Author: | Louis Blanc | ISBN: | 1230002437545 |
Publisher: | FB Editions | Publication: | July 21, 2018 |
Imprint: | FB Editions | Language: | French |
Author: | Louis Blanc |
ISBN: | 1230002437545 |
Publisher: | FB Editions |
Publication: | July 21, 2018 |
Imprint: | FB Editions |
Language: | French |
Des deux révolutions dont va s’ouvrir le spectacle, l’une marquée à l’empreinte de Voltaire, sera aisément victorieuse et presque aussi semblable à une fête qu’à un combat ; l’autre, issue de Jean-Jacques, n’aura qu’une majesté funèbre et finira par une catastrophe.
Or, ce tragique contraste, il semblait avoir été présagé par les destinées, si diverses, de Voltaire et de Jean-Jacques.
Quel jour que celui où dans Paris, devenu révolutionnaire, dans Paris déjà frémissant et prêt à passer de la théorie à l’action, ce cri s’éleva tout à coup : « Voltaire est ici ! » Les pouvoirs du temps restèrent frappés de stupeur ; les prêtres se troublèrent ; le peuple s’agita ; et, aussitôt, poëtes, artistes, philosophes, princes de la parole ou de la pensée coururent à l’envi s’incliner devant l’hôte inattendu. Quelques-uns s’y refusèrent, pourtant ; et Bernardin de Saint-Pierre répondit à Rousseau, qui l’interrogeait : « Je serais trop embarrassé en abordant un homme qui a des peuples pour clients et des rois pour flatteurs1 » Mais le nombre fut petit de ceux que la fierté retint à l’écart : le courant du siècle aboutissait à Voltaire. Car l’admiration des hommes n’est presque jamais désintéressée ; ce que leur enthousiasme salue volontiers dans un mortel d’élite, ce n’est pas tant la beauté que l’àpropos de son génie. Et Voltaire était précisément le grand homme dont la société d’alors avait besoin.
Des deux révolutions dont va s’ouvrir le spectacle, l’une marquée à l’empreinte de Voltaire, sera aisément victorieuse et presque aussi semblable à une fête qu’à un combat ; l’autre, issue de Jean-Jacques, n’aura qu’une majesté funèbre et finira par une catastrophe.
Or, ce tragique contraste, il semblait avoir été présagé par les destinées, si diverses, de Voltaire et de Jean-Jacques.
Quel jour que celui où dans Paris, devenu révolutionnaire, dans Paris déjà frémissant et prêt à passer de la théorie à l’action, ce cri s’éleva tout à coup : « Voltaire est ici ! » Les pouvoirs du temps restèrent frappés de stupeur ; les prêtres se troublèrent ; le peuple s’agita ; et, aussitôt, poëtes, artistes, philosophes, princes de la parole ou de la pensée coururent à l’envi s’incliner devant l’hôte inattendu. Quelques-uns s’y refusèrent, pourtant ; et Bernardin de Saint-Pierre répondit à Rousseau, qui l’interrogeait : « Je serais trop embarrassé en abordant un homme qui a des peuples pour clients et des rois pour flatteurs1 » Mais le nombre fut petit de ceux que la fierté retint à l’écart : le courant du siècle aboutissait à Voltaire. Car l’admiration des hommes n’est presque jamais désintéressée ; ce que leur enthousiasme salue volontiers dans un mortel d’élite, ce n’est pas tant la beauté que l’àpropos de son génie. Et Voltaire était précisément le grand homme dont la société d’alors avait besoin.