Author: | Ernest Daudet | ISBN: | 1230002702186 |
Publisher: | Paris : Vve C. Poussielgue [et Hachette], 1904-1907 | Publication: | October 18, 2018 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Ernest Daudet |
ISBN: | 1230002702186 |
Publisher: | Paris : Vve C. Poussielgue [et Hachette], 1904-1907 |
Publication: | October 18, 2018 |
Imprint: | |
Language: | French |
Il ne serait pas juste de dire que l’ouvrage qui suit n’est qu’une réimpression de mes travaux sur les émigrés, épuisés aujourd’hui: Les Bourbons et la Russie,— Les Émigrés et la seconde coalition,— Coblentz.
Sans doute, on y pourra relire, pour la plupart, les nombreuses pages que j’ai consacrées à l’Émigration, au fur et à mesure que mes découvertes documentaires me permettaient de répandre plus de lumière parmi les épisodes et les acteurs d’une histoire confuse et peu connue. Mais on les y retrouvera refondues, corrigées, complétées, leur ordre chronologique rétabli, et, ce qui en constitue le principal attrait, entremêlées de parties entièrement inédites, telles que celles qui y figurent sous ces titres: Hamm et Vérone, — Quiberon,— Le dix-huit fructidor.
En outre, il y a été fait état d’importants documents inédits, qui n’étaient pas encore en ma possession lorsque j’entreprenais, il y a quelques années, d’évoquer ce passé tumultueux et tragique. J’ai donc presque le droit de dire que c’est un ouvrage nouveau que je présente aux lecteurs. Ils connaîtront en tous ses détails, lorsqu’ils l’auront lu, la triste odyssée des Bourbons et de la noblesse de France en exil, au cours des temps révolutionnaires.
J’ose ajouter que, quel que soit l’effort des historiens qui tenteront après moi de faire revivre les mêmes personnages et de raconter les mêmes événements, ils ne trouveront que de rares épis à glaner dans mon sillon, tant j’ai eu le souci d’épuiser le sujet et de ne rien laisser dans l’ombre qui méritât d’être mentionné.
La documentation de cet ouvrage est abondante, aussi abondante que sûre.
Elle résulte de mes recherches minutieuses et multipliées dans les dépôts d’archives, et des apports successifs que je dois à la bienveillance avec laquelle ont été accueillis mes efforts. Je donne ci-après la nomenclature des sources auxquelles j’ai recouru. On y verra la preuve qu’il est bien peu d’épisodes importants qui aient échappé à mes investigations, et peut-être me reconnaîtra-t-on le droit d’affirmer que cette Histoire de l’Émigration mérite, d’être considérée comme une œuvre définitive, comme un tableau complet de la politique des émigrés.
En traçant ce tableau, je n’ai pas eu la prétention de modifier les jugements antérieurement portés sur la légèreté des émigrés, leur crédulité, leurs illusions, leurs divisions. Ainsi que je l’écrivais au début de mes travaux, les partis qui, successivement, se formaient à Coblentz, à Vérone, à Londres, à Blanckenberg, à Mitau, reproduisaient assez exactement les coteries royalistes de France. Il n’est donc pas étonnant qu’ils en aient reproduit les passions avec une égale fidélité. Il serait difficile d’ailleurs de tirer quelque fruit de l’étude de ces événements, si l’on n’abordait cette étude, résolu à l’impartialité, disposé à l’indulgence. Je me suis efforcé d’être indulgent et impartial. Je plains ceux pour qui l’histoire n’est qu’une arme de parti.
Les temps que j’ai racontés sont loin de nous. Mais si grands furent les événements qu’ils virent s’accomplir, qu’ils sont inoubliables! Plût à Dieu que les enseignements qui s’en dégagent n’eussent été oubliés jamais! Quant aux colères qu’ils peuvent allumer dans les cœurs échauffés par un ardent patriotisme, encore qu’elles soient légitimes et généreuses, efforçons-nous de les apaiser. Gardons-nous de les faire retomber trop durement sur une génération que ni son passé ni son éducation n’avaient préparée à l’excès de ses malheurs; qui, n’ayant pu les prévoir, crut les conjurer alors qu’elle les aggravait. Rappelons-nous que, si les émigrés furent coupables, ils ne furent pas les seuls coupables. Rappelons-nous qu’ils expièrent cruellement leurs erreurs. Sachons reconnaître enfin que, dans un pays où tous les partis ont commis des fautes, ils se doivent mutuellement le pardon. Le pardon est dû aux morts; la politique des émigrés est chose morte; elle ne ressuscitera pas.
