Author: | Théophile Gautier | ISBN: | 1230001711011 |
Publisher: | Théophile Gautier | Publication: | June 9, 2017 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Théophile Gautier |
ISBN: | 1230001711011 |
Publisher: | Théophile Gautier |
Publication: | June 9, 2017 |
Imprint: | |
Language: | French |
EXTRAIT:
Départ
Avant d’abandonner à tout jamais ce globe
Pour aller voir là-haut ce que Dieu nous dérobe,
Et de faire à mon tour au pays inconnu
Ce voyage dont nul n’est encor revenu,
J’ai voulu visiter les cités et les hommes,
Et connaître l’aspect de ce monde où nous sommes.
Depuis mes jeunes ans d’un grand désir épris,
J’étouffais à l’étroit dans ce vaste Paris ;
Une voix me parlait et me disait : — « C’est l’heure ;
Va, déracine-toi du seuil de ta demeure.
L’arbre pris par le pied, le minéral pesant,
Sont jaloux de l’oiseau, sont jaloux du passant ;
Et puisque Dieu t’a fait de nature mobile,
Qu’il t’a donné la vie, et le sang et la bile,
Pourquoi donc végéter et te cristalliser
À regarder les jours sous ton arche passer ?
Il est au monde, il est des spectacles sublimes,
Des royaumes qu’on voit en gravissant les cimes,
De noirs Escurials, mystérieux granits,
Et de bleus océans, visibles infinis.
Donc, sans t’en rapporter à son image ronde,
Par toi-même connais la figure du monde. »
Tout bas à mon oreille ainsi la voix chantait,
Et le désir ému dans mon cœur palpitait.
Comme au jour du départ on voit parmi les nues
Tournoyer et crier une troupe de grues,
Mes rêves palpitants, prêts à prendre leur vol,
Tournoyaient dans les airs et dédaignaient le sol ;
Au colombier, le soir, ils rentraient à grand’peine,
Et, des hôtes pensifs qui hantent l’âme humaine,
Il ne s’asseyait plus à mon triste foyer
Que l’ennui, ce fâcheux qu’on ne peut renvoyer !
EXTRAIT:
Départ
Avant d’abandonner à tout jamais ce globe
Pour aller voir là-haut ce que Dieu nous dérobe,
Et de faire à mon tour au pays inconnu
Ce voyage dont nul n’est encor revenu,
J’ai voulu visiter les cités et les hommes,
Et connaître l’aspect de ce monde où nous sommes.
Depuis mes jeunes ans d’un grand désir épris,
J’étouffais à l’étroit dans ce vaste Paris ;
Une voix me parlait et me disait : — « C’est l’heure ;
Va, déracine-toi du seuil de ta demeure.
L’arbre pris par le pied, le minéral pesant,
Sont jaloux de l’oiseau, sont jaloux du passant ;
Et puisque Dieu t’a fait de nature mobile,
Qu’il t’a donné la vie, et le sang et la bile,
Pourquoi donc végéter et te cristalliser
À regarder les jours sous ton arche passer ?
Il est au monde, il est des spectacles sublimes,
Des royaumes qu’on voit en gravissant les cimes,
De noirs Escurials, mystérieux granits,
Et de bleus océans, visibles infinis.
Donc, sans t’en rapporter à son image ronde,
Par toi-même connais la figure du monde. »
Tout bas à mon oreille ainsi la voix chantait,
Et le désir ému dans mon cœur palpitait.
Comme au jour du départ on voit parmi les nues
Tournoyer et crier une troupe de grues,
Mes rêves palpitants, prêts à prendre leur vol,
Tournoyaient dans les airs et dédaignaient le sol ;
Au colombier, le soir, ils rentraient à grand’peine,
Et, des hôtes pensifs qui hantent l’âme humaine,
Il ne s’asseyait plus à mon triste foyer
Que l’ennui, ce fâcheux qu’on ne peut renvoyer !