Dictionnaire érotique latin-français

Précédé d’un Essai sur la langue érotique ( Edition intégrale ) annoté

Nonfiction, Reference & Language, Language Arts, Translating & Interpreting, History, Reference, Study & Teaching, Dictionaries
Cover of the book Dictionnaire érotique latin-français by Nicolas Blondeau, François Noël, Alcide Bonneau, Paris : I. Liseaux, 1885
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Author: Nicolas Blondeau, François Noël, Alcide Bonneau ISBN: 1230002915296
Publisher: Paris : I. Liseaux, 1885 Publication: November 24, 2018
Imprint: Language: French
Author: Nicolas Blondeau, François Noël, Alcide Bonneau
ISBN: 1230002915296
Publisher: Paris : I. Liseaux, 1885
Publication: November 24, 2018
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Language: French

Si l’on examine d’un peu près la langue érotique, les termes et locutions dont elle se compose, tant chez les Anciens que chez les Modernes, on s’aperçoit que les écrivains puisent les éléments de leur vocabulaire à trois sources principales...

Il y a d’abord le mot cru, le terme propre, qui peut maintenant nous paraître assez malsonnant, mais qui certainement à l’origine ne devait pas être obscène. L’homme donna un nom à ses parties génitales, à celles de la femme, à l’acte amoureux, aux sécrétions qui en résultent, comme à toutes les autres parties du corps, à toutes les autres actions et sécrétions, sans choquer en rien la pudeur. Les Grecs et les Romains employaient le mot cru, non seulement entre hommes et dans la conversation familière, mais publiquement, dans les poèmes, dans les livres, sur la scène. Aristophane disait le mot et exhibait la chose en plein théâtre. Horace dit ingénument: dum futuo; il parle sans périphrase des humides résultats d’un songe provoqué chez lui par l’attente d’une servante d’auberge, dans son voyage à Brindes; ses invectives à Canidie sont intraduisibles en langage décent. Martial a encore moins de sans-gêne qu’Horace: il se plaît à étaler en ce genre des énormités et appelle cela parler Latin, user de la simplicité Romaine...

Un second élément est puisé dans la langue médicale. Le médecin ne peut se contenter du mot populaire assigné à tel ou tel organe; le sérieux de son art ne s’accommoderait pas d’un terme banal ou plaisant et qui fait rire; de plus, l’anatomie lui a révélé la complexité de cet organe, qui est un pour le vulgaire, mais qui pour lui se compose d’un certain nombre de parties distinctes, jouant chacune leur rôle, et auxquelles il assigne un nom particulier. Il se servira donc, soit de termes vagues, par décence, comme inguen, abdomen, uterus, pudenda, muliebria, habitare, inire, coire, etc.; soit, s’il a besoin d’être précis, des termes techniques dont il enrichit la langue, et que l’écrivain ou tout le monde peut employer à son tour, s’ils n’ont pas un aspect scientifique par trop rébarbatif...

Réduit à ces deux éléments premiers, le vocabulaire érotique serait encore bien restreint, et la nécessité d’un glossaire spécial se ferait à peine sentir. Mais ils n’ont, à vrai dire, que la moindre importance, et le troisième élément, l’élément métaphorique, est de beaucoup la source la plus abondante. Le peuple crée naturellement et continuellement des métaphores, en matière érotique comme en toute autre matière; les écrivains utilisent les locutions passées en usage, en forgent d’autres, à l’infini, suivant leur tournure d’esprit ou leur caprice, détournent le sens ordinaire des mots, parlent d’une chose pour en faire entendre une autre, se servent d’équivoques s’ils ont peur d’être trop bien compris, et créent ainsi, parallèlement à la langue générale, une langue particulière, figurée, d’autant plus savoureuse et d’autant plus riche qu’ils ont plus d’ingéniosité. Quelques-uns en ont tant, que les seuls initiés comprennent la moitié de ce qu’ils ont voulu dire et, pour l’autre moitié, en sont réduits aux conjectures. Sans les anciens scoliastes qui nous avertissent que tel passage d’Aristophane renferme une allusion obscène, on poursuivrait sans la voir; et les savants disputent encore sur le sens qu’il faut donner à tel vers de Perse, de Juvénal, d’Ausone, à telle phrase de Pétrone et d’Apulée. C’est ici qu’un bon lexique n’est pas de trop, et, malgré quelques essais estimables, il est encore à faire...