Il ne serait pas juste de dire que l’ouvrage qui suit n’est qu’une réimpression de mes travaux sur les émigrés, épuisés aujourd’hui: Les Bourbons et la Russie,— Les Émigrés et la seconde coalition,— Coblentz.
Sans doute, on y pourra relire, pour la plupart, les nombreuses pages que j’ai consacrées à l’Émigration, au fur et à mesure que mes découvertes documentaires me permettaient de répandre plus de lumière parmi les épisodes et les acteurs d’une histoire confuse et peu connue. Mais on les y retrouvera refondues, corrigées, complétées, leur ordre chronologique rétabli, et, ce qui en constitue le principal attrait, entremêlées de parties entièrement inédites, telles que celles qui y figurent sous ces titres: Hamm et Vérone, — Quiberon,— Le dix-huit fructidor.
En outre, il y a été fait état d’importants documents inédits, qui n’étaient pas encore en ma possession lorsque j’entreprenais, il y a quelques années, d’évoquer ce passé tumultueux et tragique. J’ai donc presque le droit de dire que c’est un ouvrage nouveau que je présente aux lecteurs. Ils connaîtront en tous ses détails, lorsqu’ils l’auront lu, la triste odyssée des Bourbons et de la noblesse de France en exil, au cours des temps révolutionnaires.
J’ose ajouter que, quel que soit l’effort des historiens qui tenteront après moi de faire revivre les mêmes personnages et de raconter les mêmes événements, ils ne trouveront que de rares épis à glaner dans mon sillon, tant j’ai eu le souci d’épuiser le sujet et de ne rien laisser dans l’ombre qui méritât d’être mentionné.
La documentation de cet ouvrage est abondante, aussi abondante que sûre.
Elle résulte de mes recherches minutieuses et multipliées dans les dépôts d’archives, et des apports successifs que je dois à la bienveillance avec laquelle ont été accueillis mes efforts. Je donne ci-après la nomenclature des sources auxquelles j’ai recouru. On y verra la preuve qu’il est bien peu d’épisodes importants qui aient échappé à mes investigations, et peut-être me reconnaîtra-t-on le droit d’affirmer que cette Histoire de l’Émigration mérite, d’être considérée comme une œuvre définitive, comme un tableau complet de la politique des émigrés.
En traçant ce tableau, je n’ai pas eu la prétention de modifier les jugements antérieurement portés sur la légèreté des émigrés, leur crédulité, leurs illusions, leurs divisions. Ainsi que je l’écrivais au début de mes travaux, les partis qui, successivement, se formaient à Coblentz, à Vérone, à Londres, à Blanckenberg, à Mitau, reproduisaient assez exactement les coteries royalistes de France. Il n’est donc pas étonnant qu’ils en aient reproduit les passions avec une égale fidélité. Il serait difficile d’ailleurs de tirer quelque fruit de l’étude de ces événements, si l’on n’abordait cette étude, résolu à l’impartialité, disposé à l’indulgence. Je me suis efforcé d’être indulgent et impartial. Je plains ceux pour qui l’histoire n’est qu’une arme de parti.
Les temps que j’ai racontés sont loin de nous. Mais si grands furent les événements qu’ils virent s’accomplir, qu’ils sont inoubliables! Plût à Dieu que les enseignements qui s’en dégagent n’eussent été oubliés jamais! Quant aux colères qu’ils peuvent allumer dans les cœurs échauffés par un ardent patriotisme, encore qu’elles soient légitimes et généreuses, efforçons-nous de les apaiser. Gardons-nous de les faire retomber trop durement sur une génération que ni son passé ni son éducation n’avaient préparée à l’excès de ses malheurs; qui, n’ayant pu les prévoir, crut les conjurer alors qu’elle les aggravait. Rappelons-nous que, si les émigrés furent coupables, ils ne furent pas les seuls coupables. Rappelons-nous qu’ils expièrent cruellement leurs erreurs. Sachons reconnaître enfin que, dans un pays où tous les partis ont commis des fautes, ils se doivent mutuellement le pardon. Le pardon est dû aux morts; la politique des émigrés est chose morte; elle ne ressuscitera pas.