Author: | Théophile Gautier | ISBN: | 1230000278652 |
Publisher: | NA | Publication: | November 6, 2014 |
Imprint: | Language: | French |
Author: | Théophile Gautier |
ISBN: | 1230000278652 |
Publisher: | NA |
Publication: | November 6, 2014 |
Imprint: | |
Language: | French |
Extrait: Pourquoi l'art du vêtement est−il abandonné tout entier au caprice des tailleurs et des couturières, dans une civilisation où l'habit est d'une grande importance, puisque, par suite des idées morales et du climat, le nu n'y paraît jamais ? Le vêtement, à l'époque moderne, est devenu pour l'homme une sorte de peau dont il ne se sépare sous aucun prétexte et qui lui adhère comme le pelage à un animal, à ce point que la forme réelle du corps est de nos jours tout à fait tombée en oubli. Toute personne un peu liée avec des peintres, et que le hasard a fait entrer dans l'atelier à l'heure de la pose, a éprouvé, sans trop s'en rendre compte, une surprise mêlée d'un léger dégoût, à l'aspect de la bête inconnue, du batracien mâle ou femelle posé sur la table. Certes une espèce inédite, rapportée récemment de l'Australie centrale, n'est pas plus imprévue et plus neuve, au point de vue zoologique, et, vraiment, une cage du Jardin des Plantes devrait être réservée à deux individus de l'un et de l'autre sexe, appartenant au genre homo, et dépouillés de leur peau factice. Ils y seraient regardés avec autant de curiosité que la girafe, l'hémione, le tapir, l'ornithorhynque, le gorille
Extrait: Pourquoi l'art du vêtement est−il abandonné tout entier au caprice des tailleurs et des couturières, dans une civilisation où l'habit est d'une grande importance, puisque, par suite des idées morales et du climat, le nu n'y paraît jamais ? Le vêtement, à l'époque moderne, est devenu pour l'homme une sorte de peau dont il ne se sépare sous aucun prétexte et qui lui adhère comme le pelage à un animal, à ce point que la forme réelle du corps est de nos jours tout à fait tombée en oubli. Toute personne un peu liée avec des peintres, et que le hasard a fait entrer dans l'atelier à l'heure de la pose, a éprouvé, sans trop s'en rendre compte, une surprise mêlée d'un léger dégoût, à l'aspect de la bête inconnue, du batracien mâle ou femelle posé sur la table. Certes une espèce inédite, rapportée récemment de l'Australie centrale, n'est pas plus imprévue et plus neuve, au point de vue zoologique, et, vraiment, une cage du Jardin des Plantes devrait être réservée à deux individus de l'un et de l'autre sexe, appartenant au genre homo, et dépouillés de leur peau factice. Ils y seraient regardés avec autant de curiosité que la girafe, l'hémione, le tapir, l'ornithorhynque, le gorille