies d’aubépine embaument ; les liserons blancs, le houblon, la douce-amère accrochent leurs festons aux arbres qui se dressent sur les talus ; en bas, dans l’herbe couleur d’émeraude, toute semée de gouttes de rosée pareilles à des diamants, les véroniques ouvrent leurs yeux bleus, les violettes lèvent leur tête au-dessus de leurs touffes de feuilles rondes, les stellaires balancent leurs étoiles blanches au bout de tiges presque invisibles, les primevères jaune pâle répandent une douce odeur de miel. Et voici que là-bas, à l’entrée du petit bois où le sentier se termine, le gazon paraît tout bleu, tant les scilles, ces jacinthes sauvages, y fleurissent à profusion.
Extrait: La belle chose, pour des écoliers, qu’une glorieuse matinée de mai ! Tout est rayonnant, tout est lumineux, tout est frais et charmant, on respire avec l’air embaumé la joie et la vie. Les giboulées d’avril sont passées, elles ont laissé l’herbe plus verte et le ciel plus bleu ; le soleil jette ses rayons d’or sur la plaine où les blés commencent à s’émailler de coquelicots et de marguerites, et découpe sur le sol l’ombre touffue des grands arbres. Que d’abris verdoyants dans les bois ! que de chansons dans les nids ! quel gai babillage dans les ruisseaux qui coulent sur les cailloux qu’ils lavent et polissent sans cesse ! Non, rien n’est plus beau pour des écoliers qu’une matinée de mai, surtout si c’est un jeudi, et qu’ils aient devant eux toute une journée (une éternité !) et la liberté d’aller où bon leur semble. En vérité, le monde leur appartient.
C’était bien l’opinion de sept jeunes garçons, échelonnés de douze à quinze ans, qui sortaient à grands pas du joli bourg de Thirois. Ils venaient d’en dépasser les dernières maisons, et ils dévoraient la route un peu poudreuse ; évidemment les tas de cailloux alignés de distance en distance par les ponts et chaussées n’offraient pas à leurs yeux un régal suffisant, et ils avaient hâte de gagner un de ces jolis chemins creux qui s’allongent entre deux murailles de verdure. Ils marchaient si vite qu’ils ne pouvaient parler : il ne leur restait plus de souffle pour leur conversation.
Ouf ! voilà le chemin creux : on peut prendre son temps maintenant. Les haies d’aubépine embaument ; les liserons blancs, le houblon, la douce-amère accrochent leurs festons aux arbres qui se dressent sur les talus ; en bas, dans l’herbe couleur d’émeraude, toute semée de gouttes de rosée pareilles à des diamants, les véroniques ouvrent leurs yeux bleus, les violettes lèvent leur tête au-dessus de leurs touffes de feuilles rondes, les stellaires balancent leurs étoiles blanches au bout de tiges presque invisibles, les primevères jaune pâle répandent une douce odeur de miel. Et voici que là-bas, à l’entrée du petit bois où le sentier se termine, le gazon paraît tout bleu, tant les scilles, ces jacinthes sauvages, y fleurissent à profusion.