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Si l’on examine d’un peu près la langue érotique, les termes et locutions dont elle se compose, tant chez les Anciens que chez les Modernes, on s’aperçoit que les écrivains puisent les éléments de leur vocabulaire à trois sources principales...

Il y a d’abord le mot cru, le terme propre, qui peut maintenant nous paraître assez malsonnant, mais qui certainement à l’origine ne devait pas être obscène. L’homme donna un nom à ses parties génitales, à celles de la femme, à l’acte amoureux, aux sécrétions qui en résultent, comme à toutes les autres parties du corps, à toutes les autres actions et sécrétions, sans choquer en rien la pudeur. Les Grecs et les Romains employaient le mot cru, non seulement entre hommes et dans la conversation familière, mais publiquement, dans les poèmes, dans les livres, sur la scène. Aristophane disait le mot et exhibait la chose en plein théâtre. Horace dit ingénument: dum futuo; il parle sans périphrase des humides résultats d’un songe provoqué chez lui par l’attente d’une servante d’auberge, dans son voyage à Brindes; ses invectives à Canidie sont intraduisibles en langage décent. Martial a encore moins de sans-gêne qu’Horace: il se plaît à étaler en ce genre des énormités et appelle cela parler Latin, user de la simplicité Romaine...

Un second élément est puisé dans la langue médicale. Le médecin ne peut se contenter du mot populaire assigné à tel ou tel organe; le sérieux de son art ne s’accommoderait pas d’un terme banal ou plaisant et qui fait rire; de plus, l’anatomie lui a révélé la complexité de cet organe, qui est un pour le vulgaire, mais qui pour lui se compose d’un certain nombre de parties distinctes, jouant chacune leur rôle, et auxquelles il assigne un nom particulier. Il se servira donc, soit de termes vagues, par décence, comme inguen, abdomen, uterus, pudenda, muliebria, habitare, inire, coire, etc.; soit, s’il a besoin d’être précis, des termes techniques dont il enrichit la langue, et que l’écrivain ou tout le monde peut employer à son tour, s’ils n’ont pas un aspect scientifique par trop rébarbatif...

Réduit à ces deux éléments premiers, le vocabulaire érotique serait encore bien restreint, et la nécessité d’un glossaire spécial se ferait à peine sentir. Mais ils n’ont, à vrai dire, que la moindre importance, et le troisième élément, l’élément métaphorique, est de beaucoup la source la plus abondante. Le peuple crée naturellement et continuellement des métaphores, en matière érotique comme en toute autre matière; les écrivains utilisent les locutions passées en usage, en forgent d’autres, à l’infini, suivant leur tournure d’esprit ou leur caprice, détournent le sens ordinaire des mots, parlent d’une chose pour en faire entendre une autre, se servent d’équivoques s’ils ont peur d’être trop bien compris, et créent ainsi, parallèlement à la langue générale, une langue particulière, figurée, d’autant plus savoureuse et d’autant plus riche qu’ils ont plus d’ingéniosité. Quelques-uns en ont tant, que les seuls initiés comprennent la moitié de ce qu’ils ont voulu dire et, pour l’autre moitié, en sont réduits aux conjectures. Sans les anciens scoliastes qui nous avertissent que tel passage d’Aristophane renferme une allusion obscène, on poursuivrait sans la voir; et les savants disputent encore sur le sens qu’il faut donner à tel vers de Perse, de Juvénal, d’Ausone, à telle phrase de Pétrone et d’Apulée. C’est ici qu’un bon lexique n’est pas de trop, et, malgré quelques essais estimables, il est encore à faire...

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